Fil d'Ariane
Genève accueille un Forum mondial sur les réfugiés dont le nombre a doublé en sept ans
La Suisse accueille cette semaine le plus grand rassemblement international consacré à la question des réfugiés. Des chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres, des représentants d’organisations internationales et de la société civile se réuniront pour faire le point sur les engagements et les initiatives prises pour améliorer la situation des réfugiés partout dans le monde.
Ce Forum intervient dans une période très sombre. Selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, les conflits bouleversent la vie de 114 millions de personnes déracinées et apatrides, dont 36 millions de réfugiés.
« Cette population mondiale de réfugiés a doublé au cours des sept dernières années, reflétant la violence et les violations des droits de l'homme qui semblent toucher de plus en plus de pays », a déploré Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, dans une tribune au journal « The Guardian ». Ces conflits mettent également à rude épreuve les communautés d’accueil.
Volonté de passer à l’action
« Dans le même temps, de nombreux États réduisent les budgets de l'aide humanitaire et du développement. Et plutôt que de s'attaquer aux causes profondes des déplacements, nous entendons des discours durs – principalement de la part d'États riches et disposant de ressources suffisantes – sur le fait de refouler les étrangers, de rendre plus difficile la demande d'asile et de se décharger de la responsabilité sur d'autres », dénonce M. Grandi.
« Pourtant, il y a de l'espoir, ainsi qu'une volonté de passer à l'action », a affirmé Rafat Jamal, Coordinateur du HCR pour le Forum lors d’une conférence de presse à Genève.
« Nous nous réunirons dans un esprit de solidarité, déterminés à susciter une volonté politique afin de parvenir à alléger les contraintes qui pèsent tant sur les pays d'accueil que sur les réfugiés, et à trouver des solutions durables aux problèmes auxquels ils font face. Agir aujourd'hui, c'est sauver des vies. Si nous tergiversons, les conséquences ne seront que trop évidentes », a-t-il ajouté.
De son côté, Filippo Grandi a insisté sur le fait que « le Forum est un moment d'unité mondiale indispensable, où ceux qui sont déterminés à continuer à chercher des solutions se réuniront pour relever l'énorme défi des déplacements forcés ».
« Chacun peut jouer son rôle »
Le HCR attend de ce forum des engagements « novateurs » dans des domaines tels que l'éducation, l'accès au marché du travail, la consolidation de la paix, la réduction des effets du changement climatique ou encore la réinstallation.
Il devrait également y avoir des annonces importantes concernant des situations spécifiques, notamment celles des réfugiés afghans, des réfugiés de la Corne de l'Afrique, des Rohingyas, des réfugiés centrafricains ou des populations en mouvement en Amérique centrale, par exemple.
« Chaque réfugié est un symptôme de notre incapacité collective à garantir la paix et la sécurité. Les situations de réfugiés ne devraient pas à se transformer en crises si nous travaillions ensemble pour les traiter et les gérer. Chacun peut jouer son rôle, et j'appelle tout le monde à le faire », conclut Filippo Grandi dans The Guardian.
Le Forum est organisé conjointement par la Suisse et le HCR et parrainé par la Colombie, la France, le Japon, la Jordanie et l'Ouganda. Plus de 300 réfugiés, soit environ 10% des participants devraient y prendre part.