Fil d'Ariane
Karabakh : des équipes de l’ONU aident les réfugiés à la frontière arménienne
Les équipes de plusieurs agences onusiennes sont présentes dans la ville frontalière de Goris, en Arménie, et travaillent sans relâche pour aider un grand nombre de réfugiés fuyant la région du Karabakh, en Azerbaïdjan.
« Nous sommes profondément préoccupés par l'impact sur la vie et les moyens de subsistance des civils. Alors que la situation évolue, il est important que les personnes touchées reçoivent une aide humanitaire continue et en temps opportun », a déclaré Nanna Skau, Représentante du Programme alimentaire mondial (PAM) et Directrice de pays en Arménie.
100.000 réfugiés ont passé la frontière
Selon les dernières estimations, environ 100.000 personnes ont traversé la frontière vers l'Arménie. En collaboration avec les autorités et les partenaires, les équipes des Nations Unies sur le terrain apportent une assistance aux arrivants.
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a créé un espace sûr pour enfants à Goris, desservant près de 300 enfants chaque jour ainsi que leurs parents. Il offre un espace de jeu pour les enfants, un lieu d'allaitement pour les mères et un soutien pédiatrique pour soigner les problèmes aigus.
Le PAM a construit des installations à Goris, près de la frontière dans la province de Syunik, dans le sud-est du pays, afin de fournir aux arrivants des dizaines de milliers de repas chauds, de colis alimentaires et de cartes alimentaires.
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) distribue des articles de secours essentiels tels que des lits pliables et des matelas et prodigue son soutien au gouvernement en lui fournissant du matériel technique, notamment des ordinateurs portables et des tablettes, destiné à faciliter l'enregistrement des réfugiés.
Equipe de l'ONU évalue la situation au Karabakh
Une équipe de l’ONU s’est rendue ce weekend dans le Karabakh, la première mission de l’ONU dans cette région en 30 ans.
Dans un communiqué publié dimanche à la suite de cette mission dirigée par la Coordinatrice résidente de l’ONU en Azerbaïdjan, l’équipe a constaté que dans la ville de Khankendi par exemple, il n’y avait aucun signe de dommages aux bâtiments publics.
« La mission a été frappée par la manière soudaine avec laquelle la population locale a quitté ses maisons et par les souffrances que cette expérience a dû causer », a déclaré l'équipe de l'ONU. Elle a ajouté qu’elle n’avait entendu parler – ni de la part des habitants interrogés, ni d’autres personnes – d’incidents de violence contre les civils à la suite du dernier cessez-le-feu.
« L'équipe a entendu des interlocuteurs dire qu'il restait entre 50 et 1.000 Arméniens de souche dans la région du Karabakh ».
Au cours de la visite, l'équipe de l'ONU s'est rendue d'Aghdam à Khankendi, également connue par les Arméniens de souche sous le nom de Stepanakert. Dans les zones visitées, aucun dommage visible n’a été constaté sur les infrastructures publiques, notamment les hôpitaux, les écoles, les logements ou les structures culturelles et religieuses. De plus, les magasins étaient fermés.
L'équipe a noté que le gouvernement azerbaïdjanais se préparait à rétablir les services de santé et certains services publics dans la ville.
La mission n’a pas pu accéder aux zones rurales, mais n’a constaté aucun signe de destruction des infrastructures agricoles ou du bétail.
L'équipe a déclaré qu'« il est difficile de déterminer à ce stade si la population locale a l'intention de revenir », à partir des conversations qu'elle a pu avoir. Ce qui était clair, c'est qu'il est nécessaire de renforcer la confiance, et cela nécessitera du temps et des efforts de la part de toutes les parties, ajoute le communiqué.
L’équipe onusienne a également appelé à tout mettre en œuvre pour assurer la protection des droits de la population locale, ajoutant que l'équipe des Nations Unies en Azerbaïdjan est prête à soutenir la population locale qui reste et ceux qui souhaitent rentrer, en soutien au gouvernement azerbaïdjanais.
Maintenir l’aide dans leur pays d’accueil
Pour sa part, un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de retour d’une mission d’observation à la frontière arménienne, a confié que le principal défi consistera à assurer des conditions de vie décentes et une intégration à long terme de ces populations déplacées dans leur pays d’accueil.
« Une catastrophe humanitaire a été évitée grâce aux actions rapides menées par le gouvernement arménien et à l’aide de l’ONU et d’autres organisations », a rappelé Joe Lowry. « Aujourd’hui ces gens ne sont plus concentrés en un lieu mais dispersés dans tout le pays et nécessiteront une aide à l’avenir ».
Le porte-parole de l’OIM a rappelé la nécessité d’un effort permanent : « Ce sont 100.000 personnes dans un pays de 3 millions d’habitants qui vont mettre à l’épreuve la bonne volonté de ceux qui les abriteront et les services publics comme la santé, l’éducation, tandis qu’ils tenteront de trouver du travail ».
De son côté, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) fournit aussi une aide médicale d'urgence aux victimes d'une explosion massive de dépôt de carburant survenue la semaine dernière en plein exode. Plus de 170 personnes ont été tuées et plus de 200 autres blessées, pour beaucoup atteintes de graves brûlures et dans un état critique.
« Des scènes déchirantes »
L'envoyé spécial de l'OMS, Robb Butler, qui a visité un centre de traitement des brûlures dans la capitale arménienne, Erevan, a témoigné des souffrances « déchirantes » des victimes.
« A Goris, les 80 lits de cet hôpital sont tous occupés par des survivants de l'explosion au Karabakh. Les agents de santé ici travaillent dur pour les soigner et les réhabiliter, mais c'est un petit pays avec des capacités limitées, et les besoins sont immenses », a-t-il dit.
L'agence de santé des Nations Unies apporte des kits médicaux pour grands brûlés et mobilise l’aide internationale pour déployer des spécialistes des brûlures afin de répondre aux besoins sur place. Elle évalue également les meilleurs moyens d’assurer la réadaptation des survivants à moyen et à long terme.
Parallèlement à l'aide aux victimes de l'incendie, l'OMS fournit aux réfugiés des services de santé vitaux, notamment un soutien psychologique et psychosocial.
L’organisation a mis en place des cliniques préfabriquées modulaires et aide le gouvernement arménien à intégrer les agents de santé, dont environ 300 médecins et 1.200 infirmières – arrivés samedi de la région du Karabakh – dans les centres de soins de santé primaires et les hôpitaux en Arménie. Elle envoie également des médicaments pour les maladies non transmissibles, qui couvriront trois mois de traitements pour 50.000 personne