Fil d'Ariane
RCA : malgré une baisse sensible, les besoins humanitaires vont rester importants en 2024
S’ils ont sensiblement baissé, les besoins humanitaires vont toutefois rester importants cette année en République centrafricaine (RCA), a alerté jeudi l'ONU; relevant qu’avec 50% de la population ne mangeant pas à sa faim, ce pays de l’Afrique centrale compte l’une des plus grandes proportions de personnes « en situation d’insécurité alimentaire critique dans le monde ».
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 2,8 millions de personnes – soit 46% de la population - seront extrêmement vulnérables en 2024, au point que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être.
« La baisse de ce chiffre par rapport à 2023 est liée non seulement à une amélioration générale du contexte, mais aussi à l’affinement de l’analyse des besoins pour faire ressortir ceux issus des problèmes structurels et qui atteignent des seuils d’intervention humanitaire dans quelques cas, et ceux issus des chocs récents subis par la population », a précisé le bureau.
En effet, dans plusieurs régions, les acteurs humanitaires sont souvent les seuls à assurer l’accès aux services sociaux de base comme la santé et l’éducation.
« Dans ce contexte, lorsque l’aide humanitaire, qui a pour vocation de parer aux conséquences d’un choc récent, prend fin, le manque de relai sur le long terme par des acteurs mieux adaptés fait tomber la population dans un cycle de dépendance », a noté l’OCHA dans son dernier rapport de situation.
Eau, sécurité alimentaire et santé parmi les besoins prioritaires
Ces dernières données sont décrites dans le nouvel Aperçu des besoins humanitaires 2024 pour la RCA, qui s’est basée sur les résultats de l’analyse multisectorielle conjointe menée par la communauté humanitaire. Cette analyse s’est largement basée sur les personnes affectées en interviewant des milliers de ménages répartis à travers les 72 sous-préfectures du pays.
Selon l’OCHA, ses résultats illustrent comment la crise actuelle affecte les conditions de vie des populations, les services et l’accès à ces services, et informent sur les besoins prioritaires des populations.
Ainsi, en 2024, les secteurs avec le plus grand nombre de personnes dans le besoin seront l’eau, hygiène et assainissement, la sécurité alimentaire, la santé et la protection, totalisant entre 1,9 million et 2,5 millions de personnes.
Malgré la baisse du nombre total de personnes dans le besoin, certaines préfectures ont affiché une hausse suite à la détérioration de la sécurité à l’intérieur du pays ou dans les régions frontalières. C’est notamment le cas de la Vakaga (+32%), du Haut-Mbomou (+16%), de la Lobaye (+9%) et du Mbomou (+4%).
Un Centrafricain sur cinq demeure déplacé de force
Cependant, les cinq préfectures ayant enregistré le plus grand nombre de personnes dans le besoin sont respectivement la Ouaka (348.000), l’Ouham (229.000), mais aussi la capitale centrafricaine, Bangui (120.000).
Plus globalement, le nombre de chocs auxquels les populations font face comme les affrontements ont baissé. Tout comme les mouvements de population qu’ils entraînent suite à une légère amélioration de la situation sécuritaire.
Toutefois, un Centrafricain sur cinq demeure déplacé soit à l’intérieur du pays soit à l’étranger et principalement dans les pays voisins à cause de l’insécurité engendré par les conflits.
Par ailleurs, des affrontements entre les différentes parties au conflit et des attaques contre les civils restent récurrents et des nouveaux déplacements ont été enregistrés, tout comme des violations des droits humains et du droit international humanitaire par des hommes armés, obligeant la population à chercher refuge ailleurs. C’est le cas notamment des régions sud-est et ouest du pays.
Le conflit au Soudan voisin a également impacté la vulnérabilité des populations, augmentant l’ampleur des besoins dans les régions nord-est et nord-ouest, a conclu la branche humanitaire de l'ONU.