Fil d'Ariane
Le Mali affirme prendre son destin en main
A la tribune des Nations Unies, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a déclaré samedi que son pays prenait son destin et a dénoncé les ingérences de puissances qui facilitent les activités de groupes armés.
M. Diop a dit s’exprimer au nom du Président de la transition, du peuple malien et du « Chef d’État du Niger », Abdourahmane Tiani, « empêché de s’exprimer » à la tribune.
Le chef de la diplomatie malienne a rappelé qu’avant une décennie de violences aux conséquences dévastatrices, la région du Sahel était autrefois connue pour être un havre de paix, de cohésion sociale et de vivre ensemble.
Face aux menaces, le Mali a changé de paradigme et pris son destin en main, a-t-il affirmé, précisant que les forces de sécurité maliennes s’acquittent de leurs missions régaliennes. Le peuple malien a confiance dans l’engagement du gouvernement contre les groupes terroristes, a-t-il assuré.
Ingérences
Le ministre a ensuite dénoncé les ingérences de puissances qui facilitent les activités de groupes armés terroristes au Mali et au Sahel. Le 15 août 2022, le Mali a alerté le Conseil de sécurité sur les actes d’hostilité commis par la France, a-t-il expliqué. Accusant la France d’avoir libéré des terroristes dans la zone frontalière du Burkina Faso, du Mali et du Niger, il a également dénoncé des manœuvres de déstabilisation visant à retarder ou empêcher des demandes de financements auprès des institutions internationales ou régionales.
Rappelant qu’une action militaire ne suffit pas à enrayer de manière durable le terrorisme, M. Diop a plaidé en faveur d’une stratégie intégrée, tout en indiquant qu’après dix ans de présence la réponse sécuritaire internationale n’est pas à la hauteur des menaces et ne tient pas compte des attentes des populations.
Alors qu’en 2013, l’insécurité ne concernait que les régions du nord, elle s’est, depuis, propagée au centre et au sud, a-t-il relevé. Il a rappelé qu’en juin 2023 le Conseil de sécurité avait approuvé la demande de retrait sans délai de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui interviendra en décembre 2023, conformément à la résolution 2690 (2023) du Conseil de sécurité.
Réaffirmant l’attachement du Mali aux idéaux de la Charte de l’Organisation des Nations Unies, M. Diop a déploré l’incapacité du Conseil de sécurité à parvenir à un consensus pour dénoncer les actes barbares commis le 7 septembre à Gao, Bourem et Bamba. De la part du Mali, la riposte aux terroristes sera immédiate, a-t-il averti.
Soutien au Niger
Le ministre malien a réitéré sa solidarité et son soutien au gouvernement et au peuple du Niger. Il a dénoncé les actions et mesures coercitives prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union monétaire ouest-africaine contre ce pays.
Réaffirmant l’opposition du Mali à toute intervention militaire au Niger, il a ajouté que celle-ci constituerait une menace directe pour la région et a rappelé les conséquences désastreuses de l’intervention menée en Libye et autorisée par le Conseil de sécurité en dépit de l’avis des dirigeants africains. Si une telle situation se reproduisait au Niger, le Mali ne resterait pas les bras croisés, a-t-il averti.
M. Diop a réitéré son soutien à une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus représentatif.
Il a également salué l’ouverture des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) à de nouveaux Etats africains ainsi que l’élargissement du G20 à l’Union africaine, qualifié d’encourageant mais insuffisant.
Enfin, réitérant son attachement à la coopération internationale, le ministre a adressé une mention particulière à la Fédération de Russie et rappelé que l’alliance Mali-Burkina-Faso et Niger vise à renfoncer une intégration des peuples fondée sur la solidarité, le respect de la dignité, l’affirmation de la souveraineté et rejette toute formes d’ingérence extérieure.