Notre situation est meilleure grâce aux migrants, déclare la nouvelle cheffe de l’OIM
Alors que les déplacements de population atteignent des niveaux sans précédent dans le monde, la nouvelle cheffe de l’Agence des Nations Unies pour les migrations a appelé lundi les pays d’accueil à reconnaître que les migrants, plus qu'ils ne constituent un problème, représentent exactement ce dont leurs économies ont besoin pour prospérer.
Lors de sa première rencontre en personne avec la presse à Genève, la nouvelle Directrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, a ainsi cherché à mettre en avant les avantages économiques de la migration pour les pays riches dont les populations vieillissent et dont la main-d’œuvre diminue.
« Lorsque l’on examine les économies qui ont connu un afflux important de migrants au fil des ans et que l’on regarde leurs performances ultérieures, on s’aperçoit que les gens ont tendance à être mieux lotis grâce à la migration, parce que cette dernière alimente l’innovation, l’offre de main-d’œuvre ou la rénovation et la revitalisation de communautés vieillissantes », a dit Amy Pope, ajoutant que « dans l’ensemble, les migrations sont bénéfiques »
« Pour autant, la rhétorique autour des migrations reflète peu le fait qu’il s’agit d’un avantage considérable », a-t-elle estimé.
Des pénuries de main-d’œuvre très importantes
Elle a déclaré que les preuves des avantages de la migration ne manquent pas. A cet égard, elle note que les secteurs privés du monde entier, mais surtout d’Europe et d’Amérique du Nord, reconnaissent qu’ils ont désespérément besoin de l’immigration pour répondre aux besoins de leur propre marché du travail.
Dans l’ensemble, les migrations sont bénéfiques - Amy Pope, cheffe de l'OIM
« 30 des plus grandes économies ont connu des pénuries de main-d’œuvre très importantes, et nous le constatons partout. Les soins de santé, l’agriculture, la construction, l’hôtellerie, et j’en passe, les communautés elles-mêmes ressentent les effets de ces pénuries de main-d’œuvre. Et franchement, même si l’intelligence artificielle a connu d’énormes développements, elle n’évolue pas au rythme nécessaire pour remédier à ces pénuries. Et beaucoup, beaucoup de ces emplois ne seront pas bien faits par une machine », a souligné Mme Pope.
Plus largement, la cheffe de l’OIM a réitéré l’approche de son organisation, en invitant les pays à garantir des « voies légales et appropriées à la migration ». D’autant que la migration n’est pas près de s’arrêter, a poursuivi Mme Pope, en raison de l’impact considérable des chocs climatiques, des conflits, des persécutions et d’autres influences déstabilisantes sur les communautés fragiles du monde entier.
Partenariats avec le secteur privé et la société civile
« Nous savons déjà qu’au cours de cette seule année, des dizaines de millions de personnes se sont déplacées en raison de l’impact du climat. Des centaines de millions d’autres vivent dans des communautés extrêmement vulnérables au climat », a-t-elle fait valoir. « En raison du changement climatique, des conflits, de l’incapacité à trouver un emploi ou un avenir dans son pays, ou de la violence dans les quartiers ou les communautés, de plus en plus de personnes cherchent à trouver une vie meilleure ailleurs dans le monde ».
Amy E. Pope, de nationalité américaine, a entamé, hier dimanche, son mandat de cinq ans en tant que onzième Directrice générale de l’OIM. Première femme à devenir Directrice générale en 72 ans d’histoire de l’OIM, Amy Pope a été élue le 15 mai 2023.
Soulignant l’importance des partenariats, la DG Pope entend placer son mandat sous le signe du partenariat.
« En cette période de migration sans précédent, l’OIM ne peut pas faire ce travail seule. Je continuerai à veiller à ce que les voix des 175 États membres soient entendues dans la conception, la coordination et la mise en œuvre de solutions pratiques pour tous. Sachant que la société bénéficie de la migration lorsque celle -ci est bien gérée, nous établirons des partenariats avec le secteur privé, la société civile et d’autres parties prenantes », a-t-elle dit.