Fil d'Ariane
Crise au Soudan : le conflit a fait près de 4 millions de déplacés et réfugiés
En plus de trois mois, le conflit qui fait rage au Soudan entre l’armée et les paramilitaires a forcé près de quatre millions de personnes à fuir leur foyer, selon l’agence de l’ONU pour les migrations (OIM).
Le nombre de personnes ayant fui à l’étranger les combats au Soudan dépasse les 926.000 tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 3 millions, d’après le portail de données en ligne de l'OIM.
L’estimation actuelle du nombre total de personnes récemment déplacées au Soudan s’élève à 3.020.517 personnes (603.918 ménages), a indiqué l’agence onusienne dans son dernier rapport de situation humanitaire consacré à ce pays d’Afrique du Nord-Est.
L’évaluation a permis de constater la présence de personnes déplacées dans les 18 États du Soudan. Les proportions les plus élevées de personnes déplacées ont été observées dans les États du Nil fluvial (15%), du Nord (11%), du Darfour Nord (9%) et du Nil Blanc (9%).
Les équipes de terrain de l’OIM rapportent que les personnes déplacées observées étaient originaires de huit Etats. La majorité (71%) aurait été déplacée de l’État de Khartoum. Suivent le Darfour Nord (9%), Darfour Sud (7%), Darfour Ouest (6%), Darfour Central (4%), Kordofan Sud (0,51%), Kordofan Nord (0,41%) et Aj Jazirah (0,01%).
Outre les déplacements internes, le conflit au Soudan a provoqué des mouvements transfrontaliers mixtes de 926.841 personnes vers les pays voisins, à savoir l’Égypte, la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et l’Éthiopie. Plus de deux tiers des arrivées recensées dans ces pays étaient des ressortissants soudanais et 33% des ressortissants étrangers et des rapatriés. La plupart des arrivées ont été signalées au Tchad (40%), en Égypte (27%) et au Soudan du Sud (21%).
Saison des pluies et risque d'inondations
Le conflit oppose depuis le 15 avril l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo. Selon l’OIM, des pillages, des occupations et des attaques contre des institutions publiques et des résidences privées continuent d’être signalés à Khartoum. Au Darfour, les affrontements se sont poursuivis dans quatre des cinq États du Darfour.
Dans ces conditions, l’OIM précise que l’estimation actuelle des déplacements au cours des 108 derniers jours est supérieure à celle des déplacements enregistrés au cours des quatre dernières années.
« En raison de la nature continue des combats, de nombreuses zones restent inaccessibles aux équipes de terrain », a souligné l’agence onusienne, relevant que « les évaluations actuelles sont basées sur les rapports préliminaires des équipes de terrain et ne doivent être considérées que comme des estimations ».
Alors que l’OIM et ses partenaires continuent d’intensifier les interventions humanitaires au Soudan et dans les pays voisins, « de nouveaux déplacements sont probables en raison des fortes pluies, des inondations et des affrontements intercommunautaires ». L’OIM indique suivre la situation de près et continue d’étendre ses capacités opérationnelles à travers le pays si nécessaire. Pour de nombreuses organisations humanitaires, la saison des pluies et les risques d’inondations à venir vont aggraver une situation déjà fragile.