Aller au contenu principal

Des césariennes pratiquées sans anesthésie à Gaza, dénonce l'ONU

« Certaines femmes enceintes ont dû subir des césariennes sans anesthésie » à Gaza, a rapporté la Directrice exécutive de l'agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, l'UNFPA, Natalia Kanem, devant le Conseil de sécurité, qui examinait mercredi l’impact humanitaire du conflit opposant Israël au Hamas sur les femmes et les enfants.

Les dirigeantes d’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l'UNFPA ont salué l'annonce d'un accord pour une pause humanitaire tout en signalant des témoignages tragiques du terrain, notamment le sort des quelque 5.500 femmes enceintes de Gaza devant accoucher dans les mois à venir. 

Chaque jour, environ 180 femmes accouchent dans des conditions difficiles, a poursuivi la cheffe de l’UNFPA, d’autant plus que 15% d'entre elles sont confrontées à des complications obstétricales. L'accès très limité aux soins de santé et soins obstétricaux d’urgence met leur vie en danger.

« La violence doit cesser », a lancé Mme Kanem, qui a aussi noté une violence des colons en hausse en Cisjordanie, où des ménages ont été déplacés et où, parmi plus de 70.000 femmes enceintes, 8.000 devraient accoucher dans les mois à venir, alors que les violences et l’absence de communications limitent les capacités de son agence à fournir ses services en Cisjordanie.

Pause humanitaire indispensable

L’annonce de la libération prochaine de 50 otages détenus par le Hamas, tous des femmes et des enfants, en échange de la libération de 150 femmes et enfants prisonniers palestiniens, ainsi que celle d’une pause humanitaire indispensable, ont été saluées par la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Sami Bahous.  

Espérant le début d'une trêve permanente, Mme Bahous a martelé que « la férocité et la destruction que la population de Gaza est contrainte de subir, sous les yeux de la communauté internationale, ont atteint une intensité jamais vue auparavant », s’appuyant sur plusieurs statistiques.

Avant le 7 octobre, 67% de tous les civils tués dans le territoire palestinien occupé au cours des 15 dernières années étaient des hommes, et moins de 14% étaient des femmes et des filles.  Depuis cette date, ce pourcentage s’est inversé : non seulement le nombre de civils tués depuis le 7 octobre est le double de celui des 15 dernières années combinées, mais on estime désormais que 67% des plus de 14.000 personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. « Cela fait deux mères tuées toutes les heures et sept femmes toutes les deux heures », a-t-elle commenté. 

Une ambulance de l'hôpital Al-Nasser de Khan Younis de Gaza est détruite suite à une attaque de missile au début du conflit. (archives)
© UNICEF/Abed Zaqout
Une ambulance de l'hôpital Al-Nasser de Khan Younis de Gaza est détruite suite à une attaque de missile au début du conflit. (archives)

La Directrice exécutive d’ONU-femmes a indiqué qu’avant l’escalade actuelle, 650.000 femmes et filles avaient déjà cruellement besoin d’une aide humanitaire à Gaza. Le chiffre s’élève aujourd'hui à 1,1 million, y compris 800.000 femmes déplacées.

Pour les aider, le plan d'intervention d'ONU-Femmes pour Gaza, en collaboration avec des partenaires dont le Programme alimentaire mondial (PAM), couvrira dans sa phase initiale une aide alimentaire et en espèces à 14.000 ménages dirigés par des femmes, soit un tiers de tous les ménages dirigés par des femmes à Gaza.

La cheffe d’UNICEF « hantée » par sa visite à l’hôpital

De retour de rencontres avec des enfants, leurs familles et le personnel de l’UNICEF dans le sud de Gaza, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Catherine Russell, a avoué par vidéoconférence demeurer « hantée » par ce qu’elle a « vu et entendu » à l’hôpital Nasser de Khan Younis « grouillant de monde ».

L'établissement accueille des milliers de déplacés dormant sur des couvertures le long des couloirs et dans les espaces communs.  

La cheffe de l'UNICEF a évoqué le cas d’une jeune fille de 16 ans grièvement blessée dans le bombardement de son quartier et à laquelle les médecins ont dit qu’elle ne marcherait plus jamais.  

La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell (à droite), visite l'hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza.
© UNICEF
La Directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell (à droite), visite l'hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza.

« Dans le service néonatal, j’ai vu de minuscules bébés s’accrocher à la vie dans des incubateurs, alors que les médecins s’inquiétaient de savoir comment ils pourraient faire fonctionner les machines sans carburant », a encore témoigné Mme Russell. 

Ele s’est également entretenue avec une membre du personnel de l’UNICEF, qui, malgré la perte de 17 membres de sa propre famille élargie, « travaille héroïquement » pour fournir aux enfants et aux familles de Gaza un accès à l’eau potable et à l’assainissement.

La bande de Gaza est « l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants », a-t-elle formulé, ajoutant que plus de 1.200 enfants se trouveraient toujours sous les décombres de bâtiments bombardés. 

L’UNICEF est en mesure d’intensifier rapidement l’acheminement de l’aide humanitaire, à condition de disposer de davantage de ressources pour « répondre aux besoins toujours croissants », mais ces mesures sont loin d’être suffisantes.

Appelant à « mettre fin à la guerre et à cesser immédiatement de tuer et de mutiler des enfants », Mme Russell a réitéré l’appel de l’UNICEF aux parties pour qu’elles respectent immédiatement et pleinement le droit international humanitaire. « Seul un cessez-le-feu durable et un règlement politique de la question permettront d’épargner des vies d’enfants », a-t-elle plaidé.