Fil d'Ariane
Gaza : plus de 61% des emplois perdus depuis le début des hostilités (OIT)
L’Organisation internationale du travail a publié cette semaine son premier bulletin sur l'impact du conflit sur le marché du travail et les moyens de subsistance qui révèle qu'au moins 61 pour cent des emplois à Gaza – dont près d'un quart en Cisjordanie – ont été perdus depuis le 7 octobre.
« Plus rien ne fonctionne à Gaza. L’enclave est complètement à l'arrêt. On parle uniquement des questions de survie, de recherche de moyens de subsistance. L'aide humanitaire n'entre pas. Il n’y a plus que le marché noir et les entreprises sont totalement à l'arrêt », a expliqué Nieves Thomet, Spécialiste de l'emploi et du travail décent pour la paix et la résilience à l’OIT, au micro d’ONU Info.
L’Organisation a lancé jeudi un appel de fonds de 20 millions de dollars pour son programme visant à répondre aux effets du conflit actuel en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés (TPO) sur le marché du travail palestinien.
16 millions de dollars de perte de revenus au quotidien
L’Organisation a chiffré les pertes quotidiennes de revenus liés au travail à 16 millions de dollars dans les Territoires palestiniens occupés.
« Les hostilités ont entraîné – et continuent de causer – à la fois des pertes tragiques en vies humaines et une perte sans précédent de moyens de subsistance, d'emplois, de revenus, d'entreprises et d'infrastructures civiles », a déclaré le Directeur général de l'OIT, Gilbert F. Houngbo.
L’OIT s’inquiète aussi des 20.000 Palestiniens qui avaient un visa de travail pour travailler en Israël et qui du jour au lendemain se sont retrouvés sans emploi.
Selon Nieves Thomet, sur les 11.000 travailleurs palestiniens qui se trouvaient sur le territoire israélien au moment de l’attaque du Hamas le 7 octobre, 5.000 d’entre eux auraient été arrêtés et renvoyés à Gaza, et 6.000 ont été envoyés en Cisjordanie et se retrouvent aujourd’hui dans des camps dans une situation extrêmement précaire.
Même avant le conflit actuel, la situation dans la bande de Gaza, sous blocus depuis 2006, était particulièrement grave avec l'un des taux de chômage qui s’élevait à 46,4%, l’un des plus élevés au monde.
Selon la Directrice régionale de l'OIT pour les Etats arabes, Ruba Jaradat, « les pertes déjà énormes identifiées par nos recherches ne feront qu'augmenter si le conflit et la crise humanitaire tragique se poursuivent, avec des répercussions qui se feront sentir pendant de nombreuses années à venir ».
Une réponse en trois phases
C’est pour faire face à ce défi que l’Organisation a lancé jeudi l’appel de fonds pour son programme visant à répondre aux effets du conflit actuel en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés (TPO) sur le marché du travail palestinien.
L'appel fait état d'un besoin financier de 20 millions de dollars pour financer le programme de riposte en trois phases de l'OIT, destiné à fournir à la fois une aide immédiate et une assistance à plus long terme pour atténuer les effets de la crise sur des centaines de milliers de travailleurs et d'employeurs palestiniens touchés.
« À l'OIT, nous nous préoccupons d'abord et avant tout de la protection de tous les travailleurs et employeurs qui ont été touchés par cette crise, y compris les travailleurs de Gaza qui travaillent en Israël, et tous les travailleurs de la santé, de l'ONU et de l'aide humanitaire qui fournissent une aide vitale sur le terrain », a insisté M. Houngbo.
« L'ampleur de la réponse nécessaire de la part de la communauté internationale et les contraintes opérationnelles actuelles dépassent tout ce qui a été vu auparavant dans le territoire palestinien occupé », a déclaré le chef de l’OIT.