Fil d'Ariane
Un champion de l'environnement considère les fleuves et les rivières comme les « artères de notre planète »
Le nageur d'endurance Lewis Pugh a troqué l'océan pour le fleuve Hudson dans l'État de New York, déclarant à la fin de son épopée de 517 kilomètres le long du fleuve que « nous ne pouvons jamais devenir complaisants lorsqu'il s'agit de protéger l'environnement ».
Parrain officiel des océans du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), M. Pugh a expliqué qu'il avait entrepris ce marathon à la nage, qui s'est terminé mercredi 13 septembre à la pointe de Manhattan, pour souligner la nécessité urgente de protéger les voies navigables de la planète avant le traité historique des Nations Unies sur la haute mer et le Sommet sur l'ambition climatique, qui se déroule cette semaine.
Coiffé de son bonnet de bain du PNUE, M. Pugh est sorti de l'eau au port de New York, à quelques pas du World Trade Center, devant une foule de supporters et de curieux.
Un marathon à la nage de rêve
Ce Britannique et Sud-Africain de 53 ans a commencé son périple de 32 jours le 13 août dans un petit lac situé juste au sud du village de Lake Placid, dans les Adirondacks. Pendant plus d'un mois, il a nagé sur toute la longueur du fleuve, parcourant parfois plus de 20 km en une seule journée.
« Je rêvais de cette périple à la nage depuis de nombreuses années, mais l'attente en valait la peine. Au cours du dernier mois, j'ai appris à connaître intimement le fleuve Hudson, et j'ai l'impression de m'être fait un ami pour la vie », a déclaré M. Pugh.
Il s'est dit émerveillé par l'extraordinaire biodiversité qu'il a vue, ce qui l'a aidé à surmonter la douleur physique de la natation.
Cela a également renforcé sa détermination à continuer à défendre les écosystèmes marins endommagés dans le monde entier.
« Les aigles à tête blanche, les vautours, les castors, les ours noirs. Nager jusqu'à Albany, me mettre sur le dos pour faire un peu de dos crawlé afin d'ouvrir ma poitrine et voir un balbuzard me suivre lentement le long du fleuve... C'est quelque chose que vous n'oublierez jamais », s’est-il rappelé.
« Mais nous ne devons jamais oublier l'histoire de l'Hudson. Oui, il faut faire plus et nous devons rester vigilants. Mais l'Hudson me donne de l'espoir. J'espère qu'il donne l'espoir aux gens du monde entier qu'un jour, leurs fleuves et rivières pourront également être sauvés ».
Efforts pour nettoyer le fleuve
M. Pugh a choisi l'Hudson pour mettre en lumière les efforts fructueux déployés pour nettoyer le fleuve au cours des dernières décennies et pour encourager d'autres pays à adopter des mesures similaires pour certains des cours d'eau les plus pollués du monde.
« Je suis très heureux que nous ayons pu réussir ce périple à la nage et je pense que ce fleuve est emblématique des fleuves et rivières du monde entier », a déclaré M. Pugh. « L'eau est essentielle à la vie sur Terre. Si nous voulons avoir des océans en bonne santé, nous devons aussi avoir des fleuves et des rivières en bonne santé. Ce sont les artères de notre planète ».
Une histoire de pollution
Il y a 150 ans à peine, le fleuve Hudson était l'un des écosystèmes les plus productifs au monde. Les populations d'esturgeons, de harengs de rivière et de crabes bleus utilisaient le fleuve comme corridor entre l'océan Atlantique et les frayères situées en amont.
Au début du XXe siècle, cependant, la croissance démographique et l'industrialisation ont dévasté cette voie d'eau internationale. Le déversement de déchets chimiques, la surpêche et la fragmentation de l'habitat ont menacé la biodiversité du fleuve et les communautés qui en dépendaient.
Les efforts déployés pour assainir l'Hudson et ses nombreux affluents au cours des 50 dernières années ont toutefois commencé à porter leurs fruits. En 1972, les États-Unis ont adopté la Clean Water Act, qui interdit aux entreprises de déverser des déchets chimiques dans les voies navigables du pays.
L'interdiction de la pêche commerciale a été introduite en 1976 et prolongée en 1985. En 2002, les autorités ont commencé à draguer les sédiments du lit du fleuve chargés de polychlorobiphényles (PCB) qui avaient contaminé un tronçon de 320 km du fleuve.
Le rôle des Nations Unies
Selon le PNUE, l'eau, les inégalités et l'environnement sont étroitement liés.
Des milliards de personnes dans le monde vivent actuellement sans accès à de l'eau potable et à des services d'assainissement gérés en toute sécurité, bien que l'accès à ces deux services ait été défini comme un droit humain.
Cette situation a encouragé les États membres des Nations Unies à renouveler leur volonté de s'attaquer enfin aux dommages causés aux cours d'eau de la planète avant le Sommet sur l'ambition climatique, prévu le 20 septembre.
S'appuyant sur l'héritage de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, le traité sur la haute mer vise à garantir la conservation et l'utilisation durable des ressources marines au-delà des frontières maritimes nationales.
Il fournit un cadre pour une coopération accrue entre les États membres et d'autres parties prenantes internationales afin de promouvoir le développement durable des océans et de leurs ressources.
Sa mise en œuvre apportera des contributions essentielles aux objectifs et aux cibles du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
Un immense privilège
« C'est un énorme privilège de pouvoir représenter l'ONU, et je me sens passionné par le fait que les pays travaillent ensemble pour résoudre les problèmes environnementaux. Les nations pourront venir à l'ONU et ratifier le traité sur la haute mer », a déclaré M. Pugh à ONU Info, peu après sa sortie de l'eau. « C'est la dernière partie du monde qui a enfin besoin d'être protégée ».
Le traité fournit, pour la première fois, un cadre juridique international pour l'évaluation des effets cumulés du changement climatique dans les zones situées au-delà des frontières maritimes nationales.
Il renforcera également la coopération internationale afin que tous les États membres puissent bénéficier d'écosystèmes marins sains.
Coup de pouce à la conservation internationale
« Ce traité est important car, jusqu'à présent, les efforts de conservation des écosystèmes marins étaient limités aux eaux territoriales des différents pays », a dit Jamil Ahmad, Directeur des affaires intergouvernementales du PNUE à New York, à ONU Info.
« Désormais, avec le traité sur la haute mer, les océans dans leur ensemble seront placés sous la juridiction de la gouvernance environnementale, et nous aurons une coopération, des partenariats et des collaborations entre les pays et les régions au niveau mondial pour protéger les écosystèmes mondiaux », a-t-il ajouté.
Le traité sur la haute mer sera ouvert à la signature au siège des Nations Unies à New York pendant deux ans à compter du 20 septembre 2023, le lendemain du sommet sur les objectifs de développement durable de 2023. Il entrera en vigueur après sa ratification par 60 États.