Fil d'Ariane
« Une crise humanitaire inimaginable se déroule au Soudan », selon le HCR
« Loin des regards du monde et des gros titres, le conflit au Soudan continue de faire rage. Dans tout le pays, une crise humanitaire inimaginable se déroule, alors que de plus en plus de personnes sont déplacées par les combats incessants », a indiqué la Directrice des relations extérieures de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui revient d’une mission de plusieurs jours au Soudan.
Dominique Hyde, a livré ce matin un témoignage poignant sur la situation des réfugiés dans le pays devant des journalistes aux Nations Unies à Genève.
« La guerre qui a éclaté sans avertissement a transformé des maisons soudanaises auparavant paisibles en cimetières », a déclaré Mme Hyde. Aujourd'hui, les combats prennent de plus en plus d'ampleur et de brutalité, et le monde est « scandaleusement silencieux », bien que les violations du droit international humanitaire persistent en toute impunité.
Selon les chiffres du HCR, 4,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays depuis avril, date du début de la guerre, tandis que 1,2 million ont fui vers les pays voisins comme le Tchad, l'Égypte, le Soudan du Sud, l'Éthiopie et la République centrafricaine. L'écrasante majorité des réfugiés sont des femmes et des enfants.
Plus de 1.200 enfants de moins de 5 ans sont morts dans l'État du Nil Blanc en quatre mois
« Nous sommes très préoccupés par le fait qu'ils n'ont pas accès à la nourriture, à un abri, à l'eau potable ou à d'autres produits de première nécessité », a souligné Mme Hyde qui s’est notamment rendu la semaine dernière dans l’Etat soudanais du Nil Blanc, qui abrite quelques 433.000 personnes déplacées internes selon l’Agence pour les réfugiés.
Au moins quatre enfants meurent encore chaque semaine dans l'État du Nil Blanc, faute de médicaments, de personnel et de fournitures essentielles
L'augmentation du nombre de personnes déplacées a submergé les services essentiels dans les camps de réfugiés de cet Etat, a indiqué la Directrice des relations extérieures.
Comme dans le reste du Soudan, les écoles sont fermées depuis 7 mois et les salles de classe servent d’abris temporaires pour les personnes déplacées. La situation sanitaire est catastrophique. Rien qu'entre la mi-mai et la mi-septembre, plus de 1.200 enfants de moins de 5 ans sont morts dans l'État du Nil Blanc, en raison d'une épidémie de rougeole combinée à des niveaux élevés de malnutrition. Au moins quatre enfants meurent encore chaque semaine dans l'État du Nil Blanc, car les médicaments, le personnel et les fournitures essentiels font défaut, a déploré Mme Hyde.
Pendant ce temps, l'exode des réfugiés soudanais vers les pays voisins s'accélère.
Au Tchad, les nouveaux arrivants affluent au rythme d'environ 700 par jour. La semaine dernière, plus de 20.000 personnes ont traversé la frontière vers le Soudan du Sud au poste de frontière de Renk.
La responsable du HCR a pu constater sur place qu’un centre de transit prévu pour 3.000 personnes accueillait aujourd'hui environ 20.000 réfugiés.
« Il y a des gens partout, et la situation ne fait qu'empirer. La situation de l'eau et de l'assainissement est juste mûre pour une épidémie de choléra. Je travaille dans ce domaine depuis 30 ans et c'est probablement l'une des pires situations que j'ai vues », a fait valoir Mme Hyde.
Des récits choquants de viols et de violences sexuelles généralisées
Officiellement, plus de 362.000 personnes sont entrées au Soudan du Sud depuis le début du conflit au Soudan. Les organisations humanitaires comme le HCR sont débordées, a relevé Mme Hyde en déplorant les sous-financements du plan régional prévu pour l’accueil des réfugiés soudanais dans les pays voisins et de l’aide humanitaire à l’intérieur du Soudan.
Elle a également fait part de récits « choquants » de viols et de violences sexuelles généralisés.
L'ONU appelle à la fin immédiate de toutes les violences basées sur le genre, y compris la violence sexuelle en tant que tactique de guerre visant à terroriser les gens. Il faut que les responsables de ces crimes répondent de leurs actes, et que les survivants bénéficient d'un soutien médical et psychosocial. Les parties doivent mettre en place des mécanismes pour empêcher que de telles violences ne se reproduisent, a plaidé la responsable du HCR.