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Des experts de l’ONU fustigent une vague de recrutements « prédateurs » pour les conflits armés

« On assiste depuis peu à une vague de recrutements prédateurs pour les conflits armés », a indiqué mercredi un expert indépendant des Nations Unies devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. 

Selon le Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires, ce « recrutement prédateur » ciblerait souvent de jeunes hommes de faible statut socioéconomique, vivant déjà dans des zones de conflit, qui acceptent des missions mercenaires afin d’échapper à l’extrême pauvreté. 

« Ces dernières années, des formes de recrutement plus systématisées sont apparues, notamment en ligne. Ces mercenaires sont souvent payés en espèces pour leurs services temporaires, généralement pour des tâches spécifiques dans le cadre d’une mission particulière, sans lien permanent avec le recruteur », a déclaré Chris Kwaja, membre du Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires comme moyen de violer les droits de l’homme et d’empêcher l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Des recrues moins bien formées, mal équipées

Le « recrutement prédateur » est basé sur l’exploitation et l’intimidation, les recrues n’ayant aucune idée précise des activités auxquelles elles participeront, a souligné l’expert. À leur arrivée dans le pays de destination, les recrues sont souvent payées beaucoup moins que promis et les indemnités promises à elles-mêmes ou à leur famille en cas de décès ou de blessure ne sont pas toujours versées, a-t-il ajouté.

Les recrues victimes de ces prédateurs « sont moins bien formées, mal équipées et déployées en première ligne dans des conflits qui font un nombre de victimes disproportionné par rapport aux mercenaires traditionnels », a ajouté M. Kwaja, relevant que ces dernières sont souvent « recrutées par des tactiques trompeuses et sans que le type d’activités dans lesquelles elles seront impliquées ne soit clairement défini ».

Il arrive que des recrues, en particulier des jeunes hommes, se voient proposer l’effacement de leur casier judiciaire en échange de leur engagement dans des entreprises militaires privées de sécurité

Par ailleurs, le Groupe de travail a également reçu des informations sur le recrutement abusif, par des entreprises militaires et de sécurité privées, de prisonniers purgeant des peines privatives de liberté dans des pays dont ils ne sont pas ressortissants et sur leur déploiement dans des pays tiers.

Des enfants particulièrement exposés

Les recruteurs utilisent ici des moyens de pression qui suggèrent que l’enrôlement n’est généralement pas volontaire. 

« Il arrive également que des recrues, en particulier des jeunes hommes, se voient proposer l’effacement de leur casier judiciaire et soient graciés pour avoir échappé à la conscription en échange de leur engagement dans des entreprises militaires privées de sécurité », a fait remarquer M. Kwaja. 

Plus largement, la pratique du « recrutement prédateur » entraîne des répercussions dommageables sur les recrues, leurs familles et leurs communautés, et que les jeunes sont particulièrement exposés aux pratiques de recrutement abusives. A cet égard, « les enfants sont particulièrement exposés aux pratiques de recrutement abusives. Il arrive que des enfants soient recrutés de force pour des activités mercenaires et, dans certains cas, contraints par leurs parents, qui facilitent leur recrutement, motivés par l’appât du gain ».

M. Kwaja a recommandé qu’une approche fondée sur les droits de l’homme soit adoptée pour s’attaquer au mercenariat et aux pratiques de recrutement qui y sont liées – une approche prenant en compte les facteurs qui poussent des individus à participer à des activités mercenaires, en particulier l’extrême pauvreté et les inégalités. Il a aussi demandé aux États de combler les lacunes de la gouvernance mondiale en ce qui concerne les mercenaires et les sociétés militaires et de sécurité privées, en préparation du Sommet de l’avenir de 2024.

NOTE

Les experts indépendants et Rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.