Fil d'Ariane
Les paris illégaux sont le premier facteur de corruption dans le sport, selon une conférence de l'ONU
Le problème mondial des paris sportifs illégaux, de la manipulation frauduleuse des compétitions et de l'implication du crime organisé dans le monde du sport a été abordé lors d'une conférence de l'ONU à Atlanta, aux États-Unis.
Les discussions de la conférence internationale sur la lutte contre la corruption, organisée à Atlanta par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui s'est tenue du 11 au 15 décembre, se sont appuyées sur le Rapport mondial sur la corruption dans le sport, publié par l'ONUDC en 2021, qui fait état d'une augmentation spectaculaire des paris illégaux, alimentée par les milliards de dollars qui transitent par le sport professionnel, ainsi que par la mondialisation et les progrès technologiques.
1.700 milliards de dollars sont pariés sur les marchés de paris illicites contrôlés par le crime organisé.
L'ONUDC, qui est à l'avant-garde des efforts internationaux visant à soutenir les gouvernements et les organisations sportives dans la prévention et la répression des délits sportifs par le biais de son programme de protection du sport contre la corruption et la criminalité économique, estime que jusqu'à 1.700 milliards de dollars sont pariés sur les marchés de paris illicites contrôlés par le crime organisé.
S'exprimant lors d'une session sur le sport et la corruption à la conférence, le responsable de la recherche au Conseil de la Fédération asiatique des courses sur la lutte contre les paris illégaux et la criminalité financière connexe, James Porteous, a déclaré que les paris illégaux sont désormais le « facteur numéro un qui alimente la corruption dans le sport », et a souligné que de nombreuses réglementations ont été rédigées au XIXe siècle et ne sont pas adaptées au monde de l'internet.
Les paris illégaux alimentent la corruption dans le sport.
Cotes fixes : lutte contre les matchs truqués
Les représentants des organisations de lutte contre la criminalité présents à l'événement ont souligné l'ampleur du problème de la corruption.
Le Coordinateur de l'Unité de lutte contre la corruption d'INTERPOL (l'Organisation internationale de police criminelle, un organisme intergouvernemental), Humaid Al Ameemi, a expliqué que la manipulation des compétitions sportives, dits « matchs truqués », est un crime très organisé qui implique le blanchiment d'argent et d'autres activités illégales, et il a appelé à un meilleur partage des données.
M. Al Ameemi a décrit la manipulation des compétitions comme une « porte d'entrée vers le crime ».
Le chef de l'unité chargée des menaces liées à la criminalité transnationale organisée au FBI (Federal Bureau of Investigation des États-Unis), Joseph Gillespie, a développé cette notion, soulignant que le Bureau s'intéresse vivement à la lutte contre la corruption dans le sport, car elle offre à la criminalité organisée des possibilités de faire des profits par le biais d'extorsions, de paris illégaux et d'autres activités illicites.
INTERPOL, l'ONUDC et le Comité international olympique (CIO) ont collaboré à l'élaboration d'un guide à l'intention des décideurs, afin de les aider à lutter contre la manipulation des compétitions et à mener des enquêtes efficaces à ce sujet.
Anita DeFrantz, membre du CIO et médaillée aux Jeux de 1976 à Montréal, a souligné l'importance d'une collaboration étroite entre les organisations sportives et les services chargés de l'application de la loi pour garantir l'intégrité et la crédibilité. Elle a mis en lumière le rôle du Partenariat international contre la corruption dans le sport (IPACS), qui regroupe des organisations sportives internationales, des gouvernements et des organismes intergouvernementaux, dont l'ONUDC.
L'ONUDC est à la pointe des efforts de lutte contre la corruption dans le sport.
Le revers du beau jeu
En tant que sport le plus populaire au monde, inondé d'énormes sommes d'argent, le football est particulièrement sujet à la corruption. Même l'instance dirigeante du sport, la FIFA, a fait l'objet d'accusations criminelles et de scandales, notamment en 2015, lorsque plusieurs responsables de la FIFA ont été arrêtés dans un grand hôtel suisse.
À la suite de l'enquête menée par le ministère américain de la Justice sur la corruption au sein de la FIFA en 2016, l'attention de la communauté internationale sur la corruption et la criminalité dans le sport s'est considérablement accrue, de même que les appels à agir.
Le président actuel de la FIFA, Gianni Infantino, a délivré un message vidéo à la Conférence, dans lequel il a affirmé que la protection du football contre la corruption et la garantie de la justice sportive étaient le sujet le plus important pour l'organisation.
« Le football est une industrie mondiale de plusieurs milliards de dollars, ce qui en fait une cible potentielle pour la corruption et d'autres types d'activités criminelles. C'est quelque chose que nous devons éviter et combattre afin de garantir que les règles du jeu sont toujours équitables », a déclaré M. Infantino.
Le renouvellement du protocole d'accord entre la FIFA et l'ONUDC a permis de développer plus de 60 projets liés à la lutte contre la corruption, dont le Programme mondial d'intégrité sur les matches truqués, « une plateforme qui facilite l'échange d'informations entre tous ceux qui luttent contre la corruption dans tous les domaines ».
Dans le sillage du programme, qui a impliqué la formation de plus de 400 responsables de l'intégrité du football et de fonctionnaires gouvernementaux et qui s'est attaqué à la manipulation des compétitions, l'ONUDC a participé au Groupe de Travail sur l’Intégrité de la Coupe du monde de la FIFA au Qatar, pour surveiller 64 matches à la recherche de manipulations (aucune menace n'a été signalée au Groupe de Travail).