Fil d'Ariane
TÉMOIGNAGE - Une adolescente thaïlandaise devient éducatrice après avoir abandonné ses études
Une jeune femme du nord de la Thaïlande raconte comment elle a changé de vie après s'être tournée vers la drogue et avoir abandonné l'école à l'âge de 15 ans, grâce à un programme soutenu par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).
Chompunuch Maneechat, connue sous le nom de Baitoey, s'est entretenue avec ONU Info sur l'importance pour les jeunes de saisir toutes les occasions de s'améliorer et de contribuer à la société par un travail utile.
« J'ai quitté l'école de ma ville natale, Phrae, à l'âge de 15 ans, car je préférais sortir en boîte le soir et me droguer plutôt que d'aller à l'école. J'ai ignoré les conseils de ma grand-mère qui me disait que je gâchais ma vie et que j'avais besoin d'une éducation parce que j'étais tout simplement trop têtue. Je ne vivais pas avec mes parents.
Avec le recul, je me rends compte que c'était une période très dangereuse pour moi. Je prenais des tranquillisants, des drogues qui vous calment et vous détendent, et je les mélangeais avec du soda et des médicaments contre la toux, et je m'évanouissais souvent avec cette combinaison. J'ai fait cela de manière assez intensive pendant une année entière. Je me considère très chanceuse de ne pas avoir été abusée sexuellement pendant cette période. J'étais bruyante et incontrôlable et je me déplaçais à l'arrière des motos des hommes.
J'ai vite compris que je devais gagner de l'argent, mais que j'avais très peu de perspectives d'emploi. J'ai donc accepté un poste dans une usine de meubles où mon rôle consistait à polir des meubles en teck très lourds. C'était un travail manuel difficile. Sur le chemin du travail, je croisais mes anciens amis qui se rendaient à l'école. Ils portaient leur uniforme scolaire et je me suis rendu compte à quel point nos vies étaient différentes.
Ma vie a commencé à s'améliorer lorsque j'ai commencé à assister à des réunions organisées par le groupe de Palang Jo, qui mène des activités avec l'UNFPA en Thaïlande et Reckitt en se concentrant sur les jeunes qui ont abandonné l'école comme moi, mais aussi sur d'autres initiatives intéressantes axées sur la grossesse chez les adolescentes et les conseils en matière de santé sexuelle et génésique.
J'ai vraiment apprécié le travail accompli par le groupe et je suis devenue une bénévole régulière, puis une animatrice de jeunesse et une éducatrice, ce pour quoi je suis rémunérée. J'ai eu l'occasion de me rendre à Bangkok, la capitale de la Thaïlande, pour une formation avec l'UNFPA, et c'était la première fois que je prenais l'avion.
Grossesse chez les adolescentes
Aujourd'hui, j'ai fait partie de l'équipe de Palang Jo qui a visité une école dans un district plus rural à l'extérieur de la ville de Phrae, où il y a eu une augmentation des grossesses chez les adolescentes pendant la pandémie de Covid-19 après que les étudiants ont été forcés d'étudier à la maison.
Nous avons eu une séance avec un groupe de garçons et de filles âgés de 12 à 13 ans, et nous les avons amenés à parler des changements de leur corps lorsqu'ils atteignent la puberté. Ils ont également appris à connaître les contraceptifs, y compris la pilule contraceptive, ainsi que les préservatifs. Les élèves ont beaucoup ri lorsqu'ils ont dû s'exercer à utiliser le préservatif sur un pénis en plastique.
Plus tard dans la journée, j'ai accompagné Palang Jo à la gare de Denchai, où les enfants plus âgés se réunissent pour socialiser. Beaucoup d'entre eux avaient, comme moi, abandonné l'école, et ce sont mes amis. J'ai distribué des préservatifs et leur ai parlé du risque de grossesse chez les adolescentes.
J'ai persuadé l'un de mes amis d'arrêter de se droguer, je considère donc que c'est une réussite et une bonne raison pour moi d'être une éducatrice.
J'ai maintenant 23 ans et j'étudie en vue d'obtenir une licence en engagement communautaire et social.
Si j'avais un message à faire passer aux jeunes de 15 ans, ce serait de rester à l'école et d'étudier, car sans éducation, il est très difficile de trouver un bon emploi. La Thaïlande est une société vieillissante, et tous les jeunes ont donc le devoir de tirer le meilleur parti des possibilités qui s'offrent à eux ».