Fil d'Ariane
Les problèmes de financement persistent et minent l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens
En marge du 78ème débat général de l’Assemblée générale, le chef de l'agence des Nations Unies qui aide les réfugiés palestiniens au Moyen-Orient, l'UNRWA, a lancé jeudi un appel pour un financement cohérent et durable afin de poursuivre ses opérations et d'éviter les déficits chroniques.
Le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, s'est exprimé aux côtés du Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Jordanie, Ayman Safadi, à l'issue d'une réunion visant à soutenir le travail de son agence, qui est presque entièrement financé par les contributions des donateurs.
« Il est devenu absolument insupportable de faire face à une situation où les besoins des réfugiés palestiniens augmentent, où les attentes augmentent, où la région est frappée par de multiples crises, et en même temps de faire fonctionner des services de type public... avec des financements en baisse », a-t-il regretté.
La tension alimente également « un sentiment d'abandon de la part de la communauté internationale », a averti M. Lazzarini
Un soutien essentiel menacé
L'UNRWA fournit des services essentiels en matière d'éducation, de soins de santé, de protection et autres à près de six millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.
Créé en 1949 en tant qu'agence temporaire pour fournir une aide aux Palestiniens à la suite d'un déplacement massif de la terre qui est devenue Israël, elle constitue l'une des premières opérations humanitaires de l'ONU.
L'agence avait besoin de 190 millions de dollars d'ici la fin de l'année, et de 100 millions de dollars supplémentaires pour maintenir le flux d'aide dans la bande de Gaza, en Syrie et au Liban.
M. Lazzarini a déclaré que les promesses annoncées lors de la réunion lui permettraient de fonctionner au moins jusqu'à la fin du mois d'octobre, « ce qui signifie que nous devrons continuer à redoubler d'efforts pour mobiliser le soutien nécessaire à l'agence ».
L'UNRWA est en proie à des déficits de financement persistants. « Cette crise financière nous pousse à courir sans cesse après l'argent », a-t-il fait remarquer.
Recul de l’apprentissage
M. Lazzarini a récemment pris la décision d'ouvrir les écoles de l'UNRWA, même s'il n'était pas certain qu'elles restent ouvertes pour le reste de l'année. Plus d'un demi-million d'enfants dépendent de l'agence onusienne pour l'éducation, son « programme phare ».
Il a déclaré que l'éducation était durement touchée par la pandémie de COVID-19 et les mesures d'austérité, mais aussi par la violence dans les territoires palestiniens occupés et dans les camps de réfugiés, comme les affrontements entre factions dans le camp d'Ein El Hilweh, au Liban, ce mois-ci.
« Un indicateur que j'ai partagé avec les membres ici présents aujourd'hui est celui des données relatives à la quatrième année d'études cette année. Seuls 20% des élèves ont atteint la moyenne en arabe et en mathématiques, alors qu'ils étaient 60% en 2015 », a-t-il dit.
Une lueur d'espoir
La réunion des donateurs, qui s'est tenue pendant la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies, a été organisée par la Jordanie et la Suède.
M. Safadi a rappelé que l'UNRWA fêtera son 75e anniversaire l'année prochaine et que l'agence représente toujours le seul espoir pour les réfugiés palestiniens. Il a exhorté la communauté internationale à intensifier son soutien.
« Si nous ne sommes toujours pas en mesure d'établir la justice pour les réfugiés palestiniens, donnons-leur au moins une chance de vivre décemment et dans la dignité », a-t-il déclaré.