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« Nous ne cesserons de condamner les attaques contre les civils ukrainiens », assure l’ONU

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée, lundi, à la situation en Ukraine, une haute responsable de l’ONU s’est élevée contre les attaques perpétrées par la Russie contre les civils et la poursuite des frappes sur les infrastructures vitales, fustigeant « une guerre insensée » qui bafoue les droits de l’homme et menace la stabilité mondiale.

La Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a d’emblée évoqué les 52 civils ukrainiens tués lors de l’attaque au missile, jeudi 5 octobre, d’un café du petit village de Hroza près de Kharkiv. Elle a réitéré la ferme condamnation par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de cette « attaque odieuse », la plus meurtrière jamais commise contre des civils depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. 

Elle a aussi déploré les 9.806 civils morts, dont 560 enfants, et les 17.962 blessés dénombrés depuis le début de la guerre par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Un bilan qui ne peut selon elle que s’alourdir en raison du feu constant infligé ces dernières semaines à la population et aux infrastructures civiles dans toute l’Ukraine. 

Rosemary Dicarlo (sur l'écran) s'adresse au Conseil de sécurité
UN Photo/Loey Felipe
Rosemary Dicarlo (sur l'écran) s'adresse au Conseil de sécurité

Frappes contre le réseau énergétique

L’attaque par des drones russes d’un silo à grain le 6 octobre près d’Odessa, s’inscrit dans une série de frappes sur les installations céréalières ukrainiennes, qui, en s’ajoutant au retrait de la Russie de l’initiative de la mer Noire, « détruisent les moyens de subsistance des agriculteurs ukrainiens » et risquent également « d’avoir un impact sur la vie de millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde ».

Dans le même temps, Rosemary DiCarlo s’est dit préoccupée par la reprise des frappes contre le réseau énergétique de l’Ukraine ces dernières semaines et a fermement rappelé que le droit international humanitaire oblige les parties à un conflit armé à protéger les non -combattants.

« Nous continuerons à condamner sans relâche ces attaques », a-t-elle déclaré, « et n’hésiterons pas à demander que toute personne responsable de torts infligés aux civils réponde de ses actes ». 

Violations flagrantes des droits de l’homme

Une mise en garde d’autant plus claire que le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur la situation en Ukraine documente les violations « flagrantes et ininterrompues » des droits humains à travers le pays, pour la plupart perpétrées par les forces armées russes.

Le même jour, s’adressant au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a confirmé que la torture reste une réalité brutale pour les civils et les prisonniers de guerre détenus par les autorités russes. Elle a cité les récits terrifiants de chocs électriques, de coups, de violences sexuelles et d’humiliations infligés aux prisonniers, comme  les conditions de détention déplorables, les pénuries alimentaires et médicales, et la privation de sommeil qu’ils subissent.

Nada Al-Nashif a aussi évoqué les détentions arbitraires de civils dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie. Depuis février 2022, les forces armées russes ont détenu arbitrairement près de 1.000 personnes, dont 85 ont été retrouvées mortes avec des traces de violence et 463 sont toujours détenues. Nombre de ces cas pourraient s’apparenter à des disparitions forcées.

A ces abus s’ajoutent les brimades et les discriminations infligées aux personnes qui refusent d’accepter la citoyenneté russe massivement attribuée par les occupants aux résidents ukrainiens. 

Le Haut-Commissariat s’est dit également préoccupé par la législation récente de la Fédération de Russie qui accorderait l'amnistie aux militaires russes pour un large éventail de crimes, y compris potentiellement des violations flagrantes du droit international des droits de l'homme ou des violations graves du droit international humanitaire.

Comme l’avait fait le Secrétaire général devant le Conseil le mois dernier, Rosemary DiCarlo a réitéré ses mises en garde contre les graves risques que fait peser cette « guerre insensée » sur l’Ukraine, la région et le monde entier, citant en exemple l’utilisation généralisée des mines marines dans la mer Noire, qui menace la navigation civile, et le danger qu’un incident militaire, intentionnel ou accidentel, déstabilise encore davantage la région. 

L'une des sous-stations électriques endommagées par les bombardements en Ukraine.
© PNUD/Oleksandr Ratushniak
L'une des sous-stations électriques endommagées par les bombardements en Ukraine.

Courageux efforts humanitaires

Intervenant aussi lors de cette réunion du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires, a révélé que les travailleurs humanitaires payent aussi un lourd tribut à ce conflit, avec 11 morts cette année.

Elle a confirmé la détermination des multiples organisations, dont 500 courageux partenaires locaux, à tout mettre en œuvre pour apporter aux civils l’appui dont ils ont besoin, « aussi longtemps qu’il le faudra ». Au cours des huit premiers mois de 2023, quelque 8,3 millions de personnes ont reçu une aide en Ukraine. Et le plan d’intervention hivernale progresse à plein régime, a-t-elle annoncé, louant la générosité des donateurs qui ont financé à 52% le plan d’intervention visant à atteindre 11,1 millions de personnes en 2023.