Fil d'Ariane
Les situations à Gaza et en Ukraine au cœur des débats de la Conférence du désarmement
La Conférence du désarmement a débuté les travaux de sa session 2024 à Genève cette semaine dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques majeures, notamment par les conflits à Gaza et en Ukraine, deux situations qui ont été au cœur des débats.
Dans son allocution inaugurale devant les membres de la Conférence ce jeudi, Tatiana Valovaya, Directrice générale des Nations Unies à Genève a indiqué que ce contexte international marqué par les tensions soulignait la nécessité urgente de progresser dans le domaine du désarmement.
« Le succès des travaux de la Conférence du désarmement contribuerait à rétablir la confiance internationale », a dit Mme Valovaya, qui est la Secrétaire générale de la Conférence.
En tant qu'unique forum multilatéral de négociation sur le désarmement, « la Conférence joue un rôle essentiel dans l'élaboration de solutions efficaces aux défis contemporains et émergents », a-t-elle poursuivi. Aujourd'hui, « nous sommes confrontés à un ensemble nouveau et complexe de questions de sécurité. Le succès des travaux de la conférence contribuerait à rétablir la confiance internationale ».
Paralysée depuis presque 30 ans
La Conférence a permis dans le passé la négociation d’accords multilatéraux de premier plan sur des questions de limitation des armements et de désarmement, tels que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ou le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
Mais force est de constater, que depuis l’adoption de ce dernier traité en 1996, il y a presque 30 ans, la Conférence est paralysée, incapable de mettre en œuvre son mandat de négociations sur d’autres thèmes pourtant fondamentaux dans le domaine du désarmement que sont notamment les questions liées à la course aux armements dans l’espace, l’interdiction de la production de matière fissile ou l’application des nouvelles technologies, dans le domaine militaire.
Cette paralysie s’explique par les tensions internationales, notamment entre les grandes puissances mais aussi en raison de la règle du consensus qui prévaut au sein de la Conférence et qui permet à un seul Etat membre de bloquer toute décision.
Pour relever ce défi, Mme Valovaya, a « imploré » chacun des Etats membres à faire preuve de créativité et de flexibilité afin « de nous éloigner de l'érosion périlleuse des normes et des accords de désarmement à laquelle nous avons assisté ces dernières années ».
Nouvelles tensions internationales
Les Etats dans leurs déclarations cette semaine ont défendu les travaux de la Conférence et souligné son importance toute en déplorant sa paralysie et en s’inquiétant des nouvelles tensions internationales.
Concernant le contexte sécuritaire, plusieurs délégations ont appelé à mettre fin à l’ « agression israélienne » contre le peuple palestinien, à parvenir à un cessez-le-feu durable et à permettre l’accès à l’aide humanitaire pour les civils. Plusieurs intervenants ont défendu la solution à deux Etats : Israël et Palestine.
Israël a, de son côté, condamné les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, « un acte de guerre soigneusement planifié et prémédité ». Israël a dit que la communauté internationale devait être consciente que les principales menaces sécuritaires mondiales viennent d’organisations terroristes tels que le Hamas ou l’Etat islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), qui ne se considèrent pas soumis au droit international.
La Russie est également intervenue pour dénoncer l’ « entêtement des États-Unis et de l'OTAN d’aller vers l'escalade dans la crise ukrainienne, qui se traduit par un glissement vers un affrontement militaire direct entre puissances nucléaires aux conséquences catastrophiques ».
Plusieurs délégations ont, dans ce contexte, condamné l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie et ont apporté leur « appui ferme vis-à-vis de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues ».
La Conférence du désarmement va poursuivre ces travaux en 2024 à la recherche d’un consensus sur son programme de travail, un immense défi puisqu’elle n’y est plus parvenue depuis 2009. A l’époque, la Conférence avait adopté ce programme sans toutefois être en mesure de le mettre en œuvre.