Fil d'Ariane
Arménie-Azerbaïdjan : l’ONU appelle à une cessation durable de toutes les hostilités dans une région disputée
Deux jours après le déclenchement par l’Azerbaïdjan d’une opération militaire dans la région du Karabakh (appelée aussi Haut-Karabakh) et l’annonce d’un cessez-le-feu, les Nations Unies ont appelé jeudi « à une cessation crédible et durable de toutes les hostilités ».
Le 19 septembre, l’Azerbaïdjan a annoncé avoir lancé « des activités locales de lutte contre le terrorisme dans la région économique du Karabakh » en réponse à la mort de deux civils et de quatre policiers dans des incidents impliquant des mines terrestres, prétendument placées par les forces armées arméniennes, a expliqué le Sous-Secrétaire général des Nations Unies chargé de l’Europe, de l’Asie centrale et des Amériques au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, Miroslav Jenca, lors d’un exposé devant le Conseil de sécurité.
« Les développements ont indiqué une sérieuse escalade des opérations militaires avec des informations faisant état de forces azerbaïdjanaises franchissant la ligne de contact. Des victimes ont été signalées, notamment parmi la population civile, et des milliers de personnes ont été évacuées dans la région », a ajouté M. Jenca, précisant que l’ONU, qui n’est présente ni le long de la ligne de contact, ni dans d’autres zones sous mandat des casques bleus russes, n’était pas en mesure de vérifier ou de confirmer ces diverses affirmations et allégations.
Deux guerres
La région majoritairement peuplée d’Arméniens a été le théâtre de deux guerres, l’une de 1988 à 1994 et l’autre à l’automne 2020. La Russie a un contingent de la paix déployé dans cette région depuis 2020. Selon la presse, au lendemain du déclenchement par l’Azerbaïdjan de cette opération militaire, les séparatistes arméniens ont annoncé qu’ils déposaient les armes.
Le haut responsable onusien a rappelé l’extrême préoccupation du Secrétaire général de l’ONU face à la récente reprise des hostilités.
« Le Secrétaire général exhorte toutes les parties concernées à respecter strictement le cessez-le-feu de 2020 », a-t-il ajouté, notant que le chef de l’ONU « reste profondément préoccupé par l'impact de l'escalade sur la situation humanitaire fragile et appelle toutes les parties à faciliter de toute urgence l'accès sans entrave de l'aide humanitaire aux civils dans le besoin ».
M. Jenca a observé que les développements de ces derniers jours doivent être considérés dans le contexte plus large de violations régulières du cessez-le-feu de 2020 qui persistent. Début septembre, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont fait état d'affrontements meurtriers le long de leur frontière au cours desquels plusieurs personnels ont été tués des deux côtés. Ces graves incidents ont été suivis de rapports faisant état de mouvements et de rassemblements de troupes, également des deux côtés.
Protéger la population civile
« On note l’annonce hier de la cessation des hostilités, la situation sur le terrain restant fluide. Nous comprenons également que, dans une démarche positive, les représentants de la population locale et le gouvernement de l'Azerbaïdjan se sont rencontrés plus tôt dans la journée pour un premier échange », a-t-il souligné.
« En conclusion, nous appelons à une cessation crédible et durable de toutes les hostilités. Toute nouvelle escalade entraînerait de nouvelles pertes en vies humaines et de nouvelles souffrances humaines et ferait encore reculer les efforts de paix soutenus par la communauté internationale », a-t-il ajouté. « La protection et les besoins essentiels de la population civile, y compris ses droits humains, doivent être la priorité absolue. Un véritable dialogue entre le gouvernement azerbaïdjanais et les représentants de la région, ainsi qu'un engagement total dans le processus de normalisation de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, constituent la seule voie durable pour avancer ».
Il a précisé que le Secrétariat de l’ONU restera en contact étroit avec tous les acteurs concernés et les parties concernées et se tient prêt à soutenir les efforts de paix en cours, si nécessaire. Le Secrétariat est également prêt à procéder à des évaluations des besoins humanitaires, s’il y a accès, et à fournir l’assistance nécessaire.