Fil d'Ariane
La protection des civils est au coeur des opérations de paix, souligne l’ONU
A l’occasion de la réunion annuelle des commandants des forces des opérations de maintien de la paix de l’ONU, les membres du Conseil de sécurité ont discuté vendredi du rôle de la composante militaire de ces opérations dans la protection des civils.
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a expliqué que cette discussion interactive, à laquelle ont participé les commandants de trois opérations de paix déployées au Liban, en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, visait notamment à explorer les moyens d’accroître l’impact des opérations de paix sur le terrain.
À cet égard, M. Lacroix a estimé que les efforts collectifs des différentes entités nationales et onusiennes, combinés à la stratégie Action pour le maintien de la paix Plus des Nations Unies, sont plus importants que jamais. Le rôle de la composante militaire dans la protection des civils, au moyen notamment de la prévention et de la réponse, est d’ailleurs au cœur des opérations de maintien de la paix.
Un avis partagé par le commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), Mohan Subramanian, qui a confirmé que la protection des civils demeurait la priorité absolue de la Mission.
Pour ce faire, ses opérations intègrent des déploiements planifiés à l’avance dans des bases situées dans des zones de conflit potentiel ainsi que le déploiement de forces ou d’équipes d’intervention rapide pour la défense des camps de protection des civils et des sites de personnes déplacées contre les menaces. La Force mène également des patrouilles afin de renforcer sa présence et de favoriser un sentiment de sécurité et de confiance parmi la population locale.
Isoler les groupes armés de la population civile
Même son de cloche du côté de la Force de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui veille à créer un espace dans lequel les civils se sentent en sécurité, tout en ripostant aux menaces.
« Nous isolons les groupes armés de la population civile », a expliqué son commandant, Otavio Rodrigues de Miranda Filho, pour qui le déploiement de moyens aériens et la nécessité d’une action rapide sont des éléments cruciaux de la protection des civils.
Après l’impact dévastateur de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah sur les civils des deux camps, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a été dotée d’un nouveau mandat et de ressources supplémentaires, devenant l’une des six missions de maintien de la paix pourvue d’un mandat de protection des civils.
Une menace aujourd’hui latente, entre autres du fait des efforts de prévention de la FINUL, par l’entremise d’un déploiement robuste, fondé sur une connaissance intime de la situation sur le terrain et d’un dialogue et d’un engagement constants avec les parties au conflit, a détaillé le chef de mission, Aroldo Lázaro Sáenz.
Celui-ci préside également un forum tripartite destiné à renforcer la confiance et la gestion des conflits, instance unique qui permet aux forces libanaises et israéliennes de se retrouver dans la même pièce pour aborder des questions de sécurité.
Se protéger pour protéger les autres
Les commandants des forces doivent souvent prendre des décisions difficiles afin de trouver un équilibre entre la protection des civils et la sécurité des Casques bleus, ont constaté les États-Unis, pour qui la FINUL constitue un modèle en la matière.
Les pays contributeurs de troupes, a renchéri le commandant de la force de la MONUSCO, ont pour objectif prioritaire de protéger les civils, mais aussi leurs troupes. « Une mission doit pouvoir se protéger pour protéger les autres », a-t-il indiqué, en s’inquiétant de l’équipement insuffisant des soldats de la paix face à des groupes armés tels que le M23, « véritable armée illicite ».
Or, ont fait observer plusieurs délégations, dont la Chine et la France, la responsabilité de la protection des civils incombe au premier chef à l’État hôte, tâche à laquelle les opérations de maintien de la paix ne sauraient se substituer.
Le Royaume-Uni a souligné pour sa part l’importance pour les missions de paix de bénéficier de l’appui « total » des États hôtes et du Conseil de sécurité afin de mettre en place un environnement protecteur susceptible de faciliter l’accès à l’aide humanitaire. Ces dernières années, cependant, les missions ont été confrontées à des défis croissants qui contribuent à saper leur travail, notamment les restrictions à la libre circulation, les violations de l’accord sur le statut des forces, la désinformation et la présence de mercenaires du groupe Wagner.