Fil d'Ariane
Israël-Gaza : le chef de l’ONU appelle à un cessez-le-feu humanitaire immédiat
Le chef de l’ONU, António Guterres, a appelé, mercredi 18 octobre, à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » au Proche-Orient pour atténuer les « terribles souffrances humaines » dans le conflit Israël-Gaza.
« Je suis horrifié par les centaines de personnes tuées à l’hôpital Al Ahli ce même jour, à Gaza, par une frappe que j’ai fermement condamnée plus tôt dans la journée », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, à la cérémonie d’ouverture d’un Forum sur les Nouvelles routes de la soie à Beijing, en Chine.
Il a ainsi appelé à « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » afin de disposer du temps et de l’espace nécessaires pour apaiser les terribles souffrances humaines auxquelles nous assistons ». « Trop de vies - et le sort de toute la région - sont en jeu. Puisse l’esprit de cette réunion aider ceux qui en ont besoin à trouver la paix », a-t-il insisté.
Relevant que le Proche-Orient est « au bord du précipice », il a souligné que son cœur « est avec les familles des victimes. Les hôpitaux et le personnel médical sont sous la protection du droit humanitaire international ».
Répondre aux besoins les plus élémentaires
Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de cette frappe sur l’hôpital Al Ahli à Gaza.
A Beijing, le chef de l’ONU a lancé deux appels humanitaires urgents. Au Hamas d’abord, pour la libération immédiate et inconditionnelle des otages. À Israël aussi, pour qu’il autorise immédiatement l’accès sans restriction de l’aide humanitaire afin de répondre aux besoins les plus élémentaires de la population de Gaza, dont l’écrasante majorité est constituée de femmes et d’enfants.
« Je suis pleinement conscient des profonds griefs du peuple palestinien après 56 ans d’occupation. Toutefois, aussi graves que soient ces griefs, ils ne sauraient justifier les actes de terreur contre des civils commis par le Hamas le 7 octobre et que j’ai immédiatement condamnés », a-t-il fait valoir, soulignant néanmoins que « ces attaques ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien ».
Pour le chef de l’ONU, chacun de ses deux appels humanitaires a une valeur en soi. « Il ne s’agit pas de monnaie d’échange. Ils sont simplement la bonne chose à faire », a conclu M. Guterres.
11 jours d’hostilités
Cet appel du Secrétaire général des Nations Unies intervient alors que les hostilités entrent dans leur douzième jour. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), « les bombardements israéliens sur Gaza, depuis l’air, la mer et la terre, se poursuivent presque sans interruption ».
« Au cours des 20 dernières heures (à 17h30), 192 Palestiniens ont été tués, ce qui porte à 3.000 le nombre de victimes dans la bande de Gaza, dont au moins 853 enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza (à l’exclusion des victimes de l’hôpital Al Ahli) », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport de situation humanitaire. Selon l’agence onusienne, des centaines d’autres victimes seraient coincées sous les décombres.
Le nombre de morts à Gaza au cours des 11 jours d’hostilités a déjà dépassé le nombre total de morts au cours de l’escalade de 2014, qui a duré plus de 50 jours (2.251 morts palestiniens). Selon le ministère de la Santé à Gaza, au 16 octobre à 18h00, 47 familles entières ont été tuées, soit environ 500 personnes.
Attaques contre les soins de santé
Selon des sources officielles israéliennes, au moins 1.300 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués en Israël, la grande majorité le 7 octobre. Le nombre de morts est plus de trois fois supérieur au nombre cumulé d’Israéliens tués depuis que l’OCHA a commencé à enregistrer les victimes en 2005 (près de 400).
Par ailleurs, environ 1 million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza, a fait savoir dimanche l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). « Ce chiffre va probablement monter puisque les gens continuent de quitter leurs maisons », a précisé la Directrice de la communication de l’UNRWA. L’ordre d’évacuation donné par Israël concerne 1,1 million d’habitants du nord de l’enclave palestinienne.
Sur un autre plan, plus de 8.800 logements avaient été détruits et plus de 5.400 logements avaient été endommagés et rendus inhabitables, selon un décompte effectué le 14 octobre par le ministère des Travaux publics de Gaza.
Avant l’attaque hier mardi contre l’hôpital Al Ahli, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) avait recensé 57 attaques contre les soins de santé, qui avaient fait 16 morts et 28 blessés parmi le personnel soignant, et endommagé 26 hôpitaux et autres installations de soins de santé, dont 17 hôpitaux et 23 ambulances. Quatre de ces dernières, toutes situées dans le nord de la bande de Gaza (Beit Hanoun, Hamad Rehabilitation, Al Karama et Ad Dura) ont dû être évacuées et ne sont plus opérationnelles.
La situation à Gaza « devient incontrôlable »
La situation à Gaza « devient incontrôlable », faute d’une aide humanitaire pourtant prête à être acheminée, a affirmé mercredi le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur X (ex-Twitter). « Chaque seconde où nous attendons l’aide médicale, nous perdons des vies », a-t-il déploré, en rappelant que des fournitures médicales étaient bloquées depuis quatre jours à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza.
Plus largement, Gaza subit une coupure totale d’électricité pour le septième jour consécutif. Hier mardi, l’OMS a réussi à livrer du carburant stocké localement au plus grand hôpital de Gaza (Shifa), permettant ainsi le fonctionnement des générateurs pendant quelques jours supplémentaires. En revanche, l’hôpital Al Yemen As Saeed, dans le nord de la bande de Gaza, s’est retrouvé à court de carburant, a été contraint d’arrêter les générateurs et d’envisager le transfert d’un certain nombre de patients.
D’autres hôpitaux fonctionnent au strict minimum, a fait observer l’OCHA dans son rapport humanitaire sur la situation dans l’enclave palestinienne.
Enfin, la consommation moyenne d’eau pour tous les besoins (boisson, cuisine et hygiène) est actuellement estimée à trois litres par jour et par personne à Gaza. La consommation d’eau provenant de sources insalubres est en augmentation. Selon l’agence onusienne, cela expose la population à un risque de décès ou d’épidémie de maladies infectieuses.
A suivre...