Fil d'Ariane
Une épidémie de diphtérie fait une cinquantaine de morts dans le centre-est de la Guinée
L’agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a confirmé, mercredi, l’apparition d’une épidémie de diphtérie en Guinée, qui a causé la mort d’une cinquantaine de personnes depuis juillet dernier dans la partie orientale de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le ministère guinéen de la Santé l’a notifié le 5 septembre dernier, d’une flambée de diphtérie. Du 4 juillet au 13 octobre 2023, 538 cas ont été signalés dans la région de Kankan, dans le centre-est de la Guinée, a détaillé l’OMS.
Sur le total des cas rapportés, 520 sont suspects et 18 confirmés avec 58 décès dont 13 parmi les cas confirmés (taux de létalité sur l’ensemble des cas, 11%). Le groupe d’âge de 1 à 4 ans représentait la plus grande proportion des cas signalés.
La préfecture de Siguiri est la plus touchée, avec 510 cas (95%). Sur les 363 patients admis dans les centres de traitement de Siguiri, 37 (10%) sont décédés. Les autres préfectures ayant rapporté des cas sont Mandiana (13 cas), Kankan (13 cas) et Kouroussa (2 cas). Sur les 15 patients admis au centre de traitement de Kankan, 12 (80%) sont décédés.
Selon l’agence onusienne, les centres de traitement du pays n’ont pas la capacité en termes de ressources humaines et matérielles pour une prise en charge adéquate des cas. Les cas suspects et confirmés ont été traités avec de l’amoxicilline et de l’azithromycine en première intention. Une prophylaxie antibiotique (amoxicilline, azithromycine) a été administrée aux contacts directs.
L’OMS ne préconise pas des restrictions de voyage
La diphtérie est une maladie hautement contagieuse à prévention vaccinale qui est provoquée principalement par la bactérie Corynebacterium diphtheriae et peut être mortelle dans 5 à 10 % des cas, le taux de mortalité étant plus élevé chez les jeunes enfants.
La maladie peut être traitée par l’antitoxine diphtérique et au moyen d’antibiotiques. La vaccination antidiphtérique a permis de réduire considérablement la mortalité et la morbidité causées par la maladie.
« Dans les régions où l’accès à l’antitoxine diphtérique est limité, le taux de mortalité peut atteindre 40 % », a précisé l’OMS.
Selon l'agence onusienne, la couverture vaccinale par l’anatoxine diphtérique, tétanique et coquelucheuse (DTC3) était de 47% en 2022 en Guinée et est restée inférieure à 50% depuis 2014. « Ce taux est insuffisant pour atteindre la couverture de 80-85% nécessaire au maintien de la protection de la communauté », a-t-elle alerté, relevant que le risque de diphtérie est élevé en Guinée, compte tenu de la faiblesse chronique de la couverture vaccinale.
Par ailleurs, l’OMS ne recommande pas l’application de restrictions générales aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la Guinée sur la base des informations disponibles pour cet événement.
Bien que les voyageurs ne soient pas particulièrement exposés au risque d’infection par la diphtérie, il est recommandé aux autorités nationales de rappeler aux voyageurs qui se rendent dans des zones où sévissent des flambées de diphtérie de se faire vacciner de manière appropriée, conformément au programme national de vaccination établi dans chaque pays, avant leur départ. Pour l’agence onusienne, une dose de rappel est recommandée si plus de cinq ans se sont écoulés depuis la dernière dose.