Fil d'Ariane
#AGNU78 : « Il est grand temps de renouveler les institutions multilatérales », déclare Guterres aux Etats membres
A l’ouverture du débat général annuel de l’Assemblée générale des Nations Unies, mardi, au siège de l’Organisation à New York, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé qu’il était « grand temps de renouveler les institutions multilatérales » pour affronter les défis du 21ème siècle.
« Le monde a changé. Nos institutions, non. Nous ne pouvons pas traiter efficacement les problèmes tels qu’ils sont si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu’il est », a observé le chef de l’ONU devant les 193 Etats membres réunis dans la salle de l’Assemblée générale.
Selon lui, au lieu de nous aider à régler les problèmes, nos institutions risquent d’en être une des sources, dans un contexte où les clivages ne cessent de s’accentuer, qu’il s’agisse des clivages entre puissances économiques et militaires ou les clivages entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest.
Grande Fracture
« Nous nous rapprochons dangereusement d’une Grande Fracture dans les systèmes économiques et financiers et les relations commerciales, qui met en péril l’existence d’un Internet ouvert et unique, et s’accompagne de stratégies divergentes concernant les technologies et l’intelligence artificielle, le risque étant que les cadres de sécurité soient en conflit », a-t-il ajouté.
Selon le Secrétaire général, « il est grand temps de renouveler les institutions multilatérales sur la base des réalités économiques et politiques du XXIe siècle – et de les ancrer dans l’équité, la solidarité et l’universalité – conformément aux principes de la Charte des Nations Unies et du droit international ».
Il estime que cela demande de « réformer le Conseil de sécurité pour l’adapter au monde d’aujourd’hui » et de « repenser l’architecture financière internationale pour qu’elle devienne véritablement universelle et soit un filet de sécurité mondial pour les pays en développement en difficulté ».
Le chef de l’ONU a dit toutefois qu’il ne se faisait pas d’illusions, notant que « les réformes sont affaire de pouvoir » et qu’il existe « de nombreux intérêts concurrents et priorités contradictoires ».
Besoin de compromis
« Mais l’alternative n’est pas entre la réforme et le statu quo. L’alternative est entre la réforme et une fragmentation encore plus grande. C’est la réforme ou la rupture », a-t-il dit, observant que « les fossés se creusent à l’intérieur des pays », que la « démocratie est menacée », que « l’autoritarisme est en marche », que « les inégalités s’aggravent », et que « les discours de haine se propagent ».
Face à tous ces défis et à bien d’autres encore, le mot « compromis » semble être devenu tabou, a-t-il souligné.
« Ce dont notre monde a besoin, c’est d’une vision politique, pas de manœuvres ni d’une impasse », a-t-il ajouté, appelant à un « compromis mondial ».
« La politique, c’est le compromis. La diplomatie, c’est le compromis. Un leadership efficace, c’est le compromis. Les dirigeants du monde ont le devoir de parvenir à un compromis pour construire un avenir commun de paix et de prospérité, dans l’intérêt commun », a-t-il martelé.