Fil d'Ariane
Ukraine : en moyenne la guerre a coûté la vie à six civils par jour
Alors que l’invasion russe est entrée dans son vingtième mois, les civils ukrainiens continuent de payer un prix terrible avec près de 10.000 morts et des dizaines de milliers de blessés, ont déploré mercredi des experts indépendants des Nations Unies.
Dans un nouveau rapport, la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine a dressé un tableau sombre de la situation des droits de l’homme dans ce pays et a noté qu’au cours des six derniers mois, la guerre a coûté la vie à six civils par jour en moyenne.
Les attaques de missiles contre les zones résidentielles et les infrastructures vitales, ainsi que les installations céréalières et agricoles, souvent situées loin des zones de front, continuent de semer la peur et la destruction dans toute l’Ukraine. Dans les zones occupées par la Russie, les civils sont victimes de tortures, de mauvais traitements, de violences sexuelles et de détentions arbitraires, et des centaines d’entre eux restent emprisonnés, leur famille ignorant ce qu’il est advenu d’eux.
Passages à tabac, électrocutions et simulacres d’exécution
« Les conclusions du rapport montrent que la guerre fait payer un lourd tribut aux civils ukrainiens : près de six personnes meurent et vingt sont blessées en moyenne chaque jour. Au cours des six mois couverts par ce rapport, plus d’un millier de civils sont morts et près de quatre mille ont été blessés », a déclaré dans un communiqué Danielle Bell, Cheffe de la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine.
Le rapport fait état d’une poursuite et d’une généralisation de la torture et des mauvais par les autorités russes à des civils et à des prisonniers de guerre. Il s’agit notamment de passages à tabac, des électrocutions, des simulacres d’exécution, des violences sexuelles et des traitements dégradants.
Les conditions de détention sont toujours aussi épouvantables. Le document pointe du doigt un manque de nourriture et de services médicaux, une surpopulation, des mauvaises conditions de vie et d’hygiène, une privation de sommeil et une absence d’accès au monde extérieur.
« À ce jour, la Russie a refusé d’autoriser l’accès aux observateurs des droits de l’homme des Nations Unies », a regretté la Mission, qui demande également un complément d’enquête sur l’attaque meurtrière de la colonie pénitentiaire d’Olenivka à la fin du mois de juillet 2022, qui a tué 51 prisonniers de guerre ukrainiens et en a blessé au moins 139.
Des milliers d’individus accusés de collaboration avec la Russie poursuivis par l’Ukraine
Il exclut toutefois que des roquettes HIMARS aient été utilisées lors de l’attaque, notant que les preuves disponibles sont cohérentes avec une munition projetée ayant suivi une trajectoire d’est en ouest. Le rapport reproche à la Russie de garder des prisonniers de guerre à proximité de la ligne de front, en violation du droit humanitaire international, et de ne pas permettre à l’ONU d’accéder au site.
Dans les zones occupées, le rapport donne des exemples de l’introduction par la Russie de ses propres systèmes administratifs et éducatifs.
Les civils des territoires occupés par la Russie sont soumis à des pressions pour qu’ils acceptent la citoyenneté russe, les autorités d’occupation subordonnant l’accès aux soins de santé, aux pensions et à d’autres prestations de base à l’acceptation de la nationalité russe. Les hommes résidant dans les zones occupées sont victimes d’intimidations visant à les contraindre à rejoindre les forces armées russes, selon le rapport.
Tout en soulignant les progrès réalisés sur certains points dans les zones contrôlées par l’Ukraine, le rapport fait état de la poursuite par l’Ukraine de milliers d’individus accusés de collaboration avec la Russie dans les zones précédemment occupées par les forces armées russes. Les accusés ont souvent été inculpés et condamnés pour un comportement qui pourrait en principe être légalement contraint par la puissance occupante en vertu du droit humanitaire international.