Fil d'Ariane
Soudan du Sud : l’ONU appelle à agir maintenant pour la tenue d’élections crédibles l'an prochain
Il faut agir maintenant pour que des élections crédibles puissent avoir lieu l’année prochaine dans les délais impartis au Soudan du Sud, a déclaré mercredi à la presse un haut responsable des Nations Unies.
Selon la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), une course contre la montre s’est engagée dans ce pays d’Afrique de l’Est, qui cherche à achever sa transition démocratique en organisant des élections libres et crédibles en décembre 2024.
« Alors qu’il ne reste que 17 mois pour respecter les échéances de la feuille de route avant les élections de 2024, je répète ce que j’ai dit lors d’une précédente conférence de presse, à savoir que l’année 2023 est une année décisive », a affirmé le chef de la MINUSS, Nicholas Haysom, lors d’une conférence de presse à Djouba, la capitale du pays.
Dans cette course contre la montre, la Mission onusienne estime qu’il est notamment nécessaire de reconstituer trois organes essentiels, à savoir la Commission nationale de révision constitutionnelle, la Commission électorale nationale et le Conseil des partis politiques.
Il s’agit également de finaliser les dispositions transitoires en matière de sécurité, de faire progresser le processus d’élaboration d’une constitution permanente ainsi que de « créer des espaces civiques et politiques où chaque citoyen est libre de débattre et de s’engager sans crainte sur les options politiques et constitutionnelles auxquelles le pays est confronté ».
Crédibilité, transparence et inclusivité, garants de la légitimité
« Il ne suffit pas d’organiser des élections : la crédibilité, la transparence et l’inclusivité du processus sont les garants de la légitimité. Cela implique que les partis politiques puissent s’enregistrer et faire campagne librement ; une société civile qui servira de bras armé pour l’éducation civique et agira en tant qu’observateur du processus. Cela inclut des médias qui peuvent rendre compte du processus et donner de l’espace à la diversité des voix et des opinions pour que les électeurs puissent faire des choix éclairés », a déclaré le chef de la Mission onusienne au Soudan du Sud.
A cet égard, il pense que la communauté internationale sera disposée à soutenir le processus de paix et les élections si les principales parties prenantes à ces élections prennent des mesures tangibles. « Mais des décisions clés concernant les structures électorales, constitutionnelles et sécuritaires doivent être prises d’urgence ; et ces décisions ne nécessitent pas de ressources supplémentaires particulières. Le succès dans ce domaine persuadera les donateurs et les partenaires internationaux qu’un Soudan du Sud pacifique et sûr est un lieu viable pour l’investissement et le soutien », a-t-il ajouté.
Cet appel du Représentant spécial pour le Soudan du Sud intervient alors que les violences intercommunautaires continuent également de s’intensifier et que des dizaines de milliers de personnes continuent de se réfugier dans le pays, fuyant les combats au Soudan voisin. Le chef de la MINUSS a d’ailleurs souligné l’impact de la crise soudanaise.
L’impact du conflit au Soudan voisin
« La guerre au Soudan domine l’attention régionale et mondiale, alors que le Soudan du Sud supporte une partie de la crise. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté, réduisant la capacité des ménages vulnérables à accéder à la nourriture et à satisfaire leurs besoins de base, tandis que la réduction du commerce transfrontalier a entraîné une pénurie localisée de produits alimentaires », a-t-il déclaré.
Selon les derniers décomptes, quelque 190.000 entrées ont été enregistrées, la grande majorité d’entre elles étant des Sud-Soudanais, a révélé M. Haysom.
Face à cet afflux important, l’ONU redoute que la congestion et la concurrence accrue pour des ressources limitées puissent « exacerber les tensions intercommunautaires existantes entre les rapatriés et les communautés d’accueil, ainsi qu’entre certaines communautés de rapatriés ». « Cela doit être évité », a-t-il dit, relevant que la Mission onusienne a intensifié ses patrouilles et renforcé sa présence militaire à Renk afin de prévenir toute flambée de violence ».
En outre, M. Haysom a parlé des efforts continus de la mission pour protéger les civils dans et autour de Malakal, dans le Haut-Nil, où l’impact des affrontements du mois dernier dans le site de protection de l’ONU sur les communautés est toujours palpable. Outre la réponse proactive de la Mission face aux escalades signalées dans le Jonglei et le Grand Pibor, il a aussi mis en garde contre la poursuite du conflit lié au bétail dans les Equatorias.