Fil d'Ariane
Gaza : l’ONU met en garde contre de nouvelles retombées du conflit au niveau régional
Le Secrétaire général de l'ONU a exprimé vendredi son inquiétude concernant de « nouvelles retombées » du conflit à Gaza au niveau régional, alors que le Conseil de sécurité discutait de la situation au Moyen-Orient sur fond d'escalade de la violence en Cisjordanie occupée et de bombardements incessants à Gaza.
« Alors que les hostilités entre Israël, le Hamas et d'autres groupes à Gaza s'intensifient, le Secrétaire général reste gravement préoccupé par les retombées supplémentaires de ce conflit, qui pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour l'ensemble de la région », a dit le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration à la presse.
Il existe un risque persistant de conflagration régionale plus large, plus le conflit à Gaza se prolonge, étant donné le risque d'escalade et d'erreur de calcul de la part de plusieurs acteurs, ajoute le communiqué.
Le communiqué note également que l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée, notamment l’intensification des opérations des forces de sécurité israéliennes, le nombre élevé de morts, la violence des colons et les attaques contre des Israéliens par des Palestiniens, est « extrêmement alarmante ».
La stabilité régionale affectée
« Les échanges de tirs quotidiens à travers la Ligne bleue risquent de déclencher une escalade plus large entre Israël et le Liban et d'affecter la stabilité régionale », a dit le porte-parole, notant également l'inquiétude croissante du chef de l'ONU quant aux effets d'entraînement des attaques continues des groupes armés en Iraq et en Syrie et des attaques des Houthis au Yémen contre des navires en mer Rouge, qui se sont intensifiées ces derniers jours.
« Le Secrétaire général exhorte toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue et à prendre des mesures urgentes pour désamorcer les tensions dans la région », ajoute le communiqué, soulignant son appel « à tous les membres de la communauté internationale à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour utiliser leur influence sur les parties concernées pour empêcher une escalade de la situation dans la région ».
« Le Secrétaire général réitère son appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages », conclut le communiqué.
Réunion du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité s’est réuni vendredi matin, à l’initiative des Emirats arabes unis, pour discuter de la situation au Moyen-Orient.
Cette réunion fait suite à une résolution adoptée la semaine dernière par le Conseil de sécurité appelant à une intensification des livraisons d'aide aux civils de la bande de Gaza. La résolution a été adoptée avec 13 voix pour, les États-Unis et la Russie s'abstenant.
Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour le Moyen-Orient, a expliqué vendredi aux membres du Conseil de sécurité que la situation au Moyen-Orient est alarmante et continue de se détériorer, y compris sur « plusieurs théâtres de conflit interconnectés ».
Il a souligné les opérations terrestres israéliennes « intenses » et les combats entre les forces israéliennes et le Hamas et d’autres groupes dans la plupart des régions de Gaza, alors que le Hamas et d’autres factions palestiniennes continuent de tirer des roquettes depuis Gaza vers Israël.
« Les civils des deux côtés (...) continuent de subir le poids de ce conflit », a-t-il déclaré.
Réitérant l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, M. Khiari a averti que le risque de retombées de ce conflit au niveau régional avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’ensemble de la région « reste élevé », compte tenu également de la multitude d’acteurs impliqués.
Il a informé les membres du Conseil des « échanges quotidiens continus » de tirs à travers la Ligne bleue entre le Liban et Israël, posant un « risque grave » pour la stabilité régionale.
« De plus en plus de frappes ont été menées contre des zones civiles, faisant des victimes civiles, des deux côtés de la Ligne bleue, en plus d'un nombre croissant de morts parmi les combattants », a-t-il ajouté.
M. Khiari a également noté des attaques contre des bases américaines en Iraq et en Syrie, les États-Unis ayant mené des frappes aériennes contre des groupes soupçonnés de ces attaques en Iraq et en Syrie. Il a également cité des informations faisant état de frappes aériennes israéliennes en Syrie, ainsi que de tensions en mer Rouge.
« Le choix nous appartient »
Marwan Muasher, Vice-président chargé des études au Carnegie Endowment for International Peace et ancien vice-Premier ministre jordanien, a focalisé son intevention devant le Conseil de sécurité sur les perspectives d'un règlement politique.
Mais avant cela, il a souligné que la priorité immédiate devait être de mettre fin à la guerre contre Gaza.
« Les Palestiniens ont suffisamment souffert », a-t-il dit, ajoutant qu’il n’existe aucune loi internationale ou humanitaire qui tolère les bombardements massifs de civils dont le monde est témoin aujourd’hui.
Il a noté que la question qui est posée à plusieurs reprises par la communauté internationale est « qui dirigera Gaza après le Hamas », ajoutant que ce n'est pas la bonne question à poser, si l'on sous-entend que c'est la fin du jeu.
« Les meurtres répétés de civils tant du côté israélien que du côté palestinien, la destruction de Gaza une fois de plus, la création potentielle de 1,5 million de réfugiés palestiniens supplémentaires et le danger imminent de transferts massifs devraient nous faire comprendre que nous ne pouvons pas résoudre les problèmes en nous en tenant aux vieilles idées qui n’ont pas fonctionné », a-t-il prévenu.
M. Muasher a exhorté les membres du Conseil à imaginer les éléments d’un processus à venir, dans lequel l’activité de colonisation serait complètement gelée et de nouvelles élections organisées à la fois en Israël, à Gaza et en Cisjordanie.
« Si la communauté internationale décide que cela est trop irréaliste, examinons à quoi pourraient ressembler les alternatives », a-t-il déclaré, soulignant que la communauté internationale est en partie responsable de la situation actuelle.
Selon lui, soit une décision audacieuse est prise pour mettre fin au conflit maintenant et parvenir à une solution viable à deux États, soit le monde « devra faire face non seulement à l’occupation mais aussi à la question plus difficile de l’apartheid ». « Le choix nous appartient », a-t-il affirmé.