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La situation à Gaza pourrait encore empirer, préviennent des dirigeants de l’ONU

Les violences se poursuivent sur tout le territoire de Gaza depuis les airs, la mer et sur terre, a déclaré vendredi le Coordonnateur des secours d'urgence et chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, signalant que 41.000 maisons ont désormais été détruites ou gravement endommagées. 

Plus de 1,5 million de Gazaouis sont déplacés, 18 hôpitaux ont été fermés et des centaines de milliers de personnes vivent apeurées sous les bombardements israéliens continus. 

« Le nombre de morts dépasse désormais les 11.000 personnes, dont une majorité d'enfants et de femmes », a précisé le chef humanitaire de l’ONU dans un exposé par visioconférence lors d'une séance informelle de l'Assemblée générale au siège de l'ONU à New York.

Il a précisé que « le total réel est probablement beaucoup plus élevé car les chiffres n'ont pas été mis à jour depuis cinq jours » en raison de l'effondrement des réseaux de communication. 

Libérer les otages

Dans toute la bande de Gaza, les réserves de nourriture et d'eau sont au plus bas et faute de carburant, les services essentiels comme le dessalement de l'eau disparaissent peu à peu. 

« De l'autre côté de la frontière, les civils israéliens endurent leur propre douleur en pleurant le meurtre brutal et inhumain de 1.200 personnes », a ajouté M. Griffiths, réclamant que les quelque 240 otages - des bébés aux octogénaires - soient libérés immédiatement et sans conditions. 

Aussi désastreuse que soit la situation à Gaza, celle-ci pourrait encore empirer : « si nous n’agissons pas maintenant, le conflit pourrait s’étendre à d’autres parties du territoire palestinien occupé et entraîner toute la région dans une conflagration aux conséquences encore plus catastrophiques », a-t-il déclaré. 

Une grande partie de Gaza est en ruines après six semaines de bombardements.
© OMS
Une grande partie de Gaza est en ruines après six semaines de bombardements.

Travailler, une « mission impossible » pour l'UNRWA

« Hôpitaux, mosquées, églises, boulangeries, et plus de 60 bâtiments et écoles de l'UNRWA ont été touchés à travers Gaza », a pour sa part indiqué la Commissaire générale adjointe par intérim de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), Natalie Boucly, dans son exposé aux Etats membres par visioconférence.

La plupart des installations touchées de l'UNRWA se trouvaient dans les zones centrales et dans le sud de l'enclave palestinienne, a ajouté Mme Boucly, justement là où les habitants ont été invités à se rendre.

« Les gens sont venus dans les bâtiments de l'UNRWA pour être protégés par le drapeau de l'ONU », a-t-elle souligné, ajoutant que le travail de l’UNWRA était depuis devenu une « mission impossible ». « Nous ne pouvons pas protéger pleinement les personnes dans les locaux de l'ONU, sous le drapeau de l'ONU », ni « fournir une assistance suffisante à ceux que nous pouvons atteindre », a-t-elle martelé. 

Une crise qui crée des « fractures plus profondes »

Une résolution adoptée par l'Assemblée générale lors de sa session extraordinaire d'urgence a pourtant appelé à une trêve humanitaire immédiate et durable et une résolution du Conseil de sécurité, adoptée voici deux jours, a appelé à des pauses humanitaires ainsi qu'à des couloirs humanitaires dans toute la bande de Gaza, a rappelé de son côté Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. Ces résolutions ne doivent pas être ignorées par Israël ou par les militants palestiniens dans la bande de Gaza, a-t-il souligné.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU a aussi mis en garde contre la montée des discours de haine, y compris émanant « de certains dirigeants », et la désinformation, qui alimentent la déshumanisation de part et d’autre et sapent la recherche d'une solution politique durable.

Le Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a quant à lui insisté sur l’effondrement imminent du système de santé de Gaza. Seulement 10  hopitaux sur 36 fonctionnent encore - pour seulement 1.400 lits en tout - et de nombreux agents de santé ont été contraints de fuir avec leurs familles. 

La crise économique marquera une génération entière

Les implications de la gigantesque crise économique à venir pour la Palestine seront « générationnelles », a pour sa part prévenu le chef du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Achim Steiner. Il prévoit que si les combats se poursuivent pendant un deuxième mois complet, la pauvreté pourrait grimper de 34 %, plongeant un demi-million de personnes supplémentaires dans la pauvreté. 

Dans son scénario le plus optimiste, le PNUD estime que la guerre retarderait le développement de l'État de Palestine de 11 ans, et de Gaza, de 17 ans. 

Des hauts responsables du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), de l'agence des Nations Unies chargée des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA) et d'ONU Femmes ont aussi fait un exposé devant les Etats membres lors de la séance informelle.