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Gaza : l’ONU craint les conséquences « catastrophiques » des opérations israéliennes de la nuit dernière

Après les bombardements et les opérations terrestres de grande ampleur menés par l’armée israélienne à Gaza la nuit dernière, le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a lancé un cri d’alarme samedi sur « les conséquences potentiellement catastrophiques » de ces opérations et le risque de milliers de morts supplémentaires parmi les civils.

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« Les bombardements et les opérations terrestres de la nuit dernière à Gaza par les forces israéliennes auraient été les plus intenses jamais enregistrés, portant cette terrible crise à un nouveau niveau de violence et de douleur. Aggravant la misère et les souffrances des civils, les frappes israéliennes sur les installations de télécommunications et la coupure d’Internet qui en a résulté ont effectivement laissé les Gazaouis sans aucun moyen de savoir ce qui se passe à Gaza et les ont coupés du monde extérieur », a observé M. Türk dans un commentaire adressé à la presse.

Appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat

De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, a réitéré samedi, dans une déclaration à la presse, son « vibrant appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, ainsi qu'à la libération inconditionnelle des otages et à l'acheminement de l'aide humanitaire à la hauteur des besoins dramatiques de la population de Gaza, où une catastrophe humanitaire se déroule sous nos yeux ».

« Je veux répéter ce que j'ai dit hier. C'est le moment de vérité. Chacun doit assumer ses responsabilités. L’Histoire nous jugera tous », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général s'est dit « encouragé ces derniers jours par ce qui semblait être un consensus croissant au sein de la communauté internationale, y compris dans les pays soutenant Israël, sur la nécessité d'au moins une pause humanitaire dans les combats pour faciliter la libération des otages à Gaza, l'évacuation des ressortissants de pays tiers et l'intensification massive nécessaire de l'acheminement de l'aide humanitaire à la population de Gaza ».

Mais « malheureusement, au lieu de faire une pause, j'ai été surpris par une escalade sans précédent des bombardements et de leurs impacts dévastateurs, sapant les objectifs humanitaires évoqués », a-t-il ajouté. « Compte tenu de la rupture des communications, je suis également extrêmement préoccupé par le personnel des Nations Unies qui est à Gaza pour fournir une aide humanitaire ».

L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté vendredi une résolution (120 voix pour, 14 contre et 45 abstentions) appelant notamment à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue », au respect du droit international par toutes les parties et à une aide continue et sans entrave dans la bande de Gaza.

Le bombardement de la bande de Gaza continue.
OMS
Le bombardement de la bande de Gaza continue.

« L’Histoire nous jugera tous »

António Guterres se trouvait samedi à Doha, où il a rencontré Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, Premier Ministre et ministre des Affaires étrangères de l'État du Qatar, pour des consultations sur la crise au Moyen-Orient.

« J'ai exprimé ma profonde gratitude, mon appréciation et mon soutien aux initiatives de médiation du Qatar, notamment pour la libération des otages détenus à Gaza », a souligné le chef de l’ONU.

Il s’est aussi entretenu par téléphone samedi avec le Président égyptien Abdel Fattah Al Sisi de la situation au Moyen-Orient et de « la coordination des efforts humanitaires pour les civils à Gaza », a dit son porte-parole dans un compte-rendu de cette conversation.

Obligations en vertu du droit international

Le chef des droits de l'homme, Volker Türk, a rappelé « à toutes les parties leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l'homme », notant que le bombardement des infrastructures de télécommunications met la population civile en grave danger.

« Les ambulances et les équipes de la protection civile ne parviennent plus à localiser les blessés, ni les milliers de personnes qui se trouveraient encore sous les décombres. Les civils ne sont plus en mesure de recevoir des informations actualisées sur les endroits où ils peuvent accéder à l’aide humanitaire et sur les endroits où ils courent moins de danger. De nombreux journalistes ne peuvent désormais plus rendre compte de la situation », a-t-il ajouté.

« Nous avons perdu le contact avec nos collègues de Gaza hier soir. Nos collègues avaient déjà enduré des jours et des nuits sous les bombardements incessants de Gaza. Ils ont perdu des familles, des amis et des maisons dans des frappes qui ont tué plusieurs milliers de personnes en à peine trois semaines et rasé des quartiers entiers de Gaza. Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza et il n’y a aucune issue. Je suis très inquiet pour mes collègues, comme pour tous les civils de Gaza », a déclaré le chef des droits de l’homme.

Il a souligné que lorsque ces hostilités prendront fin, ceux qui auront survécu se retrouveront face aux décombres de leurs maisons et aux tombes des membres de leur famille.

« Infliger des blessures et des traumatismes à des centaines de milliers de personnes n’aide personne », a-t-il affirmé. « Les conséquences humanitaires et en matière de droits humains seront dévastatrices et durables. Des milliers de personnes sont déjà mortes, dont beaucoup d’enfants ».

« Compte tenu de la manière dont les opérations militaires ont été menées jusqu'à présent, dans le contexte d'une occupation vieille de 56 ans, je tire la sonnette d'alarme quant aux conséquences potentiellement catastrophiques des opérations terrestres à grande échelle à Gaza et à la possibilité que des milliers de civils supplémentaires meurent », a dit le chef des droits de l’homme.

Il a appelé toutes les parties ainsi que les États tiers, en particulier ceux qui ont une influence sur les parties au conflit, à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour désamorcer ce conflit et à œuvrer pour que les Israéliens et les Palestiniens puissent pleinement profiter de droits de l'homme et vivre côte à côte, en paix.

L'hôpital Al Ahli, au nord de la bande de Gaza, a été endommagé par les bombardements.
OMS
L'hôpital Al Ahli, au nord de la bande de Gaza, a été endommagé par les bombardements.

Impossible d'évacuer des patients

Le chef de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a également noté dans un communiqué de presse publié samedi qu’au cours d'une nuit de bombardements intenses et d'incursions terrestres à Gaza, les agents de santé, les patients et les civils ont été soumis à une panne totale de communication et d'électricité.

« L'OMS réitère ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et rappelle à toutes les parties au conflit de prendre toutes les précautions pour protéger les civils et les infrastructures civiles. Cela inclut les agents de santé, les patients, les établissements de santé et les ambulances, ainsi que les civils qui s'abritent dans ces établissements. Des mesures actives doivent être prises pour garantir qu’ils ne soient pas blessés et un passage sûr soit assuré pour le mouvement des fournitures médicales, du carburant, de l’eau et de la nourriture dont ils ont désespérément besoin vers et à travers Gaza », a dit Dr Tedros.

Selon lui, les informations faisant état de bombardements près des hôpitaux d’Indonésie et d’Al Shifa sont très préoccupantes.

« L'OMS rappelle qu'il est impossible d'évacuer des patients sans mettre leur vie en danger. Les hôpitaux de Gaza fonctionnent déjà à pleine capacité en raison des blessures subies au cours des semaines de bombardements incessants, et sont incapables d’absorber une augmentation spectaculaire du nombre de patients, tout en abritant des milliers de civils », a souligné le chef de l’OMS.

Des personnes en deuil assistent aux funérailles de personnes décédées suite à des frappes israéliennes à Gaza.
OMS
Des personnes en deuil assistent aux funérailles de personnes décédées suite à des frappes israéliennes à Gaza.

Appel à l'humanité

« Les agents de santé qui sont restés aux côtés de leurs patients sont confrontés à une diminution des stocks, sans aucun endroit où accueillir de nouveaux patients, ni aucun moyen de soulager la douleur de leurs patients. Il y a de plus en plus de blessés chaque heure. Mais les ambulances ne peuvent pas les atteindre en raison de la panne de communication. Les morgues sont pleines. Plus de la moitié des morts sont des femmes et des enfants », a-t-il ajouté, souligné que l'OMS n'a pas été en mesure de communiquer avec son personnel à Gaza, pas plus que d'autres agences.

« L'OMS lance un appel à l'humanité de tous ceux qui en ont le pouvoir à mettre fin aux combats maintenant, conformément à la résolution de l'ONU adoptée hier, appelant à une trêve humanitaire, ainsi qu'à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils détenus en captivité », a conclu le chef de l’OMS.

Vendredi soir, la cheffe du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Catherine Russell, a aussi lancé cri d’alarme.

« Nous avons perdu le contact avec nos collègues de Gaza. Je suis très préoccupée par leur sécurité et par une autre nuit d’horreur pour 1 million d’enfants Les humanitaires ainsi que les enfants et les familles qu’ils servent DOIVENT être protégés », a écrit Mme Russell dans un message sur la plateforme X.