Fil d'Ariane
RDC : des millions de personnes menacées par la faim alors que les financements se tarissent (PAM)
Alors que les financements des opérations des agences humanitaires se tarissent, des millions de personnes risquent de souffrir de la faim en République démocratique du Congo (RDC), a alerté mardi une agence des Nations Unies.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), l’instabilité politique et les conflits armés qui perdurent en RDC ont dévasté les systèmes de production et de distribution alimentaires. Les déplacements de population, la destruction des infrastructures et la perturbation des activités agricoles ont entraîné des pénuries alimentaires généralisées et une vulnérabilité accrue à la faim, avec 1,5 million de personnes en situation d’insécurité alimentaire d’urgence dans ce pays des Grands Lacs.
La malnutrition touche 4,4 millions de personnes, tandis que le manque d’accès aux services essentiels a encore aggravé la protection des civils et alimenté la violence sexiste. Chaque jour qui passe, la situation dans la région orientale de la RDC continue de mettre en danger la vie des femmes et des enfants.
Plus de 25 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire
« Lors de mes conversations avec les personnes déplacées dans l’est de la RDC, j’ai été frappé par leur force face à l’adversité », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Peter Musoko, Représentant du PAM en RDC.
« Leurs défis, tels que la lutte quotidienne pour obtenir suffisamment de nourriture et les dangers supplémentaires auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’elles cherchent à se nourrir, sont profondément préoccupants. Il est évident que l’aide que nous apportons, bien qu’elle ait un impact, doit être renforcée pour assurer leur bien-être », a affirmé M. Musoko.
Aujourd’hui, la RDC connaît la plus grande crise alimentaire au monde, avec 25,8 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire.
Sur le terrain, la menace constante de la violence empêche les agriculteurs de cultiver leurs terres, ce qui se traduit par une baisse des rendements et un accès limité aux marchés.
« Aujourd’hui, la RDC connaît la plus grande crise alimentaire au monde, avec 25,8 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire », a ajouté M. Musoko, relevant que près de 6,7 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire résident en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, soit 44 % de la population de la province.
Quelque 6,3 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Environ 6 millions d’entre elles se trouvent dans les trois provinces de l’Est.
« Le conflit dans l’est de la RDC est une crise interdépendante qui affecte l’insécurité alimentaire, la malnutrition, la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et les abris », a fait valoir le Représentant du PAM.
Le PAM a besoin de 728 millions de dollars pour l’Est de la RDC
Cette alerte de l’agence onusienne intervient alors que le financement s’est presque tari, mettant en jeu les besoins opérationnels du PAM, qui n’a reçu qu’un financement limité.
Le PAM indique avoir besoin de 728 millions de dollars pour ses efforts de réponse dans la région orientale. Le Programme est ainsi confronté à un « déficit de financement stupéfiant » de 567 millions de dollars, ce qui équivaut à 78 % des fonds nécessaires pour les six prochains mois.
Malgré ces écueils, le PAM a fourni une aide à quelque 1,2 million de personnes. La flexibilité du financement leur a permis d’acheter des produits alimentaires complémentaires vitaux tels que des légumineuses, de l’huile et du sel, garantissant ainsi une approche nutritionnelle globale.
Des vies sont en jeu et le coût de l’inaction entraîne des conséquences incalculables pour la population, a averti le PAM, rappelant que la situation dans l’est de la RDC exige d’une attention immédiate de la communauté internationale.
« La RDC a besoin de notre attention et de notre soutien immédiat pour éviter une catastrophe humanitaire. Nous demandons aux gouvernements, aux donateurs et aux partenaires humanitaires de se tenir à nos côtés en ces temps difficiles », a conclu M. Musoko.