Fil d'Ariane
Plus de 330 millions d’enfants en situation d’extrême pauvreté, alerte l’UNICEF
La pandémie de Covid-19 a fortement ralenti la lutte contre la pauvreté chez les plus jeunes, et 333 millions d’enfants vivent toujours en situation d’extrême pauvreté à travers le monde, selon un nouveau rapport de l’UNICEF et de la Banque mondiale publié jeudi.
C’est ainsi un enfant sur six dans le monde qui vit avec moins de 2,15 dollars par jour. Sans les perturbations liées à la Covid-19, 30 millions d’enfants supplémentaires auraient pu être sortis de la pauvreté, la pandémie ayant entrainé un retard de 3 ans en matière de lutte contre la réduction de l’extrême pauvreté.
Dans ces conditions, les conclusions du document semblent éloigner l’objectif ambitieux que s’était fixé l’ONU, d’éradiquer l’extrême pauvreté des enfants d’ici 2030.
« Il y a sept ans, le monde a formulé la promesse de mettre fin à l’extrême pauvreté infantile d’ici à 2030. Les crises aggravées, dues aux conséquences de la Covid-19, aux conflits, au changement climatique et aux chocs économiques, ont bloqué les progrès et laissé des millions d’enfants dans une pauvreté extrême », a déclaré la Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Catherine Russell.
L’Afrique subsaharienne, région la plus touchée
À l’échelle mondiale, les enfants représentent plus de 50% des personnes en situation d’extrême pauvreté, alors qu’ils ne constituent qu’un tiers de la population mondiale. Les enfants sont près de deux fois plus susceptibles que les adultes – 15,8% contre 6,6% – de vivre dans des ménages extrêmement pauvres, où ils ne disposent pas de nourriture en suffisance, d’installations sanitaires adéquates, d’abris, et d’accès aux soins de santé et à l’éducation dont ils ont besoin pour survivre et s’épanouir.
Contrairement aux autres régions du monde, qui ont toutes enregistré ces dernières années un déclin de la pauvreté infantile, l’Afrique subsaharienne l’a vu grimper, poussée par la croissance démographique rapide, le Covid-19, les conflits et les catastrophes liées au climat.
C’est en Afrique subsaharienne où la proportion d’enfants vivant dans l’extrême pauvreté a le plus augmenté au cours de la dernière décennie. Elle est ainsi passée de 54,8% en 2013 à 71,1% en 2022.
Parallèlement, toutes les autres régions du monde ont connu une baisse constante des taux d’extrême pauvreté, à l’exception du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
« Nous ne pouvons pas laisser tomber ces enfants maintenant », a ajouté la cheffe de l’UNICEF. « Mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique », a-t-il insisté, appelant « à redoubler d’efforts pour que tous les enfants aient accès aux services essentiels, notamment à l’éducation, à la nutrition, aux soins de santé et à la protection sociale, tout en s’attaquant aux causes profondes de l’extrême pauvreté ».
Pour une expansion des programmes universels d’allocations familiales
Par ailleurs, les enfants les plus vulnérables – notamment ceux qui vivent en milieu rural et ceux dont le chef de famille n’est pas ou peu éduqué – sont nettement plus touchés par l’extrême pauvreté.
Face à ces chiffres alarmants sur la pauvreté infantile, la Banque mondiale et l’UNICEF ont appelé les pays à donner la priorité à la lutte contre la pauvreté des enfants et à adopter une série de mesures, notamment l’expansion des programmes universels d’allocations familiales. Il s’agit ainsi de concevoir des portefeuilles de politiques publiques pour aider les ménages nombreux, ceux qui ont des enfants en bas âge et ceux qui vivent dans des zones rurales.
« Un monde où 333 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté – privés non seulement de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, mais aussi de dignité, d’opportunités ou d’espoir – est tout simplement intolérable » a fait valoir Luis-Felipe Lopez-Calva, Directeur mondial de la Banque mondiale chargé de la pauvreté et de l’équité. « Ce rapport nous rappelle sans détour qu’il n’y a pas de temps à perdre dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités, et que les enfants doivent être au cœur de nos efforts ».