Fil d'Ariane
Ukraine : 18 mois de guerre et des « souffrances inimaginables »
La cheffe des affaires politiques de l’ONU a souligné jeudi les souffrances humaines « inimaginables » dues à l’invasion russe de l’Ukraine, alors que la guerre dure depuis 18 mois.
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a fait un exposé lors d'une réunion du Conseil de sécurité, qui coïncidait également avec le 32e anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine.
« Je voudrais aujourd’hui féliciter le peuple ukrainien et profiter de cette occasion pour souligner une fois de plus que l’engagement de l’ONU en faveur de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues est inébranlable », a-t-elle dit.
« Consciente des appels croissants partout dans le monde en faveur de la fin de la guerre, je réitère l'engagement de l'ONU à soutenir tous les efforts significatifs visant à parvenir à une paix juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions pertinentes de l'Assemblée générale », a-t-elle ajouté.
Depuis le déclenchement des hostilités le 24 février 2022, le conflit a eu des conséquences dévastatrices pour les civils. Le bureau des droits de l'homme des Nations Unies, le HCDH, a confirmé qu'au moins 9.444 civils sont morts, dont 545 enfants, et environ 17.000 blessés, dont 1.156 enfants.
Cependant, certaines estimations évaluent le nombre total de morts – civils et militaires des deux côtés – à un demi-million.
Annulation des progrès réalisés dans la lutte contre la faim
« Et il n’y a pas de fin en vue à cette guerre, lancée en violation des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. En effet, depuis le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire le 17 juillet, les combats n’ont fait que s’intensifier », a déclaré Mme DiCarlo aux ambassadeurs.
Elle a souligné l'impact sur la sécurité alimentaire mondiale, notant que les attaques ciblant les installations céréalières risquaient d'anéantir les progrès dans la lutte contre la faim.
« Le Secrétaire général continue de souligner l'importance des exportations de produits alimentaires et d'engrais de la Russie et de l'Ukraine pour la sécurité alimentaire mondiale et de plaider en faveur de la reprise de l'Initiative de la mer Noire », a souligné Mme DiCarlo.
Bilan environnemental et culturel
La haute responsable de l’ONU a également souligné l’impact du conflit sur l’environnement et sur le patrimoine culturel ukrainien.
L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a constaté d'importants dégâts sur quelque 284 sites culturels. Parmi eux se trouvent 120 sites religieux, dont le centre historique d'Odessa, une zone protégée par la Convention du patrimoine mondial, a-t-elle précisé.
« Une autre évaluation récente de l'ONU sur l'impact de la destruction du barrage de Kakhovka a conclu que la rupture a provoqué un désastre environnemental de grande envergure, dont l'ampleur pourrait ne pas être claire avant des décennies », a ajouté Mme DiCarlo.
Résilience des femmes ukrainiennes
Bien qu’elles aient supporté le poids du conflit, représentant notamment l’écrasante majorité des 6,2 millions de personnes contraintes de se déplacer vers d’autres pays, les femmes ukrainiennes « se sont tenues à l’avant-garde » de la réponse humanitaire, a dit Mme DiCarlo.
« Les organisations de la société civile dirigées par des femmes ont été parmi les premières à répondre à cette invasion de grande ampleur », a-t-elle déclaré, soulignant le soutien de l'ONU aux organisations de la société civile qui viennent en aide aux femmes et aux filles en Ukraine et aux personnes déplacées en Moldavie.
Les enfants n’ont pas non plus été épargnés, avec plusieurs attaques contre des écoles et des établissements de santé, a-t-elle ajouté.
Mme DiCarlo a également exprimé son inquiétude quant à l'impact possible sur les civils des bombardements des communautés frontalières russes et des attaques de drones au plus profond de la Russie, y compris à Moscou.
« Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles – où qu’elles se produisent – sont indéfendables et strictement interdites par le droit international », a-t-elle déclaré.