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Gaza : 31 bébés très malades évacués de l’hôpital Al-Shifa, annonce l’OMS

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé dimanche que « 31 bébés très malades » ont été évacués de l’hôpital Al-Shifa, dans le nord de Gaza, où les forces israéliennes sont présentes depuis la semaine dernière. 

L'OMS a dirigé dimanche une deuxième mission de l'ONU et du Croissant-Rouge palestinien à l'hôpital Al-Shifa « dans des conditions de sécurité extrêmement intenses et à haut risque », a indiqué le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur la plateforme de médias sociaux X.

Il a précisé que 31 bébés très malades ont été évacués, ainsi que 6 agents de santé et 10 membres de leurs familles. 6 ambulances du Croissant-Rouge palestinien ont été utilisées pour le transfert. Les bébés ont été emmenés à la maternité Al-Helal Al-Emarati, au sud de Gaza, où ils reçoivent des soins dans l'unité de soins intensifs néonatals.

D'autres missions sont prévues pour évacuer d'urgence les patients et le personnel de santé restants de l'hôpital Al-Shifa, en attendant les garanties d'un passage sûr par les parties au conflit, a précisé l'OMS.

Une mission d'évaluation menée par l'OMS à l'hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 18 novembre.
OMS
Une mission d'évaluation menée par l'OMS à l'hôpital Al-Shifa, à Gaza, le 18 novembre.

Première mission d'évaluation samedi

L’OMS avait mené samedi une première mission conjointe d’agence des Nations Unies à l'hôpital Al-Shifa pour évaluer la situation et les priorités médicales.

Plus tôt dans la journée, l’armée israélienne avait émis des ordres d'évacuation aux 2.500 personnes déplacées qui se trouvaient toujours dans l'enceinte de l'hôpital. « Avec un certain nombre de patients mobiles et du personnel hospitalier, elles avaient déjà quitté l'établissement au moment de l'arrivée de l'équipe », a précisé l’OMS dans un communiqué publié samedi soir.

En raison des contraintes de temps liées à la situation sécuritaire, l’équipe n’avait pu passer qu’une heure à l’intérieur de l’hôpital, qu’elle a décrit comme une « zone de la mort » et la situation comme « désespérée ».

« Les signes de bombardements et de tirs étaient évidents. L'équipe a vu une fosse commune à l'entrée de l'hôpital et a appris que plus de 80 personnes y étaient enterrées », a précisé l’OMS.

Le manque d’eau potable, de carburant, de médicaments, de nourriture et d’autres aides essentielles au cours des six dernières semaines a amené l’hôpital Al-Shifa – autrefois l’hôpital de référence le plus grand, le plus avancé et le mieux équipé de Gaza – à cesser de fonctionner comme établissement médical. 

Compte tenu de l'état actuel de l'hôpital, l'équipe a été priée d'évacuer les agents de santé et les patients vers d'autres établissements. Il restait samedi 25 agents de santé et 291 patients à l’hôpital Al-Shifa.

Le chef de l'ONU choqué

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Dans une déclaration à la presse publiée dimanche, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « profondément choqué que deux écoles de l'UNRWA aient été frappées en moins de 24 heures à Gaza ». « Des dizaines de personnes – dont de nombreuses femmes et enfants – ont été tuées ou blessées alors qu'elles cherchaient refuge dans des locaux des Nations Unies », a-t-il noté.

Alors que des centaines de milliers de civils palestiniens cherchent refuge dans les installations des Nations Unies à travers Gaza en raison de l'intensification des combats, le chef de l’ONU a réaffirmé que les locaux des Nations Unies « sont inviolables ».

« Cette guerre fait chaque jour un nombre effarant et inacceptable de victimes civiles, notamment des femmes et des enfants. Cela doit cesser. Je réitère mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat », a-t-il ajouté, exprimant également sa profonde gratitude pour tous les efforts de médiation menés par le gouvernement du Qatar.

Respecter le droit international humanitaire

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a également dénoncé dimanche « les événements horribles des dernières 48 heures à Gaza », citant les nombreuses personnes tuées dans des écoles transformées en abris, les centaines de personnes fuyant l'hôpital Al-Shifa, et les centaines de milliers de personnes déplacées dans le sud de Gaza.

Il a jugé « horribles » les images qui auraient prises à la suite d’une attaque israélienne sur l'école d'Al Fakhoura, dans le camp de Jabaliya, « montrant clairement un grand nombre de femmes, d'enfants et d'hommes grièvement blessés ou tués ». Au moins trois autres écoles accueillant des Palestiniens déplacés ont également été attaquées au cours des dernières 48 heures, a noté M. Türk dans un commentaire à la presse.

S’agissant des civils qui ont fui l'hôpital Al-Shifa sur ordre de l'armée israélienne, il a souligné que des centaines de personnes ont été vues se diriger vers le sud à pied, au péril de leur vie, de leur santé et de leur sécurité. « Et vers où ? Nulle part n’est sûr à Gaza », a-t-il dit.

« À Khan Younis, les forces de défense israéliennes laissent tomber des tracts exigeant que les habitants se rendent dans des ‘abris identifiés’ non précisés, alors même que des frappes ont lieu dans tout Gaza. Les Palestiniens déjà déplacés luttent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux, contraints de vivre dans des espaces de plus en plus restreints, surpeuplés, et insalubres. Indépendamment des avertissements, Israël est obligé de protéger les civils où qu’ils se trouvent », a affirmé le chef des droits de l’homme.

« Les règles du droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans la conduite des attaques, doivent être strictement respectées. Le non-respect de ces règles peut constituer des crimes de guerre  », a-t-il ajouté, réclamant une nouvelle fois un cessez-le-feu.