Fil d'Ariane
Ukraine : le nouvel an démarre sur fond de sirènes de raids aériens, déplore l’ONU
« La première semaine de janvier a été marquée par une vague d’attaques meurtrière en Ukraine, qui a débuté le 29 décembre et se poursuit encore aujourd’hui », a déploré mardi une agence de Nations Unies, à l’approche du lancement des plans de réponse de l’ONU sur les besoins humanitaires de l’Ukraine et des réfugiés ukrainiens en Europe, la semaine prochaine à Genève.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), des civils sont tués et blessés chaque jour, tandis que leurs maisons et les infrastructures essentielles sont détruites. C’est le cas des nouvelles hostilités dans les régions de Donetsk, Dnipro et Kherson, qui ont tué et blessé hier lundi des dizaines de civils, dont des enfants, et endommagé des maisons et des écoles.
« Les familles ukrainiennes ont fêté la nouvelle année au son des sirènes de raids aériens, se retranchant dans des abris souterrains et des stations de métro, ou dans les sous-sols de leurs maisons », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA.
Des chutes de température dans des zones parfois privées d’électricité et d’eau
Ces attaques interviennent alors que les tempêtes ont fait baisser la température à moins de 15 degrés Celsius. Selon le ministère ukrainien de l’Energie, plus de 460 villes et villages n’ont pas d’électricité.
« La région de Donetsk a été privée d’électricité et d’eau, les températures ayant chuté bien en dessous du point de congélation la semaine dernière », a rappelé le porte-parole d’OCHA.
C’est dans ce contexte que les humanitaires dans la capitale Kyïv ont comptabilisé depuis le début de l’année plus de 30 explosions dans cette seule ville. Kharkiv, à l’est, a également été touchée le 2 janvier dernier, avec au moins cinq victimes civiles qui ont été signalées ce jour-là.
Les 3 et 4 janvier, des attaques se sont poursuivies, tuant et blessant des civils dans la région de Soumy au nord, dans la région de Donetsk à l’est, et dans les régions de Kherson et de Mykolayiv au sud.
Aussi, le 6 janvier, une nouvelle vague de frappes aériennes dans la région de Donetsk a tué près d’une douzaine de civils, dont cinq enfants.
« En plus de la violence, l’Ukraine est maintenant en proie à un hiver rigoureux », a ajouté M. Laerke, relevant que « la poursuite d’une opération humanitaire à grande échelle est aussi urgente aujourd’hui qu’elle l’a toujours été ».
40% de la population aura besoin d’une aide humanitaire en 2024
Plus largement, la population a enduré près de deux ans d’hostilités incessantes à la suite de l’invasion massive de la Fédération de Russie. Plus de 14,6 millions de personnes, soit 40% de la population ukrainienne, auront besoin d’une aide humanitaire cette année.
Près de deux ans après l’invasion totale de l’Ukraine, quelque 6,3 millions de réfugiés ukrainiens sont toujours déracinés, la majorité d’entre eux - 5,9 millions - se trouvant en Europe. À cela s’ajoutent quelque 3,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine. Cela fait de l’Ukraine l’un des plus grands pays producteurs de réfugiés et signifie qu’environ un quart de la population est déplacée.
L’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) signale que les besoins humanitaires augmentent à l’intérieur de l’Ukraine. « Car les bombardements s’intensifient et visent les civils et les infrastructures civiles, comme on l’a vu ces dernières semaines », a affirmé lors d’un point de presse, Matthew Saltmarsh, porte-parole du HCR.
Afin de répondre aux besoins humanitaires urgents dans les régions de la ligne de front et de soutenir les personnes touchées par la guerre, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés plaide donc pour un maintien du financement de l’aide humanitaire.
Le HCR craint que si la communauté internationale ne renouvelle pas son soutien à la situation en Ukraine, il soit contraint de réduire ses activités essentielles à l’intérieur du pays et dans les pays voisins.
Seuls 14% des réfugiés prévoient de rentrer dans un avenir proche
Le HCR craint que de nombreux réfugiés ne passent entre les mailles du filet.
« Nous nous félicitons de la prolongation de la protection temporaire dans l’UE jusqu’en mars 2025, mais l’accent doit rester mis sur l’inclusion complète et pratique des plus vulnérables dans les systèmes nationaux des pays d’accueil », a ajouté M. Saltmarsh.
Cette alerte intervient alors que dans une série d’enquêtes auprès des réfugiés, le HCR a mis en évidence les défis auxquels les réfugiés ukrainiens sont confrontés en exil. Si la majorité d’entre eux espèrent rentrer un jour en Ukraine, seuls 14% d’entre eux prévoient de le faire dans un avenir proche.
Les questions de sécurité restent primordiales, tout comme l’accès aux services de base, au logement et aux moyens de subsistance.
« Les réfugiés ne devraient pas se sentir obligés de rentrer simplement parce qu’ils ne peuvent pas subvenir à leurs besoins et joindre les deux bouts pendant leur exil », a insisté le porte-parole du HCR.
En attendant, la majorité des réfugiés prévoient de rester dans leur pays d’accueil actuel, où ils ont besoin d’un soutien continu de la part des gouvernements d’accueil et de la communauté internationale.