Fil d'Ariane
La dabkeh, danse traditionnelle en Palestine, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO
Le Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, réuni à Kasane (Botswana) cette semaine, a inscrit 55 nouveaux éléments culturels sur les Listes du patrimoine culturel immatériel, dont la dabkeh, danse traditionnelle en Palestine.
Parmi les autres éléments inscrits, on peut citer le carnaval d’été de Rotterdam, aux Pays-Bas ; la saison d'alpage, en Suisse ; Al-man’ouché, une pratique culinaire emblématique au Liban ; le Hiragasy, art du spectacle des Hautes terres centrales de Madagascar ; le Nguon, série de rituels de gouvernance et expressions associées dans la communauté Bamoun, au Cameroun ; les savoir-faire traditionnels liés au tissage du pagne en Côte d’Ivoire ; et le Malhoun, un art poético-musical populaire, au Maroc.
La liste complète des 55 nouveaux éléments culturels
La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, a félicité « toutes les communautés et les Etats dont le patrimoine vivant fait aujourd’hui partie de notre culture commune », rappelant que « cette Convention est un outil puissant pour sauvegarder la diversité culturelle et les identités locales dans le contexte de la mondialisation ».
Avec ces nouvelles inscriptions, ce sont aujourd’hui 730 éléments culturels répartis dans 145 pays qui font partie du patrimoine vivant de l’UNESCO.
Le Comité a également été l’occasion de célébrer le 20ème anniversaire de la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui rassemble aujourd’hui 181 Etats Parties et plus de 700 traditions et pratiques culturelles.
Assistances internationales
La 18e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde de ce patrimoine vivant s'est déroulée du 5 au 8 décembre sous la présidence du Botswana.
A l’issue des 4 jours de débats, les 24 Etats membres du Comité ont décidé l’inscription de 55 nouveaux éléments culturels, dont 6 éléments sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ; 45 éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ; 4 éléments au Registre de bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Le Comité a également décidé d’accorder deux Assistances internationales : l’une au Zimbabwe et l’autre au Paraguay, d’un montant respectif de 321.300 dollars et 74.500 dollars. Depuis la création de la Convention, l’UNESCO a financé par ce biais plus de 140 projets de sauvegarde répartis dans plus de 70 pays, pour un total de plus de 12 millions de dollars.
Des pratiques transmises dans le cadre familial
Le patrimoine culturel immatériel, tel que défendu et promu par l’UNESCO, est un patrimoine vivant sauvegardé grâce à l’action de transmission entre les individus, notamment au sein des familles, entre les parents et leur descendance.
Dans plus de la moitié des pratiques inscrites cette année, la transmission des pratiques culturelles se fait dans le cadre intrafamilial, de génération en génération.
Le rôle clef des femmes dans la sauvegarde et la transmission des pratiques est également au cœur de ces nouvelles inscriptions. Elles sont de véritables gardiennes des traditions, qui sont aussi souvent source d’émancipation et d’autonomisation.
12 éléments du continent africain
Pour la première fois depuis 2008, le Comité a inscrit cette année un nombre record de 12 éléments du continent africain, démontrant à quel point toutes les régions du monde se sont saisies de cette Convention avec le même dynamisme et la même capacité à inscrire des pratiques, a souligné l'UNESCO.
12 inscriptions multinationales ont également été saluées par le Comité, car la Convention a aussi un rôle important de catalyseur du dialogue culturel par-delà les frontières.
Cette année 2023 marque également la première inscription au patrimoine vivant de l’UNESCO pour 5 pays : Angola, Bahamas, Cameroun, Djibouti et Grenade.
20 ans d’action pour sauvegarder le patrimoine vivant des communautés
Célébrant cette année au Botswana son 20ème anniversaire, la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a transformé radicalement la façon de penser le patrimoine.
« Grâce à cette Convention, la définition même de patrimoine culturel a été étendue. Elle n’est plus seulement affaire de monuments, de sites ou de pierres. Elle reconnaît que le patrimoine est aussi vivant, qu'il peut être chanté, écrit, écouté, touché. Chacun de nous porte une part de ce patrimoine et en est le garant », a déclaré Audrey Azoulay.
La Convention porte aujourd’hui la voix de millions de praticiens et membres de communautés locales à travers le monde, dont les savoir-faire, les rituels, les traditions et les manifestations sont sauvegardés et soutenus par l’ensemble de la communauté internationale. Placés au cœur des processus d’inscription et de sauvegarde, les communautés locales, souvent autochtones, sont depuis 20 ans placés au cœur de cette Convention.
Au-delà des inscriptions, l’UNESCO accompagne depuis 20 ans les Etats parties pour qu’ils transposent les règles et principes de la Convention dans leur droit national. Ainsi, le patrimoine immatériel bénéficie aujourd’hui dans la plupart des pays d’un cadre juridique de sauvegarde, ainsi que de programmes éducatifs et économiques – sur le même principe qu’il en existe pour le patrimoine bâti.
La prochaine réunion du Comité aura lieu en décembre 2024 sous la présidence du Paraguay.