Fil d'Ariane
Une seule des trois conduites d’eau reliant Israël à Gaza fonctionne, selon l'ONU
Depuis deux jours, une seule des trois conduites d’eau reliant Israël à Gaza fonctionne, ont alerté mercredi des agences humanitaires onusiennes, appelant de toute urgence à davantage d’aide dans l’enclave palestinienne.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), la conduite de Deir al Balah, d’une capacité de près de 17.000 mètres cubes d’eau par jour, doit être réparée de toute urgence.
« Les partenaires de l’ONU qui travaillent dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement estiment que cela pourrait prendre jusqu’à quatre semaines avec un accès durable et les fournitures nécessaires », a précisé l’OCHA dans son dernier rapport humanitaire sur la situation à Gaza.
D’une manière générale, la capacité des agences humanitaires à opérer efficacement et en toute sécurité reste fortement compromise par les restrictions appliquées par les autorités israéliennes à l’importation d’équipements humanitaires essentiels.
Des générateurs pour gérer l’approvisionnement en eau
En attendant, seules deux des trois principales usines de dessalement d’eau de faible capacité restantes à Deir al Balah et dans le sud de Gaza sont actuellement opérationnelles et produisent jusqu’à 2.400 mètres cubes par jour.
Pour gérer uniquement l’approvisionnement en eau et la gestion des déchets, 22 générateurs ont été demandés. Selon l’OCHA, ces articles sont en attente d’entrée à Gaza.
De plus, l’accès aux zones où les besoins en eau, assainissement et hygiène sont aigus est de plus en plus restreint. Depuis le 1er janvier, les autorités israéliennes ont refusé les huit missions humanitaires visant à réapprovisionner en carburant les installations de traitement de l’eau et des eaux usées.
Les restrictions à l’importation, ainsi que les procédures de dédouanement complexes et imprévisibles pour les articles critiques considérés par Israël comme étant à double usage, tels que les générateurs, les pompes et les tuyaux, empêchent l’intensification de la réponse dans le secteur de l’eau et l’assainissement.
Dans ces conditions, les partenaires humanitaires n’ont pas été en mesure d’évaluer ou de réapprovisionner en carburant la région de Jabalya, où des inondations dues aux eaux usées ont été signalées dans le camp de réfugiés le 5 janvier. L’ONU estime qu’au moins 100.000 personnes déplacées résident dans des abris publics et de l’ONU dans cette zone.
34.000 mètres cubes d’eau livrés
Face à ces défis logistiques, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a d’ailleurs constaté une augmentation des cas d’hépatite A dans les gouvernorats de Middle Area et de Rafah, les conditions actuelles d’approvisionnement en eau et d’assainissement constituant un risque élevé de propagation.
Malgré ces difficultés notées sur le terrain, quelque 34.000 mètres cubes d’eau ont été livrés par camions-citernes et 2.400 mètres par bouteilles d’eau. Depuis octobre dernier, plus de 53.000 jerrycans et plus de 40 réservoirs de stockage ont été distribués. Près de 145.000 kits d’hygiène et 1.800 kits de nettoyage ont été distribués.
Cette alerte des agences humanitaires intervient alors que les bombardements israéliens se sont poursuivis « sur une grande partie de la bande de Gaza, faisant de nouvelles victimes civiles et causant de nouvelles destructions ». Des opérations au sol et des combats entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens ont également été signalés dans une grande partie de la bande de Gaza.
Dans le même temps, les tirs aveugles de roquettes par des groupes armés palestiniens depuis Gaza se sont poursuivis et ont touché mercredi 16 janvier 2024 la ville de Netivot, dans le sud d’Israël.
Plus de 200 camions d’aide entrés à Gaza entre le 15 et le 16 janvier
Plus de 200 camions transportant de la nourriture, des médicaments et d’autres fournitures sont entrés dans la bande de Gaza par les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom, entre le 15 et le 16 janvier. Depuis l’ouverture du point de passage de Kerem Shalom, près de 25% des camions d’aide sont entrés par ce point d’entrée.
Plus largement, les refus de missions humanitaires dans les zones situées au nord de Gaza au cours de la première quinzaine de janvier marquent un net recul par rapport aux mois précédents (octobre-décembre), où seulement 14% (6 sur 43) des missions prévues dans le nord avaient été refusées, tandis que les 86% restants (37 sur 43) avaient été facilitées. Au cours des deux premières semaines de janvier, seules 7 de ces 29 missions (24%) ont été menées à bien, entièrement ou partiellement.
Les autres missions se sont vues refuser l’accès par les autorités israéliennes. Deux autres missions, initialement coordonnées avec les autorités israéliennes, n’ont pu être menées à bien en raison de la « non-viabilité des itinéraires prévus ou de retards excessifs aux points de contrôle », qui n’ont pas permis aux missions de se dérouler pendant les fenêtres d’opération sûres.
De son côté, la Coordinatrice humanitaire et de reconstruction des Nations Unies pour Gaza, Sigrid Kaag, récemment nommée par le Secrétaire général de l'ONU, était à Gaza mercredi. Elle est entrée par le terminal de Rafah. Elle a été brièvement sur place et a pu constater par elle-même l'opération logistique menée par l'ONU.
Elle s'est aussi rendue à Al-Arish en Égypte, à environ 40 kilomètres du poste frontière de Rafah avec Gaza.
Cette visite lui a permis d'observer ce qui est fait pour aider et fournir une assistance humanitaire aux civils de Gaza.
« Je suis ici en vertu d'un mandat du Conseil de sécurité pour voir comment nous pouvons faciliter et accélérer l'assistance qui est tellement nécessaire pour les civils à Gaza, étant donné les conditions humanitaires très difficiles dans lesquelles ils doivent vivre », a-t-elle dit.