Fil d'Ariane
L’ONU appelle à l’interdiction des essais nucléaires pour éviter un « suicide collectif »
Les Nations Unies ont appelé mardi à davantage de mesures dans le monde pour mettre fin aux essais nucléaires, mettant en garde contre le danger d’un « suicide collectif ».
Dans son message marquant la Journée internationale contre les essais nucléaires, le Secrétaire général António Guterres a appelé les principaux pays à ratifier le traité international qui interdit les expériences à des fins pacifiques et militaires.
Montée des divisions
« Cette année, nous sommes confrontés à une montée alarmante de la méfiance et des divisions à l’échelle mondiale », a-t-il déclaré. « À l’heure où près de 13.000 armes nucléaires sont stockées dans le monde – et où les pays s’efforcent d’améliorer leur précision, leur portée et leur puissance destructrice – c’est une recette pour l’anéantissement ».
Le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) représente donc « une étape fondamentale dans notre quête d’un monde exempt d’armes nucléaires », a-t-il ajouté.
Le traité a été ouvert à la signature en septembre 1996 mais n'est pas encore entré en vigueur car il doit être signé et ratifié par 44 pays spécifiques détenteurs de technologies nucléaires. Parmi eux, huit ne l'ont pas encore ratifié : la Chine, l'Égypte, l'Inde, l'Iran, Israël, le République populaire démocratique de Corée, le Pakistan et les États-Unis.
« Au nom de toutes les victimes des essais nucléaires, j'appelle tous les pays qui n'ont pas encore ratifié le Traité à le faire immédiatement, sans conditions », a dit M. Guterres.
Un traité pas encore entré en vigueur
Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a fait écho à ce message lors d'un événement commémoratif au siège de l'ONU à New York.
« La méfiance accrue, la concurrence géopolitique et le nombre croissant de conflits armés n’ont fait qu’accroître les dangers qui pèsent sur notre monde. Surtout si l’on considère les menaces régulières de recours à une frappe nucléaire dans la guerre en cours contre l’Ukraine », a-t-il déclaré.
M. Kőrösi a appelé à « une approche du désarmement centrée sur l’humain », car investir dans les armes nucléaires est tout simplement incompatible avec les engagements mondiaux visant à parvenir à un avenir plus durable pour tous les peuples et pour la planète.
Il a déclaré que le TICE reste « un rappel brutal que nous avons des affaires en suspens » et a exhorté les pays restants à signer et à ratifier le traité.
Le Président de l’Assemblée générale a également souligné l’importance de tirer les leçons de l’histoire « en particulier à un moment pareil, semé de tant de dangers ».
Mettre fin à la menace
Il a donné l'exemple d'une Japonaise, Teruko Yahata, 85 ans, qui était enfant lorsque la bombe atomique a été larguée sur Hiroshima en août 1945, détruisant la ville. Aujourd'hui, elle donne des présentations à des personnes du monde entier sur l'impact d'une explosion nucléaire.
« Au nom de tous ceux qui ont souffert des essais nucléaires ou des détonations nucléaires, au nom de nos proches et des générations futures, il est temps d'empêcher la destruction nucléaire mondiale », a-t-il dit. « Il est temps de mettre fin à la menace de notre suicide collectif ».
La Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a également souligné l'urgence d'agir.
Bien que le TICE ne soit pas entré en vigueur, il reste « un témoignage monumental » de l’objectif mondial de reléguer les armes nucléaires au rang de l’histoire.
« Les moratoires unilatéraux contre les essais adoptés par les États dotés d’armes nucléaires méritent d’être salués. Cependant, ils ne remplacent pas une interdiction juridiquement contraignante de tous les essais nucléaires », a-t-elle estimé.
De la parole aux actes
La Journée internationale contre les essais nucléaires est célébrée chaque année le 29 août depuis 2010.
Cette date marque l'anniversaire de la fermeture en 1991 du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk au Kazakhstan, le plus grand du genre dans l'ex-Union soviétique, où plus de 450 engins nucléaires ont explosé en quatre décennies.
Le Bureau des Nations Unies pour les affaires de désarmement, le Kazakhstan et ses partenaires ont organisé mardi matin une marche symbolique #StepUp4Disarmament au siège de l'ONU, pour marquer la Journée internationale – dans le cadre d'une campagne mondiale visant à faire pression pour un monde sans armes nucléaires.