Fil d'Ariane
Ukraine : les séquelles de la guerre seront « incalculables », selon l’ONU
Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour mettre fin à la guerre en cours en Ukraine et à ses conséquences humanitaires désastreuses, l’année 2024 pourrait être encore plus imprévisible et destructrice, a prévenu ce mercredi un haut responsable de l’ONU lors d’une séance du Conseil de sécurité.
Comme l'année précédente, 2023 a été dévastatrice pour la population ukrainienne, a confirmé le Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour l'Europe, Miroslav Jenča aux ambassadeurs.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rapporté que 10.065 civils ont été tués et 18.679 autres blessés depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022 - les chiffres réels pourraient toutefois être bien plus élevés.
Plus de 10 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer, dont plus de 6,3 millions ont cherché refuge hors d’Ukraine.
Faire taire les armes
« Toutes les attaques contre les civils et les infrastructures civiles doivent cesser immédiatement. Elles sont interdites par le droit international humanitaire, et sont tout bonnement inacceptables », a souligné M. Jenča.
Le haut responsable a également averti que le bilan à long terme durable des destructions se situait au-delà de toute mesure.
« Même en tentant un décompte du nombre de personnes tuées, blessées et déplacées, le bilan total de cette guerre dévastatrice sur la population civile est incalculable », a-t-il souligné.
« Outre les vies perdues, les familles déchirées et les blessures physiques donnant des séquelles à vie, l’impact de la guerre sur la santé mentale de millions d’Ukrainiens se fera sentir sur des décennies », a-t-il ajouté.
M. Jenča a également souligné l'impact de la guerre sur les enfants, qui subissent souvent les traumatismes les plus graves dans tout conflit, ainsi que sur les femmes et les filles, exposées à un risque accru de violences sexuelles et sexistes.
Centrales nucléaires menacées
M. Jenča a en outre souligné le risque persistant planant sur les centrales nucléaires ukrainiennes tant que la guerre se poursuivra.
Citant des informations faisant état d'explosions à proximité des centrales, notamment autour de celle de Zaporijjia, il a souligné que « tous les sites nucléaires doivent pouvoir fonctionner en toute sécurité pour éviter des conséquences potentiellement catastrophiques ».
Le gel, péril mortel
S'adressant également aux 15 membres du Conseil de sécurité, le Directeur de la coordination du Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Ramesh Rajasingham, a déclaré que des millions de civils en Ukraine, y compris des femmes et des enfants, se préparaient à l’épreuve d’un nouvel hiver rigoureux.
« De nombreuses personnes se retrouvent sans accès au chauffage, à l’électricité et à l’eau, en particulier dans l’est et le sud », a-t-il déclaré. « Dans un contexte de températures glaciales, ces dégâts menacent particulièrement la survie des plus vulnérables, parmi lesquels les personnes âgées et les personnes handicapées ».
Un Plan de réponse humanitaire qui manque d'argent
Informant les ambassadeurs des efforts déployés par les humanitaires pour acheminer l'aide à travers le pays, M. Rajasingham a déclaré que la semaine dernière, le centième convoi interagences de l'année 2023 était parvenu à Chasiv Yar, dans l'oblast de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.
« Tout au long de l'année, ces convois ont fourni une aide essentielle à près de 400.000 personnes dans les communautés situées en première ligne, durement touchées, dans les oblasts de Kharkiv, Donetsk, Zaporijjia, Dnipro, Kherson et Sumy », a-t-il dit.
Le haut responsable a enfin noté que le Plan de réponse humanitaire en Ukraine, doté de 3,9 milliards de dollars, était sous-financé à hauteur de 1,6 milliard de dollars.