Fil d'Ariane
Les pays africains se mobilisent face à la dangereuse menace de la résistance antimicrobienne
Les ministres africains de la Santé ont approuvé, mardi à Gaborone (Botswana), une stratégie régionale pour accélérer la lutte contre la résistance antimicrobienne, qui a contribué à 1,27 million de décès en 2019 en Afrique subsaharienne.
La résolution adoptée lors de la soixante-treizième session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique vise à renforcer la coordination et la gouvernance de l’action contre la résistance antimicrobienne, à améliorer la sensibilisation et la compréhension du problème.
Il s’agit également d’intensifier la surveillance de la résistance antimicrobienne, ainsi que de consolider les réglementations et lois nationales pertinentes.
L’objectif de la stratégie régionale est que, d’ici à 2030, tous les pays aient une approche « Une seule santé » opérationnelle qui englobe la santé humaine, animale et environnementale, pour leurs actions prioritaires face à la résistance antimicrobienne. L’ensemble des pays devraient également avoir un système de suivi et d’évaluation et mettre en place une plateforme de collecte, d’analyse et de partage des données.
Plus de 4 millions de personnes pourraient mourir
De plus, les pays doivent mettre en œuvre des mesures afin d’optimiser l’utilisation responsable des antimicrobiens dans les établissements de santé d’ici à 2030.
« La menace croissante que représente la résistance antimicrobienne nécessite une action renforcée et soutenue de la part de tous, que ce soient les gouvernements ou les individus, à travers tous les secteurs », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, relevant que l’agence onusienne va continuer « de soutenir les pays pour renforcer les mesures de riposte efficace contre la résistance antimicrobienne. »
Le continent africain fait face à un lourd fardeau de résistance antimicrobienne, qui survient lorsque des bactéries, des virus, des champignons ou des parasites se transforment (mutent) avec le temps et ne réagissent plus aux médicaments. Ce qui rend les infections plus difficiles à traiter, selon l’OMS.
L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU estime que, dans le monde, environ 10 millions de personnes – dont 4,1 millions dans la Région africaine – pourraient mourir à cause de la résistance antimicrobienne d’ici à 2050.
Manque d’engagement politique
Bien que la plupart des pays africains disposent de plans d’action pour répondre à la résistance antimicrobienne, leur mise en œuvre reste faible dû à un manque d’engagement politique et à une surveillance antimicrobienne inadéquate. D’autres facteurs concernent les capacités insuffisantes des laboratoires et des moyens permettant de garantir une utilisation optimisée des antimicrobiens et de renforcer la sensibilisation et la compréhension de la menace posée par la résistance antimicrobienne.
De faibles mesures de prévention et de contrôle des infections, ainsi que des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement insuffisants posent également problème. Le fardeau de la résistance antimicrobienne est également aggravé par le manque d’application des prescriptions et de la réglementation des ventes, d’une utilisation excessive des antibiotiques chez les humains et dans l’alimentation animale, ce qui entraîne une propagation des souches résistantes aux antibiotiques.
L’utilisation inappropriée des antimicrobiens chez les humains, au niveau des plantes et du bétail augmente le risque d’infection par des microbes résistants aux traitements disponibles, ce qui peut potentiellement entraîner des maladies graves et le décès.