Fil d'Ariane
Combattre la violence basée sur le genre en Ouganda avec l’aide des hommes
Un Ougandais, employé comme agent de santé dans un village, a expliqué à l'ONU combien il est important que les hommes et les garçons jouent un rôle dans l'élimination de la violence basée sur le genre afin d'améliorer la situation dans leurs communautés.
Dans le deuxième volet d'une série en deux parties, Timothy Mbene Masereka a donné son témoignage à l'agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive, l'UNFPA, avant le lancement des 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre, qui se déroulent chaque année du 25 novembre au 10 décembre, Journée des droits de l'homme.
En tant qu'agent de santé local, M. Masereka va de maison en maison dans certaines des régions les plus reculées du district de Kasese, à l'ouest de l'Ouganda.
Il aime aider les gens et sait gérer des maladies telles que le paludisme et la pneumonie. Cependant, il y avait une urgence sanitaire à laquelle il ne savait pas comment faire face : la violence contre les femmes et les filles.
« Lors de mes séances [au domicile des gens], j'ai vu que la violence sexiste était un problème et j'ai essayé de le gérer à mon niveau, en utilisant mon propre raisonnement, mais je n'avais pas les compétences nécessaires pour vraiment résoudre le problème », a-t-il dit.
Ce que M. Masereka a vu n’était pas inhabituel : la violence contre les femmes et les filles est la violation des droits humains la plus répandue, touchant une femme sur trois dans le monde. En Ouganda, près de 30% des femmes et des filles ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale au cours des 12 derniers mois.
Malgré sa prévalence, M. Masereka a noté que la violence contre les femmes et les filles était traitée comme une question privée.
« Dans ma communauté, les hommes dominent et la violence sexiste n’est pas ouvertement discutée », a-t-il expliqué.
Le changement commence chez soi
La formation lui a également ouvert les yeux sur des formes de violence plus subtiles, telles que la violence économique et les dynamiques de pouvoir inégales entre les sexes.
« Par exemple, les femmes plantent [des cultures], mais elles n’ont pas leur mot à dire sur ce qui arrive aux récoltes ; les hommes prennent [toutes] les décisions », a-t-il expliqué.
Le cours l'a forcé à examiner la répartition du pouvoir et du travail dans sa propre maison.
« J’ai appris que les tâches ménagères peuvent être accomplies aussi bien par les hommes que par les femmes », a-t-il raconté. « Piler et cuire des aliments ainsi que donner le bain aux enfants sont autant de tâches qui peuvent être accomplies à la fois par la mère et par le père ».
Lorsqu’il a commencé à assumer des tâches domestiques, les gens se moquaient de lui : « Ils disaient ‘Il a été rabaissé par sa femme’, des choses comme ça ». Mais lorsqu’ils ont vu à quel point sa maison était devenue plus productive, leur attitude a changé.
« Vous faites avancer les choses plus rapidement », a-t-il souligné. « Par exemple, si ma femme prépare à manger, je peux faire la vaisselle. Si ma femme ramasse du bois de chauffage, je peux aller chercher de l'eau. [De cette façon,] nous mangeons tous plus tôt ».
Ce changement a amélioré ses relations avec sa femme et ses enfants.
« Je me sens heureux parce que maintenant les enfants peuvent tout me dire, ma femme ne cache rien – elle est très claire et transparente, comme je le suis avec elle », a-t-il dit.
Changer les attitudes et soutenir les survivantes
L'initiative Spotlight vise à éliminer la violence à l'égard des femmes et des filles grâce à une programmation complète qui s'attaque à tous les principaux facteurs de violence. Elle promeut des lois et des politiques qui préviennent la violence, renforce les institutions, promeut des normes sociales équitables entre les sexes, renforce les mouvements de femmes et fournit des services essentiels aux survivantes de violences.
Depuis 2019, plus de 1.500 hommes en Ouganda ont été formés pour devenir des modèles masculins positifs avec le soutien de l’initiative Spotlight à travers l’UNFPA. Chacun d’eux joue un rôle essentiel dans le changement des normes et des attitudes qui conduisent à la violence et dans l’aide aux survivantes pour accéder aux services dont elles ont besoin.
M. Masereka sensibilise à ce problème en distribuant des informations lors des réceptions religieuses et communautaires, en effectuant des visites à domicile pour aider les couples à résoudre les problèmes et en menant des discussions sur la violence entre hommes et garçons au sein des groupes d'action pour hommes qu'il visite.
Il suit également les filles qui abandonnent l’école et les cas de mariage d’enfants. Il aide également les survivantes de violences à accéder aux services de santé et de justice. Cela comprend l’escorte des femmes et des filles jusqu’à la police et dans les bureaux du conseil local pour signaler les violences.
Pour lui, impliquer les hommes et les garçons est une étape cruciale dans l’élimination de la violence.
« La plupart des auteurs de violences basées sur le genre sont des hommes », a-t-il déclaré sans détour. « Les hommes et les garçons peuvent faire partie de la solution. Ils peuvent utiliser leur pouvoir pour améliorer la communauté ».
Initiative mondiale Spotlight
L'initiative mondiale Spotlight visant à éliminer la violence à l'égard des femmes et des filles est un effort conjoint des Nations Unies avec l'Union européenne et d'autres partenaires.
En Ouganda, elle est mise en œuvre par le gouvernement ougandais, l'Union européenne, ONU Femmes, les entités des Nations Unies pour la santé reproductive (UNFPA), les enfants (UNICEF), le développement (PNUD) et les réfugiés (HCR) en partenariat avec les agences des Nations Unies pour les droits de l'homme (HCDH) et les migrations (OIM), le UN Pulse Lab en Ouganda et la société civile.
Depuis 2019, l'initiative Spotlight a aidé près d'un million de femmes et de filles en Ouganda à accéder aux services essentiels.