Fil d'Ariane
Soudan : près de 4.000 personnes tuées et des biens civils détruits dans le conflit au Darfour
L’escalade du nombre de morts et de graves violations des droits de l’homme à l’encontre de civils au Darfour, y compris des réfugiés et des personnes déplacées internes, s’aggrave, six mois après le début du conflit meurtrier au Soudan, met en garde l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Selon un rapport récemment publié par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), près de 4.000 civils ont été tués et 8.400 blessés au Darfour, entre le 15 avril et la fin du mois d’août. La majorité de ces victimes ont été prises pour cible en raison de leur appartenance ethnique, en particulier dans l’ouest du Darfour.
« Tragiquement, des enfants déplacés, y compris des réfugiés, ont été pris entre deux feux, tués ou mutilés lorsque leurs écoles ont été touchées par les bombardements. Ceux qui ont atteint des lieux sûrs sont en proie à une détresse psychologique aiguë », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Eujin Byun, porte-parole du HCR.
Des civils tentant de fuir le Darfour arrêtés et détenus
Dans le même temps, les civils qui tentent de quitter la région pour se mettre à l’abri auraient été empêchés de fuir ou confrontés à des difficultés aux points de contrôle, et auraient été arrêtés et détenus.
Les biens civils n’ont pas été épargnés. Au moins 29 villes et villages ont été détruits au Darfour à la suite de pillages et d’incendies massifs. Les tirs aveugles et les tirs d’artillerie lourde dans les camps et les sites de rassemblement abritant les personnes déplacées ont fait des centaines de victimes.
Cent trente-neuf structures civiles, dont des points d’eau communautaires, des écoles, des marchés et des hôpitaux, ont été détruites, endommagées, pillées ou occupées. Le personnel médical qui tentait de faire fonctionner des cliniques ad hoc dans des résidences privées a été délibérément pris pour cible.
De plus, les écoles du Darfour ont été fermées, coupant l’accès à l’éducation et à des espaces sûrs pour des millions d’enfants et les exposant à de graves risques de violence sexuelle, de détresse, de traumatisme et de séparation familiale.
Hausse du nombre d’enfants non accompagnés
Dans ces conditions, le nombre d’enfants non accompagnés et séparés de leur famille augmente. « Le conflit ayant détruit les moyens de subsistance, les enfants réfugiés restent exposés à un risque accru d’enlèvement, de travail forcé, d’enrôlement dans des groupes armés et de trafic d’êtres humains », a fait valoir Mme Byun.
Sur le terrain, le HCR et ses partenaires continuent de surveiller la situation, notamment par l’intermédiaire des réseaux de protection communautaire dans tous les États du Darfour. Il s’agit ainsi de fournir à plus de 90.000 personnes des informations et des services lorsque cela est possible.
Une aide juridique a également été également fournie aux réfugiés, y compris à ceux qui sont en détention. « Des permissions de sécurité, des séances de sensibilisation à la violence sexiste et des activités sociales visant à promouvoir la cohésion entre les communautés ont été organisées », a ajouté la porte-parole du HCR, relevant qu’un soutien accru des donateurs est nécessaire de toute urgence pour garantir la pérennité des services de protection essentiels.
Plus largement, le HCR continue d’appeler les parties au conflit à garantir la protection des civils, y compris les réfugiés et les déplacés internes, et à assurer le passage en toute sécurité de l’aide humanitaire. « En fin de compte, le conflit au Soudan, y compris dans la région du Darfour, doit cesser », a conclu la porte-parole de l’agence onusienne.