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Les discours de haine des dirigeants, potentiels signes avant-coureurs d’un génocide, prévient l’ONU

Les signes avant-coureurs d’un génocide, tels que les discours de haine des dirigeants politiques, doivent être repérés avant que l'irréparable soit commis, a prévenu ce lundi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

« Un génocide est souvent précédé ou accompagné de déclarations politiques prenant pour cible et déshumanisant des communautés. Les campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux peuvent encore amplifier ces déclarations, jusqu’à ce que l’apologie et la justification de la violence deviennent normalisées », a prévenu M. Türk, lors d’une réunion commémorant le 75e anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide à Genève.

Jugeant essentiel l'accent mis par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la nécessité d'une action préventive dans la sphère numérique, le Haut-Commissaire a appelé à une meilleure gouvernance des outils et des espaces numériques, même si l’aspect numérique n’est « qu’une pièce du puzzle ».

Les idéologies et politiques sous-jacentes qui incitent à la violence, à la discrimination et à la haine susceptibles d’aboutir à un génocide, nécessitent également une action préventive, a-t-il appuyé.

Prévention et répression, les deux clés pour combattre un génocide 

« Un génocide ne se déclenche pas sans signe avant-coureur », a poursuivi le haut responsable. Il est toujours le point culminant de schémas antérieurs et identifiables de discrimination systématique – fondée sur la race, l’origine ethnique, la religion ou d’autres caractéristiques – et de violations flagrantes des droits de l’homme, ciblées dans le cadre d’une politique dirigée contre un peuple. « Les signaux d’alerte précoces d’un génocide doivent nous contraindre à agir », a-t-il souligné, concernant la prévention d’un tel crime.

S’agissant de la répression, deuxième clé pour combattre le crime de génocide, celle-ci passe par « des enquêtes et des poursuites efficaces, rapides, approfondies et impartiales ». Elle comprend des mesures pour restaurer la vérité factuelle ainsi que des mesures non judiciaires de reconnaissance, de devoir de mémoire, d’éducation et de réparation, entre autres. 

M. Türk a enjoint à intensifier l’usage de ces outils « jusqu’à ce que toutes les victimes aient accès à la justice et à des recours efficaces » et « jusqu'à ce que nous ayons réussi à mettre fin au génocide, pour toute l'humanité ». 

Le Haut-Commissaire a enfin exhorté les États n’ayant pas encore ratifié – ou adhéré à la Convention à le faire en priorité. 

Interdire le génocide, un « principe primordial »

Premier traité des droits de l'homme dans l'histoire des Nations Unies, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide est intimement liée à la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Les leçons importantes de l’Holocauste, dont les crimes indescriptibles ayant conduit à sa rédaction – ainsi que « les leçons du Cambodge, du Rwanda, de l’ex-Yougoslavie » – ont clairement montré qu’il était essentiel de prévenir le génocide et de traduire ses auteurs en justice devant l’humanité toute entière, a développé M. Türk.

L’interdiction du crime de génocide n’est pas une règle ordinaire du droit international : c’est un « principe primordial » que toute l’humanité et tous les États doivent suivre, à tout moment et sans exception. La Convention appelle tous les États et tous les peuples à rester vigilants et exige des mesures pour prévenir et punir le génocide.