Fil d'Ariane
Les Syriens souffrent de l'impasse politique, déplore l’Envoyé spécial de l'ONU
Le seul moyen de sortir de la guerre en Syrie est un processus politique, qui aiderait également à résoudre les nombreuses crises qui affectent le pays, a déclaré mercredi l'Envoyé spécial de l'ONU, Geir Pedersen, au Conseil de sécurité.
« Il est profondément troublant que, depuis plus d'un an, le processus politique intra-syrien soit gelé », a-t-il dit, s'exprimant par vidéoconférence. « Un processus politique est un droit du peuple syrien, qui a le droit de décider de son propre destin ».
M. Pedersen a déclaré que les Syriens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, continuent de souffrir gravement du conflit, qui en est à sa douzième année, « et que l'absence d'un véritable processus politique est profondément préjudiciable à leur bien-être ».
Effondrement de l'économie, hausse des prix
L'effondrement de l'économie syrienne est l'un des indicateurs de cette immense souffrance. La semaine dernière, la livre syrienne a atteint un niveau historiquement bas de 15.500 pour un dollar américain, contre 47 livres pour un dollar en 2011.
Les prix de la nourriture, des médicaments, du carburant et d'autres biens essentiels « échappent à tout contrôle », a-t-il ajouté, et de nombreuses familles luttent pour manger à leur faim.
Entre-temps, la Syrie reste confrontée à des défis tels que les déplacements, les détentions, les violations des droits de l'homme et le terrorisme, en plus de la division de facto du pays, qui porte atteinte à sa souveraineté et à son intégrité territoriale.
Les souffrances vont s'aggraver
« La réalité tragique est que, tant que le conflit violent se poursuivra et que le processus politique sera bloqué, les souffrances du peuple syrien ne feront qu'empirer. La Syrie ne peut pas redresser son économie tant qu'elle est en proie à un conflit. Et cela s'applique aux nombreuses autres crises qui ravagent la Syrie », a-t-il déclaré.
L’Envoyé spécial a souligné que la mise en œuvre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité était le seul moyen de commencer à s'attaquer aux nombreuses crises qui affligent la Syrie.
La résolution de 2015 a approuvé une feuille de route pour un processus de paix et a fixé des calendriers pour des pourparlers facilités par l'ONU entre le gouvernement et l'opposition, ainsi qu'un cessez-le-feu à l'échelle nationale.
L'accès à l'aide est bienvenu
En ce qui concerne l'évolution de la situation humanitaire, M. Pedersen s'est félicité de la récente décision de rouvrir le poste frontière de Bab al-Hawa avec la Turquie, permettant ainsi à l'aide d'atteindre des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie - le dernier bastion de l'opposition - pour une période supplémentaire de six mois.
Il a également salué la prolongation de trois mois de l'autorisation accordée à l'ONU d'utiliser deux autres points de passage, Bab al-Salam et Al-Ra'ee, qui avaient été ouverts à la suite des tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé les deux pays en février.
La Syrie a également consenti à ce que les humanitaires traversent les lignes de démarcation à l'intérieur du pays dans deux villes du nord-ouest, Sarmada et Saraqib, pour l'acheminement de l'aide au cours des six prochains mois.
Insuffisance du financement de l'aide
« Il est en effet essentiel que les Nations Unies et leurs partenaires continuent à fournir une aide humanitaire transfrontalière, à l'échelle nécessaire et d'une manière qui permette un engagement avec toutes les parties, dans le but d'obtenir un accès humanitaire, et d'une manière qui préserve l'indépendance opérationnelle des Nations Unies », a dit M. Pedersen.
L'Envoyé spécial a également appelé à un soutien accru des opérations humanitaires en Syrie. Un plan de 5,4 milliards de dollars pour les opérations de cette année n'est financé qu'à environ 25%, tandis qu'un autre plan pour soutenir les réfugiés syriens dans la région n'est financé qu'à 10%.
En conclusion, M. Pedersen a rappelé la nécessité d'un processus politique, ajoutant que tout le monde paie un lourd tribut au conflit, mais surtout le peuple syrien.
« Au fur et à mesure que l'attention et le financement de la communauté internationale pour la Syrie diminuent, la situation deviendra de plus en plus insoutenable », a-t-il averti. « Le seul moyen d'en sortir est un processus politique impliquant les parties syriennes elles-mêmes, conformément à la résolution 2254 ».