Fil d'Ariane
Au 4e jour de l’arrêt des combats à Gaza, l’aide humanitaire atteint le nord de l’enclave détruit
Les habitants du nord de Gaza, qui sont dans une situation désespérée, ont bu lundi leur première gorgée d'eau potable depuis des semaines, alors qu'une pause dans les combats se poursuivait permettant d'élargir l'accès à l'aide dans l’enclave palestinienne, ont indiqué les agences humanitaires de l'ONU.
« Cette aide est à peine à la hauteur des énormes besoins de 1,7 million de personnes déplacées », a déclaré lundi le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, rappelant son appel à un cessez-le-feu humanitaire complet. « La catastrophe humanitaire à Gaza s'aggrave de jour en jour ».
Selon le Bureau de la coordination des secours d'urgence de l'ONU, OCHA, les habitants du sud de Gaza font la queue sur des kilomètres pour obtenir du gaz de cuisine et ont brûlé des cadres de fenêtres et des portes pour cuisiner.
Libérer tous les otages
Le porte-parole du chef de l’ONU a noté que la pause humanitaire de quatre jours qui a été convenue par Israël et le Hamas et qui a démarré vendredi a été « largement respectée ».
Aux termes de cet accord, le Hamas a libéré dimanche 17 otages supplémentaires pris lors de l'attaque du groupe armé dans le sud d’Israël le 7 octobre, portant le nombre total d’otages libérés à 58, a indiqué l'OCHA. Quelque 117 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ont également été libérés depuis vendredi.
Le Secrétaire général António Guterres, qui a salué les gouvernements du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis pour avoir facilité cet accord, a souligné « le rôle essentiel du Comité international de la Croix-Rouge » et a appelé une nouvelle fois à la « libération immédiate et inconditionnelle » des otages restants (240 personnes ont été prises en otage le 7 octobre).
Le Secrétaire général a aussi exhorté tous les États à user de leur influence « pour mettre fin à ce conflit tragique et soutenir des mesures irréversibles vers le seul avenir durable pour la région : une solution à deux États, avec Israël et la Palestine vivant côte à côte, dans la paix et la sécurité ».
Sauver les vaccins
Pendant ce temps, au cours du week-end, de nouveaux efforts visant à renforcer le système de santé dévasté de Gaza ont porté leurs fruits lorsqu’un convoi de l’ONU a transporté des vaccins vitaux depuis la ville de Gaza vers le sud de l’enclave, où ils peuvent être réfrigérés.
L’OCHA a déclaré que dimanche, le convoi conjoint des Nations Unies a collecté 7.600 doses de vaccins contre diverses maladies dans l'entrepôt du ministère de la Santé de Gaza, où ils seraient devenus inutilisables en raison du manque de réfrigération dans le nord, et les a acheminées avec succès vers le sud.
« Après des inspections approfondies pour garantir leur validité, les vaccins seront utilisés pour renforcer la vaccination de routine, qui a été entravée par la pénurie de fournitures et les hostilités actuelles », a souligné l’OCHA.
« Faim, désespoir et destruction »
Les agences humanitaires atteignant le nord de la bande de Gaza pour la première fois depuis que cette partie de l'enclave a été bouclée par les opérations militaires israéliennes il y a quelques semaines ont été témoins de scènes de désolation. Dimanche, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont mené une mission conjointe pour fournir une aide alimentaire vitale à l'hôpital Al-Ahli de la ville de Gaza et aux zones environnantes.
« C'est une étape prometteuse, mais l'équipe a raconté des histoires douloureuses de personnes qui n'ont reçu aucune aide depuis des semaines », a écrit le Représentant du PAM dans les territoires palestiniens occupés, Samer AbdelJaber, sur la plateforme de réseaux sociaux X. « Ils ont vu la faim, le désespoir et la destruction ».
Samedi, une mission dirigée par l'agence de santé des Nations Unies (OMS) et la Société du Croissant-Rouge palestinien a évacué au moins 17 patients et blessés de l'hôpital Al-Ahli ainsi que 11 autres personnes vers l'hôpital européen de Khan Younis, dans le sud de l'enclave. Le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que les patients « souffraient de blessures par balle, d'amputations et de brûlures ». Il a réitéré ses appels à un « cessez-le-feu durable ».
Aide alimentaire d'urgence
Des convois humanitaires ont apporté dimanche de la nourriture prête à la consommation à quatre abris gérés par l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) dans le camp de Jabalia, au nord de Gaza, ainsi que des tentes, des couvertures et de l’eau en bouteille.
« Les convois ont été soigneusement inspectés par les forces israéliennes déployées à un point de contrôle près de Wadi Gaza avant de se diriger vers le nord », a indiqué l’OCHA.
Depuis le 24 novembre, le PAM a réussi à fournir une aide alimentaire essentielle à 110.000 personnes dans les abris de l'UNRWA et dans les communautés d'accueil grâce à la distribution de pain, de colis alimentaires et de bons électroniques.
L’OCHA a signalé que les prix des denrées alimentaires à Gaza ont augmenté depuis le début du conflit. Selon le Bureau central palestinien des statistiques, le prix de la farine de blé a bondi de 65% en octobre tandis que celui de l'eau minérale a doublé.
« Brûler les portes pour cuisiner »
Depuis que la pause est entrée en vigueur, du gaz de cuisine est également entré à Gaza, mais l’OCHA a averti que les quantités « sont bien inférieures aux besoins ».
Il a signalé des files d'attente de deux kilomètres dans une station-service à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, avec des gens attendant toute la nuit, tandis que ceux qui n'étaient pas en mesure de se procurer du gaz de cuisine « brûlaient les portes et les cadres de fenêtres pour cuisiner ».