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Coups d’État en Afrique : les gouvernements militaires ne sont pas la solution, affirme le chef de l’ONU

Au lendemain du coup d’Etat militaire au Gabon, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné que les gouvernements militaires ne constituaient pas une solution et qu’au contraire ils aggravaient les problèmes.

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Des militaires ont annoncé mercredi avoir renversé le Président du Gabon, Ali Bongo, et annulé le résultat des élections générales qui le donnait vainqueur.

Il s'agit du huitième coup d’État en Afrique de l’Ouest et du Centre depuis 2020. Des coups d'Etat ont eu lieu au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Soudan et au Niger.

« Permettez-moi de commencer par quelques mots sur la succession de coups d’État militaires auxquels nous avons assisté ces derniers mois, notamment sur le continent africain », a déclaré le Secrétaire général lors d’un point de presse au siège des Nations Unies à New York.

« De nombreux pays sont confrontés à des problèmes de gouvernance profondément ancrés. Mais les gouvernements militaires ne sont pas la solution. Ils aggravent les problèmes. Ils ne peuvent pas résoudre une crise. Ils ne peuvent qu’empirer les choses », a dit M. Guterres, qui a exhorté « tous les pays à agir rapidement pour établir des institutions démocratiques crédibles et l’État de droit ».

M. Guterres a souligné la nécessité de renforcer les organismes internationaux tels que l'Union africaine, dans leurs efforts diplomatiques visant à promouvoir la paix, la stabilité et la démocratie sur le continent. 

Dans le même temps, il faut créer des conditions permettant aux citoyens africains de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité politique, le manque de développement étant un facteur majeur, a-t-il déclaré. « Le développement est un objectif central si nous voulons créer les conditions de la paix et de la stabilité en Afrique », a déclaré le Secrétaire général en réponse à une question d'un journaliste.

Appel à la retenue au Gabon

Mercredi, le chef de l’ONU a condamné fermement « la tentative de coup d'Etat en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale » au Gabon. Il a aussi noté « avec une profonde inquiétude l'annonce des résultats des élections alors que des allégations de sérieuses violations des libertés fondamentales ont été signalées ».

Il a appelé tous les acteurs concernés au Gabon à faire preuve de retenue, à engager un dialogue inclusif et constructif et à veiller à ce que l'État de droit et les droits de l'homme soient pleinement respectés.

Jeudi, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a également fermement condamné le coup d’Etat au Gabon et a appelé au plein respect des droits humains et de l’Etat de droit.

De son côté, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a annoncé jeudi la suspension avec effet immédiat du Gabon.

Diplomatie plus importante que jamais

Lors de son point de presse jeudi, M. Guterres a également évoqué une série de déplacements de haut niveau qu'il va effectuer la semaine prochaine et au cours desquels il souhaite mobiliser un soutien à la diplomatie et au multilatéralisme, avant à l'ouverture de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies, fin septembre.

Ce week-end, il se rendra au Sommet africain sur le climat au Kenya. Il se rendra ensuite en Indonésie pour assister au 13e Sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et de l'ONU, puis à New Delhi, la capitale indienne, pour le sommet du G20, et enfin à Cuba pour le sommet du G77 et de la Chine.

« J'ai hâte de dialoguer avec les dirigeants mondiaux lors de ces quatre sommets très différents avant que le monde ne se réunisse pour l'ouverture de l'Assemblée générale », a déclaré M. Guterres.

Les points clés de son ordre du jour pour les quatre sommets comprennent l'action climatique en Afrique, la crise au Myanmar (Sommet ASEAN-ONU), la réforme des institutions financières mondiales (G20) et la remise sur les rails du Programme de développement durable à l'horizon 2030 (G-77 et Chine).

« La diplomatie est plus importante que jamais pour faire face aux tensions de notre nouveau monde multipolaire », a dit le chef de l'ONU, ajoutant : « Le dialogue reste le seul moyen de trouver des approches communes et des solutions communes aux menaces et défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés ».