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Yémen : des héros méconnus se mobilisent pour une paix durable

Les communautés du Yémen, un pays ravagé par près de neuf ans de guerre, sont les victimes de l’une des pires crises humanitaires au monde.

Les pourparlers de paix en cours laissent entrevoir l’espoir d’une résolution politique du conflit. 

Toutefois, alors que la  Journée internationale de la paix a été célébrée le 21 septembre, le constat reste amer : les besoins humanitaires demeurent énormes et les fonds nécessaires pour y répondre insuffisants, comme l’ont récemment souligné près d’un centaine d’organismes d’aide dans une déclaration commune publiée le 14 septembre. 

Six mois après la dernière conférence des donateurs de l’ONU pour le Yémen, seule une fraction des fonds nécessaires pour répondre aux besoins de millions de personnes a été promise.

A Marib, au Yémen, une famille déplacée vient de recevoir des fournitures d'aide hivernale.
OIM
A Marib, au Yémen, une famille déplacée vient de recevoir des fournitures d'aide hivernale.

Des solutions durables sont nécessaires

Malgré une diminution significative des combats depuis la trêve négociée par l’ONU l’année dernière, plus de 4,3 millions de personnes sont toujours déplacées dans tout le pays. La plupart, pour l’instant, ne se sentent pas assez en sécurité pour rentrer chez elles et prévoient de rester jusqu’à nouvel ordre dans les régions où elles sont installées.

Beaucoup sont dispersées dans des centaines de camps de déplacés situés dans des régions sous-développées, principalement le long des lignes de front. D’autres ont trouvé refuge dans des zones urbaines ou dans des communautés d’accueil où les services sociaux sont plus facilement disponibles, mais la pauvreté sévit toujours.

À long terme, des solutions concrètes et durables pour ces communautés déplacées sont cruciales, rappelle l’Organisation internationale des Nations Unies pour les migrations (OIM).

L’OIM ajoute que des investissements importants doivent être effectués pour permettre de poursuivre ce travail vital, de promouvoir un avenir plus durable et une relance de l’activité à long terme grâce à la revitalisation de l’agriculture, de l’éducation, des systèmes d’approvisionnement en eau et d’autres infrastructures.

Un migrant se repose dans une clinique du nord du Yémen après un long et épuisant voyage
IOM/Rami Ibrahim
Un migrant se repose dans une clinique du nord du Yémen après un long et épuisant voyage

Exploitation et trafic d’êtres humains

Les migrants sont l’une des populations les plus vulnérables aux effets de la crise.

La route maritime qu’ils empruntent entre la Corne de l’Afrique et le Yémen est la deuxième plus fréquentée au monde. Et selon les données de l’OIM sur les déplacements de réfugiés, environ 90.000 migrants – principalement éthiopiens – ont déjà atteint les côtes yéménites en 2023, dans l’espoir de rejoindre ensuite l’Arabie saoudite.

Des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées bloquées au milieu de leur périple. Elles ont voyagé trop loin et sont trop endettées pour faire demi-tour, mais savent que la suite du voyage est trop meurtrière ou coûteuse pour qu’elles puissent poursuivre leur route, témoigne l’OIM, dont les représentants entendent tous les jours des récits de migrants exploités par des trafiquants et victimes de graves abus au cours de leur voyage. 

Un jeune migrant contemple la mer après son arrivée au Yémen en provenance de Djibouti
© UNOCHA/Giles Clarke
Un jeune migrant contemple la mer après son arrivée au Yémen en provenance de Djibouti

Esclavage, torture, extorsion

Les migrants se voient souvent promettre de bons emplois et des conditions de vie décentes et n’anticipent pas les défis auxquels ils seront confrontés. En réalité, selon l’OIM, des milliers d’entre eux sont vendus comme esclaves sexuels, victimes de tortures souvent filmées par leurs ravisseurs, qui envoient ces terribles vidéos aux familles pour leur extorquer une rançon, ou forcés de travailler pendant des mois sans salaire dans des fermes.

La situation s’est muée en une crise de trafic d’êtres humains d’une ampleur extraordinaire, a averti l’agence des Nations Unies. Beaucoup de déplacés peinent également à accéder aux services publics essentiels, tels que les soins de santé, les abris, les installations sanitaires et la nourriture, et sont dans le même temps victimes de stigmatisation et de discrimination.

Les humanitaires mobilisés le long du couloir oriental de cette route migratoire s’efforcent d’assurer le ravitaillement des migrants sur leur parcours et font de leur mieux pour aider ceux qui le souhaitent à retourner chez elles en toute sécurité et volontairement. Mais la demande pour ces services dépasse constamment les ressources disponibles pour tous les migrants dans le besoin.

L’agence des Nations Unies réclame donc des efforts plus significatifs de la part des dirigeants mondiaux pour mettre fin à la violence envers les personnes en déplacement au Yémen- et restaurer leurs droits – quels que soient leur origine ou leur statut migratoire.

l'OIM prodigue des services à des patients dans un centre médical sur la côte ouest du Yémen.
© IOM/Majed Mohammed
l'OIM prodigue des services à des patients dans un centre médical sur la côte ouest du Yémen.

Les Yéménites secourent les nouveaux arrivants

Témoins de ces dures réalités, ce sont avant tout les membres de la communauté yéménite qui déploient le plus d’efforts pour aider les nouveaux arrivants. Des milliers de Yéménites travaillent pour des agences humanitaires dans des zones dangereuses, et sont souvent partis loin de chez eux pour apporter une assistance aux communautés dans le besoin dans tout le pays.

Les communautés d’accueil, elles-mêmes encore sous le choc d’années de guerre, se sont mobilisées pour soutenir et accueillir ceux qui en ont désespérément besoin.

Des médecins yéménites prodiguent leurs soins aux personnes qui tombent malades pendant leurvoyages ; des ingénieurs construisent de vastes réseaux d’adduction d’eau dans les terres arides, les dirigeants communautaires s’affairent à atténuer les conflits causés par la diminution des ressources, et les enseignants transmettent leur savoir aux enfants dont l’éducation a été compromise par la guerre.

La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) dépend du soutien apporté à ces héros méconnus, pour qu’ils continuent d’apporter leurs contributions concrètes au développement et à la paix dans les pays en crise.