Fil d'Ariane
Inquiétude sur le sort de centaines de milliers de réfugiés et migrants qui tentent de franchir la brèche du Darien
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit préoccupé, mardi, par les risques et les vulnérabilités auxquels est confronté un nombre sans précédent de migrants et de réfugiés qui traversent la brèche du Darien - la forêt tropicale dense qui sépare la Colombie et le Panama - dans leur voyage vers l’Amérique du Nord.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), plus de 330.000 personnes ont franchi Darien depuis le début de l’année. Il s’agit du chiffre annuel le plus élevé jamais enregistré.
Une personne sur cinq était un enfant. « À titre de comparaison, on estime qu’environ 248.000 personnes ont traversé cette région au cours de l’année 2022 », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Marta Hurtado, porte-parole du HCDH, ajoutant les multiples abus dont sont exposés les migrants et les réfugiés au cours de leur voyage.
Meurtres, disparitions, trafics, vols ou intimidations
Il s’agit notamment des violences sexuelles, qui représentent un risque particulier pour les enfants, les femmes, les personnes LGBTI et les personnes handicapées. Il y a également des meurtres, des disparitions, des trafics, des vols et des intimidations de la part de groupes criminels organisés.
Comme pour aggraver les choses, l’attention humanitaire limitée, tant au Panama qu’au Costa Rica, aggrave les conditions de vie précaires et augmente la vulnérabilité des populations. « Les risques sont d’autant plus grands que la traversée de cette jungle de quelque 575.000 hectares est périlleuse », a insisté Mme Hurtado.
Pendant la saison sèche, les migrants et les réfugiés marchent en moyenne de quatre à sept jours pour traverser la trouée du Darien. Pendant la saison des pluies, qui dure neuf mois, cela peut prendre jusqu’à dix jours.
Sur place, le gouvernement du Panama a construit, avec le soutien de la communauté internationale, deux centres d’accueil pour les migrants dans la province de Darien et un autre à la frontière avec le Costa Rica, afin de fournir des abris, de la nourriture, des soins de santé, de l’eau et des installations sanitaires.
Eviter les récits discriminatoires et anti-migrants
Cependant, le grand nombre de personnes en mouvement a mis à rude épreuve la capacité des autorités panaméennes sur le terrain à continuer à fournir une protection et à répondre aux besoins humanitaires des réfugiés et des migrants.
« Nous comprenons les défis et reconnaissons les efforts du Costa Rica et du Panama pour répondre aux besoins humanitaires des personnes dans le contexte d’importants mouvements mixtes aux frontières », a fait valoir la porte-parole du HCDH, tout en plaidant pour une gouvernance des frontières conforme au droit international et aux normes internationales. « Nous rappelons également la nécessité d’éviter les récits discriminatoires et anti-migrants ».
Les services du Haut-Commissaire Türk demandent également à la communauté internationale de renforcer son soutien aux États des Amériques pour combler ces lacunes en matière de protection.
« Nous encourageons en outre les États de la région à s’attaquer aux facteurs structurels qui obligent les gens à quitter leur foyer et à entreprendre des voyages périlleux en quête de sécurité et d’une vie plus digne pour eux et leur famille », a conclu Mme Hurtado.