Fil d'Ariane
Soudan : un demi-million de personnes déplacées par les combats dans la région d'Al-Jazira
Plus de 500.000 de personnes ont été déplacées dans la région soudanaise d’Al Jazira en raison des combats entre l’armée et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF) qui ont éclaté en avril dernier, a indiqué mardi le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
La région d’Al Jazira est devenue l’année dernière un refuge pour des milliers de personnes fuyant les violences dans la capitale Khartoum.
Aujourd'hui, sur ce demi-million de déplacés, près de 234.000 avaient précédemment cherché refuge dans cette région et ont été déplacées une seconde fois, suite à l’explosion de violence à Al Jazira le 15 décembre 2023, selon le communiqué d’OCHA qui cite des rapports de l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM).
Une pénurie de denrées alimentaires de base
Environ 275.000 - soit 54% du total des personnes affectées - ont été déplacées pour la première fois, et sont originaires des localités de Medani Al Kurba et Sharg Al Jazira dans l’Etat d’Al Jazira.
Par ailleurs, les routes menant aux villages situés à l’est d’Al Jazira, y compris Sharg Al Neel dans l’État de Khartoum, ont été coupées, et les commerçants ont dû emprunter des itinéraires alternatifs pour acheminer les fournitures. De plus, les propriétaires de bétail seraient confrontés à d’importantes pénuries d’aliments pour animaux, et des milliers de bêtes risquent d’être perdues, selon l’OCHA.
Dans ces conditions, la branche humanitaire de l'ONU a averti que plus de 270.000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire dans la région d’Al Jazira et que 179.000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire.
Cette situation a entraîné une pénurie de denrées alimentaires de base et, selon l’OCHA, les prix ont triplé, tandis que le carburant a quadruplé. Depuis le début de l’année, les organisations humanitaires ont aidé 730.000 personnes à Al-Jazira en leur apportant de la nourriture, des soins de santé et d’autres interventions.
L’insécurité, principal défi opérationnel
Alors que de nombreuses personnes déplacées ont cherché refuge dans des endroits relativement plus sûrs à Al Jazira (environ 205.000 personnes), les agences onusiennes ont rapporté que 60% du total des personnes affectées - soit plus de 300.000 personnes déplacées - ont fui vers d’autres États du Soudan. Les personnes déplacées d’Al Jazira ont été observées dans les États de Gedaref (64.000), de Sennar (60.000), de la mer Rouge (50.000), ou du Nil blanc (40.000).
Sur le terrain, l’insécurité reste le principal défi opérationnel dans l’État d’Al Jazira, les missions humanitaires étant suspendues depuis le 15 décembre 2023 et pratiquement aucun partenaire humanitaire n’opérant à Wad Medani, le conflit étant toujours en cours.
Toutefois, un partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM) gère des services de nutrition avec une capacité limitée à Al Managil et Hassahisa, couvrant les programmes d’alimentation supplémentaire (SFP). Selon l’OCHA, des ONG ont également déployé des équipes pour effectuer des évaluations rapides des besoins dans les États de Sennar, de Gedaref et du Nil blanc.