Fil d'Ariane
Huit camions d’aide humanitaire attendus à Gaza vendredi
Huit autres camions transportant de la nourriture, des médicaments et de l’eau devraient entrer dans la bande de Gaza vendredi, a déclaré une responsable humanitaire des Nations Unies, relevant que 74 camions d’aide humanitaire sont entrés dans Gaza par l’Égypte depuis l’ouverture du passage de Rafah.
L’ONU estime qu’il en faudrait une centaine par jour au moins pour subvenir aux besoins en eau, nourriture et médicaments des civils à Gaza.
« Nous avons reçu environ 74 camions. Nous en attendons encore environ huit aujourd’hui », a déclaré par visioconférence lors d’un point de presse à Genève, Lynn Hastings, Coordonnatrice humanitaire des Nations Unies pour les territoires palestiniens occupés.
L’aide humanitaire arrive au compte-gouttes, selon l’ONU, qui réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les hôpitaux. Entre 10 et 20 camions par jour ne suffisent manifestement pas, a-t-elle ajouté, précisant qu’avant le 7 octobre, 450 camions étaient acheminés quotidiennement.
Mme Hastings a fait remarquer qu’avant que le conflit n’éclate, 46 camions de carburant passaient chaque jour. « Je pense que cela vous donne une idée du fait que 782 camions auraient traversé depuis le 7 octobre jusqu’à aujourd’hui et qu’aucun d’entre eux n’est arrivé avec du carburant ».
De plus, il n’y a toujours pas d’accord pour acheminer du carburant à Gaza, et l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, a déclaré que l’absence de carburant mettait en péril les opérations humanitaires qui y sont menées.
« Nous devons faire venir les camions de carburant, nous devons faire en sorte que le carburant pour la centrale à gaz fonctionne à nouveau. Et nous devons le faire d’une manière sûre qui offre à Israël des garanties pour s’assurer que le carburant ne sera pas détourné ».
Conséquences « catastrophiques » si le carburant n’est pas livré
En écho aux propos de Mme Hastings, le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde aujourd’hui contre « les conditions catastrophiques auxquelles sont confrontés des centaines de milliers de Palestiniens à Gaza » et contre le risque d’aggravation dû aux graves pénuries de carburant qui menacent de paralyser les livraisons de nourriture et d’autres opérations humanitaires.
Selon l’agence onusienne basée à Rome, le carburant n’est pas seulement indispensable aux boulangeries. Il est également nécessaire pour les camions qui reçoivent les fournitures entrant par le point de passage de Rafah et pour distribuer ces fournitures dans la bande de Gaza. En outre, le carburant est essentiel pour les hôpitaux et pour les stations de désalinisation et de pompage de l’eau.
« Sans approvisionnement supplémentaire en carburant, les boulangeries qui travaillent avec le PAM ne pourront plus produire de pain. Seules deux de nos boulangeries sous contrat ont du carburant pour produire du pain en ce moment et demain il pourrait ne plus y en avoir », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, le Représentant du PAM en Palestine, Samer Abdeljaber. « Ce serait un coup terrible pour les milliers de familles vivant dans des abris et qui comptent sur les livraisons quotidiennes de pain ».
D’autant que sur le terrain, les produits alimentaires essentiels s’épuisent rapidement dans les magasins de Gaza. Bien que les grossistes disposent de plus de nourriture, les magasins ne sont pas en mesure de se réapprovisionner en raison des routes endommagées, des problèmes de sécurité et de la pénurie de carburant. Environ 10% des magasins sous contrat avec le PAM sont à court de produits alimentaires.
Plus de 140 tonnes de denrées alimentaires livrées depuis l’ouverture de Rafah
« La population de Gaza a besoin d’une aide continue à un niveau qui corresponde aux besoins énormes. Pour alléger les souffrances et permettre l’acheminement d’une aide vitale, nous nous faisons l’écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire », a-t-il ajouté.
En réponse à l’urgence humanitaire, l’agence onusienne est déjà venue en aide à près de 630.000 personnes dans des abris d’urgence de l’UNRWA ainsi que des communautés à Gaza et en Cisjordanie. L’aide comprend des kits alimentaires d’urgence, principalement des conserves et du pain frais, ainsi que des bons d’achat électroniques dans les magasins qui sont ouverts et disposent de denrées alimentaires.
Neuf camions du PAM transportant 141 tonnes de produits alimentaires ont déjà pénétré dans la bande de Gaza depuis l’ouverture du point de passage de Rafah le samedi 21 octobre. Trente-neuf camions du PAM attendent d’entrer à la frontière égyptienne ou à proximité. A terme, le PAM doit intensifier ses opérations pour atteindre les 1,1 million de personnes prévues au cours des deux prochains mois,
Mais face à la montée en flèche des besoins, le PAM revoit ses besoins de financement à la hausse et estime qu’il aura besoin d’au moins 100 millions de dollars pour les 90 prochains jours afin de maintenir l’intervention d’urgence.
Les patients en danger
De son côté, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU indique avoir recensé 75 attaques contre la santé à Gaza dont 34 établissements de santé touchés. 16 agents de santé ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, mais aussi 30 blessés, 24 ambulances endommagées.
« Le système de santé résiste malgré les difficultés », a détaillé le Dr Richard Peeperkorn, Représentant de l’OMS dans les Territoire palestinien occupé (depuis Jérusalem).
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les établissements de santé rationnent et étirent les fournitures pour maintenir les fonctions essentielles, qui sont gravement menacées par la pénurie de carburant. 23 sur 35 hôpitaux sont encore partiellement fonctionnels, les fonctions critiques étant menacées.
Seuls 8 hôpitaux disposent d’une capacité chirurgicale au sud de Wadi Gaza - tous partiellement fonctionnels. 64% des cliniques de soins de santé primaires ne fonctionnent pas. 64% des cliniques de soins de santé primaires de l’UNRWA sont fermées.
Selon l’OMS, 94.000 litres de carburant par jour sont nécessaires pour assurer le fonctionnement des fonctions essentielles dans les 12 principaux hôpitaux. « Avec la pénurie aiguë de carburant et de fournitures médicales, les patients en danger », a ajouté le Dr Peeperkorn, relevant que 1.000 patients ont besoin de dialyse et que plus de 100 enfants et bébés sont en couveuse.
Près de 45% des habitations endommagées
Par ailleurs, avec la détérioration des conditions de vie et d’hygiène, en particulier dans les abris, environ 3000 cas de diarrhée (particulièrement préoccupants chez les enfants de moins de 5 ans) sont signalés dans les abris d’urgence de l’UNRWA. L’OMS redoute également une aggravation des infections cutanées - (y compris la gale), en raison de la pénurie d’eau et des conditions de vie inadéquates.
Face à l’urgence humanitaire, 5 camions transportant des fournitures de l’OMS sont entrés à Gaza, avec à bord des sacs de traumatologie, des brancards et tentes pour plus de 300.000 personnes. Mais l’agence onusienne estime que 50 millions de dollars seront nécessaires pour soutenir les efforts de réponse sanitaire au cours des trois prochains mois.
Pour sa part, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note qu’environ 45% des habitations de la bande de Gaza ont été « endommagées ou détruites ». Plus de 16.000 logements ont été totalement détruits, relève l’agence, qui s’appuie sur des chiffres fournis par le ministère palestinien des travaux publics et du logement.
L’agence relève que 1,4 million de personnes se sont déplacées à l’intérieur de l’enclave dont plus de 640.000 personnes sont hébergées dans des installations d’urgence de l’UNRWA.
La punition collective est un crime de guerre, selon le Bureau des droits de l’homme de l’ONU.
Sur un autre plan, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU indique que « nulle part n’est sûr à Gaza », rappelant que « la punition collective infligée par Israël à l’ensemble de la population de Gaza doit cesser immédiatement ».
« Bien que les forces israéliennes aient ordonné à plusieurs reprises aux habitants du nord de la bande de Gaza de se déplacer vers le sud, suggérant que celui-ci était sûr, les frappes des forces israéliennes sur deux gouvernorats du sud et sur le centre de la bande de Gaza se sont intensifiées au cours des derniers jours. Pendant ce temps, les frappes intenses sur les communautés du nord, y compris dans la ville de Gaza, se poursuivent ».
« Obliger les gens à évacuer dans ces circonstances, y compris vers des lieux tels que la "zone désignée par Israël" d’Al Mawasi, et alors qu’ils sont soumis à un siège total, soulève de sérieuses inquiétudes quant au transfert forcé, qui est un crime de guerre », a déclaré lors d’un point de presse, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, la punition collective se traduit par l’étouffement de l’eau, de la nourriture, du carburant et de l’électricité. « Une catastrophe humanitaire se profile pour les 2,2 millions de personnes enfermées dans la bande de Gaza, qui subissent une punition collective ».
Une catastrophe humanitaire se profile à Gaza
Pour le HCDH, la punition collective est un crime de guerre. « La punition collective infligée par Israël à l’ensemble de la population de Gaza doit cesser immédiatement. L’utilisation d’un langage déshumanisant à l’encontre des Palestiniens doit également cesser », a fait valoir Mme Shamdasani.
Cet appel du HCDH intervient alors que des milliers de personnes ont été tuées, gisant au milieu d’immeubles d’habitation, de mosquées et de boulangeries détruits. « Nous recevons des témoignages poignants de familles entières tuées par les frappes aériennes sur leurs maisons, y compris les familles des membres de notre propre personnel », a fait observer la porte-parole du Haut-Commissariat.
Par ailleurs, le HCDH s’insurge contre les attaques indiscriminées des groupes armés palestiniens, y compris le lancement de roquettes non guidées sur Israël. « Ces groupes doivent libérer immédiatement et sans condition tous les civils qui ont été capturés et qui sont toujours détenus », a-t-elle dit, ajoutant que « la prise d’otages est également un crime de guerre ».
Plus largement, des efforts doivent être faits pour mettre fin immédiatement à cette escalade. « Il est de la plus haute importance que tous ceux qui ont de l’influence négocient un moyen de sortir de cette situation désastreuse et prolongée », a insisté Mme Shamdasani.
L’UNESCO appelle à l’arrêt des raids contre les écoles
Sur un autre plan, l’UNESCO est alarmée par l’impact des hostilités en cours dans la bande de Gaza sur les élèves et les professionnels de l’éducation. L’agence onusienne appelle à protéger les établissements d’enseignement, qui servent souvent de refuges à la population, et rappelle que leur ciblage ou leur exploitation à des fins militaires sont contraires au droit international.
Les opérations de l’armée israélienne en cours dans la bande de Gaza se traduisent par une grave crise humanitaire qui impacte tous les aspects de la vie civile, et notamment l’éducation. Le territoire compte plus de 625.000 élèves et plus de 22.500 enseignants, qui se trouvent aujourd’hui dans une situation d’extrême vulnérabilité.
Depuis le 7 octobre, selon des données relayées par l’UNICEF, plus de 200 établissements scolaires ont été endommagés – soit environ 40% du total des établissements scolaires de la bande de Gaza – dont une quarantaine très gravement.
A noter que l’UNRWA compte 183 écoles sous sa responsabilité à Gaza, qui ont accueilli à la dernière rentrée scolaire près de 300.000 élèves. Beaucoup de ces établissements d’enseignement sont aujourd’hui transformés en abris d’urgence pour la population.