Aller au contenu principal

L’Afrique du Sud doit s’attaquer au lourd héritage du racisme environnemental, selon un expert

L’Afrique du Sud doit redoubler d’efforts pour s’attaquer au lourd héritage du racisme environnemental d’avant 1994, y compris la pratique odieuse consistant à implanter intentionnellement des décharges et des industries polluantes selon des critères raciaux et dans des communautés de migrants et de personnes à faible revenu, a affirmé vendredi un expert des Nations Unies. 

« Aujourd’hui encore, l’héritage de la pollution généralisée de l’air, de l’eau et des produits chimiques a un impact disproportionné sur les communautés marginalisées et pauvres », a déclaré Marcos Orellana, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les substances toxiques et les droits de l’homme, dans un communiqué publié à l’issue d’une visite officielle en Afrique du Sud.  

Les défis à relever pour surmonter l’héritage du racisme environnemental sont énormes, et ils sont aggravés par l’inégalité structurelle, la pauvreté généralisée, le chômage et les nouvelles menaces environnementales telles que les produits chimiques synthétiques dangereux et l’urgence climatique.

Il a ainsi pointé du doigt les pratiques l’industrie minière, qui a contribué pendant de nombreuses décennies au développement économique de l’Afrique du Sud. Son héritage comprend également des milliers de mines abandonnées et de décharges de déchets miniers dans le pays. 

Le défi environnemental des mines de charbon

Selon M. Orellana, les espoirs de prévention de la pollution et d’assainissement après la fermeture des mines se perdent souvent dans la mauvaise application de la législation. « Le résultat est un paysage marqué par les mines abandonnées, les décharges de résidus miniers et le drainage minier acide », a-t-il souligné. 

Les poussières provenant des mines de charbon, ainsi que les cendres, les émissions de mercure et les PM2,5 provenant de la combustion du charbon ont un impact négatif important sur la qualité de l’air, alors que le pays produit près de 90% de son électricité à partir du charbon. L’Afrique du Sud a commencé à abandonner les combustibles fossiles pour la production d’énergie, mais le processus se heurte à de sérieux obstacles, notamment l’octroi de licences pour l’exploitation de nouvelles mines de charbon, de pétrole et de gaz en mer, a expliqué l’expert indépendant onusien. 

« Dans la province du Cap-Occidental, j’ai entendu des ouvrières agricoles qui étaient régulièrement exposées à des pesticides dangereux et qui ont dénoncé de graves effets néfastes sur la santé de leurs communautés », a affirmé M. Orellana. Au cours de sa visite, il a également appris que des pesticides destinés à l’agriculture étaient vendus illégalement et utilisés pour lutter contre les infestations rampantes de rats et de cafards qui se propagent en l’absence de services d’assainissement et de gestion des déchets dans les zones d’habitat informel.

Interdire l’importation de tous les pesticides très dangereux

« J’ai été consterné d’apprendre que de nombreux enfants ont été empoisonnés ou sont morts après avoir mangé, bu ou manipulé des pesticides dangereux », a déclaré M. Orellana, exhortant l’Afrique du Sud à « interdire sans délai l’importation de tous les pesticides très dangereux, y compris ceux dont l’utilisation a été interdite dans leur pays d’origine ». 

D’autant que le Rapporteur spécial a rappelé que la Constitution sud-africaine est réputée dans le monde entier pour ses positions avancées en matière de droits de l’homme. Par exemple, la Constitution reconnaît le droit justiciable de chacun à un environnement qui ne soit pas nuisible à sa santé ou à son bien-être. 

Depuis 1994, l’Afrique du Sud a également adopté des normes importantes concernant les produits chimiques et les déchets. « Mais dans le même temps, il existe des lois antérieures à 1994 qui continuent de causer des préjudices et des violations des droits de l’homme, comme les lois régissant les déchets dangereux de 1973 et les pesticides de 1947 », a regretté M. Orellana, plaidant pour « un cadre législatif solide pouvant servir d’épine dorsale à la reddition des comptes et à l’accès à des recours efficaces ».

NOTE : 

Les Rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'établissement des faits et de suivi du Conseil. Les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales sont des experts indépendants en matière de droits de l'homme nommés par le Conseil des droits de l'homme pour s'occuper soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Ils ne font pas partie du personnel des Nations Unies et sont indépendants de tout gouvernement ou organisation. Ils travaillent à titre individuel et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.