Fil d'Ariane
A la veille de la COP28, le chef de l’ONU prévient du « mortel point de bascule » d’une fonte des pôles
Alors que les températures de surface des océans atteignent des niveaux records, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique entrainera un « mortel point de bascule » si la communauté internationale n’agit pas d’urgence pour l’empêcher, a martelé António Guterres, de retour du pôle sud, lors d’un point presse ce lundi.
Le Secrétaire général de l’ONU a appelé les dirigeants à briser ce cycle mortifère lors de la Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP28, qui débute cette semaine à Dubaï, aux Émirats arabes Unis.
M. Guterres a entre autres réclamé de ces dirigeants un engagement mondial visant à « tripler les énergies renouvelables », à « doubler l’efficacité énergétique » et à fournir une énergie propre pour tous d’ici 2030.
Il leur a aussi demandé « un engagement clair et crédible » pour éliminer progressivement les combustibles fossiles dans un délai s’alignant sur la limite de 1,5 degré Celsius de réchauffement moyen de la surface du globe d'ici la fin du siècle – soit l’objectif de l’Accord de Paris de 2015.
Le chef de l'ONU choqué par ce qu'il a vu en Antarctique
Témoignant de son retour d’expérience du pôle sud, le chef de l’ONU a témoigné à la presse de son « choc » de se tenir sur la glace de l'Antarctique et d’écouter directement les scientifiques expliquer à quelle vitesse la glace disparaissait.
« De nouveaux chiffres montrent qu'en septembre, la glace de mer de l'Antarctique était beaucoup moins étendue que la moyenne pour cette période de l'année » – réduite d’une superficie comparable à la péninsule ibérique, la France et l'Allemagne réunies.
Cette année, a-t-il rapporté, la quantité de glace de la mer de l'Antarctique est la plus basse jamais atteinte et « cela nous concerne tous » puisque ce phénomène entraîne une élévation du niveau de la mer, élévation qui se fera sentir le long de toutes les côtes de la planète.
Le chef de l’ONU, qui a énuméré quelques-unes des conséquences directes de cette élévation : les inondations et les intrusions d’eau salée qui mettront en péril les cultures et l’eau potable, les habitations qui ne sont plus assurables, ainsi que des villes côtières et des petites îles entières risquant d’être englouties.
Bientôt, des océans plus hauts de 10 mètres
Le mouvement des eaux autour de l'Antarctique distribue de la chaleur, des nutriments et du carbone dans le monde entier, contribuant ainsi à réguler le climat. A mesure que l'océan austral se réchauffe, ce rôle de régulateur n’est plus assuré.
« Sans changer de cap, nous allons tout droit vers une augmentation calamiteuse de la température de 3 degrés Celsius d'ici la fin du siècle », a prévenu le Secrétaire général, avec « une élévation du niveau de la mer d'une dizaine de mètres ».
« Un ralentissement supplémentaire – ou un effondrement total – serait synonyme de catastrophe. La cause de toute cette destruction est claire : la pollution due aux combustibles fossiles », a martelé M. Guterres.
« Engrenage mortel »
« La glace reflète les rayons du soleil. À mesure qu’elle disparaît, davantage de chaleur est absorbée dans l’atmosphère terrestre. Cela signifie davantage de réchauffement, et donc de tempêtes, d’inondations, d’incendies et de sécheresses », a expliqué le Secrétaire général, évoquant un « engrenage mortel ».
Les solutions sont bien connues, a poursuivi M. Guterres à l’attention des dirigeants lors de la COP28 plus tard dans la semaine. Ces derniers doivent agir pour « protéger les populations du chaos climatique et mettre fin à l’ère des combustibles fossiles », a-t-il affirmé.