Fil d'Ariane
Territoires palestiniens occupés : l’expansion des colonies et les violences continuent, déplore l’envoyé de l’ONU
Devant le Conseil de sécurité, l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient a confirmé mercredi la poursuite de l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sur fond de violences, de provocations ininterrompues, et de recul du financement de l’aide à la population palestinienne.
Tor Wennesland, Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a mentionné l’avancement par les autorités israéliennes de plus d’une dizaine de milliers de nouveaux logements dans la zone C et Jérusalem-Est ainsi que des modifications administratives qui contribueront probablement à accélérer les colonies. Le gouvernement israélien a ainsi délégué la planification des colonies au ministre adjoint de la défense.
Les démolitions de structures palestiniennes se poursuivent
Les démolitions et les saisies de structures appartenant à des Palestiniens se sont elles aussi poursuivies dans toute la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.
Prétextant l'absence de permis de construire délivrés par Israël, les autorités israéliennes ont démoli ou saisi 238 structures, dont 32 avaient été financées par des donateurs, déplaçant 183 personnes, dont 46 femmes et 91 enfants.
Parmi les exemples de démolitions, Tor Wennesland déplore celle, juste avant la rentrée scolaire, d’une école accueillant 80 élèves, et les menaces de destruction de 59 autres établissements scolaires desservant 6.500 élèves palestiniens.
Pas de répits dans les violences
En dépit de la résolution 2334 (2016), qui appelle à « des mesures immédiates pour prévenir tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation et de destruction », le Coordinateur spécial pour le processus de paix a constaté que la violence quotidienne se poursuit.
En témoigne, depuis le 15 juin, les 68 Palestiniens, dont 18 enfants, tués par les forces de sécurité israéliennes lors de manifestations, d'affrontements, d'opérations de sécurité, d'attaques confirmées ou présumées contre des Israéliens et d'autres incidents.
En outre, deux Palestiniens ont été tués et 73 blessés, dont trois femmes et 12 enfants, au cours de nombreuses attaques par des colons israéliens.
« Si António Guterres appelle les forces de sécurité à une plus grande retenue, il s’est dit, aussi, troublé par les niveaux élevés de violence liée aux colons, souvent à proximité des forces de sécurité israéliennes, dont les auteurs sont rarement tenus responsables », a noté M. Wennesland.
Dix Israéliens, dont une femme, deux enfants et trois membres des forces de sécurité israéliennes ont été tués, et 122 Israéliens, dont six femmes et six enfants, et 33 membres des forces de sécurité israéliens ont été blessés par des Palestiniens lors d'attaques, d'affrontements, de jets de pierres et d'autres incidents.
Provocations des deux côtés
Les actes de provocation, d’incitation et de rhétorique incendiaire proscrits par la résolution n’ont pas connu non plus d’accalmie.
Le rapport du Coordinateur spécial mentionne les propos d’un ministre israélien, qui, lors d’une interview a déclaré : « « Mon droit et celui de ma femme et de mes enfants, de voyager sur les routes de Judée-Samarie, est plus important que la liberté de mouvement pour les Arabes ».
Un membre de la Knesset israélienne a considéré que tout « Palestinien fuyant un soldat des Forces de défense israéliennes doit être abattu », ajoutant qu’un « Palestinien qui s'approche d'un soldat de Tsahal doit [aussi] être abattu ». Un autre membre du gouvernement a appelé les Israéliens à « retourner » sur les sites religieux et à « montrer notre gouvernance ».
Côté palestinien, un haut responsable de l'Autorité palestinienne a déclaré qu'Hitler « s'est battu contre les Juifs parce qu'ils avaient affaire à l'usure et à l'argent » et a nié que « Hitler ait tué les Juifs parce qu'ils étaient juifs ». Des responsables ou des publications officielles sur les réseaux sociaux du Fatah, du Hamas et d'autres factions palestiniennes ont glorifié les auteurs d'attaques contre des civils israéliens.
Quelques avancées dans les contacts israélo-palestiniens
Abordant un autre point de la résolution de 2016, encourageant des mesures positives en vue de la solution des deux Etats (Israël et Palestine), Tor Wennesland a reconnu quelques avancées, comme le vote, le 9 juillet, par le Cabinet de sécurité israélien, de mesures pour « empêcher l’effondrement de l’Autorité palestinienne », ainsi que l’appel par le Président palestinien Mahmoud Abbas d’un comité de suivi chargé d’achever le dialogue entre les factions palestiniennes en Egypte « afin de mettre fin aux divisions et de réaliser l’unité nationale palestinienne ».
En revanche des obstacles perdurent : 22.000 titulaires de permis de travail se sont vus refoulés au point de passage d’Erez, fermé en raison des fêtes juives et des violences près des barrières de sécurité.
Manque de financement de l’aide aux Palestiniens.
Autre tendance préoccupante, évoquée par le Coordinateur spécial, les pénuries de financement qui « continuent de saper la capacité de l'ONU à fournir des services essentiels aux Palestiniens ».
L'UNRWA, l’Office des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens au Moyen Orient, rappelle-t-il, a un besoin urgent de 75 millions de dollars pour maintenir l'aide alimentaire jusqu'à la fin de l'année pour 1,2 million de Palestiniens à Gaza ; tandis que le Programme alimentaire mondial nécessite 32 millions de dollars pour rétablir l'aide sociale aux familles prioritaires dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés.
En outre, regrette-t-il, l’appel humanitaire pour les Palestiniens dans l'ensemble du territoire palestinien occupé n'est financé qu'à hauteur de 33% pour le moment.