Fil d'Ariane
Le HCR demande d'interdire les retours forcés vers le Burkina Faso en raison de la crise humanitaire
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a lancé vendredi un appel urgent à tous les Etats pour qu’ils s’abstiennent de renvoyer de force des personnes originaires des régions les plus touchées par la crise actuelle au Burkina Faso.
Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) considère que les personnes fuyant l’aggravation de l’insécurité et les violations des droits de l’homme au Burkina Faso sont très susceptibles d’avoir besoin d’une protection internationale.
« A cet égard, le principe de non-refoulement doit être respecté et maintenu, en veillant à ce que personne ne soit renvoyé de force dans des lieux où sa vie, sa liberté ou ses droits de l’homme sont menacés », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Elizabeth Tan, Directrice de la protection internationale au HCR.
L’agence onusienne appelle tous les pays à permettre aux civils fuyant le Burkina Faso d’accéder à leur territoire.
« L’avis actualisé du HCR contre les retours forcés au Burkina Faso reste en vigueur jusqu’à ce que la sécurité, l’Etat de droit et les conditions des droits de l’homme s’améliorent de manière significative pour permettre des retours sûrs et dignes », a ajouté Mme Tan.
Meurtres, disparitions forcées, tortures et enlèvements
Alors que la situation sécuritaire au Burkina Faso continue de se détériorer, le HCR est gravement préoccupé par l’insécurité généralisée et les violations des droits de l’homme perpétrées à l’encontre des civils. Il s’agit notamment de meurtres, de disparitions forcées, de tortures et d’enlèvements.
« Dans plusieurs cas, des civils ont été pris pour cible et tués, ce qui a entraîné des pertes civiles massives », a détaillé Mme Tan.
Les enfants sont également exposés à des risques de violations graves des droits de l’homme telles que le recrutement forcé par des groupes armés, le travail des enfants sous ses pires formes, ainsi que d’autres types de violences, d’abus, d’exploitation et de violences basées sur le genre.
De plus, le nombre de fermetures d’écoles a augmenté, passant d’environ 3.000 écoles en novembre 2021 à 6.334 écoles au 31 mars 2023. La majorité des enfants déplacés ne peuvent pas aller à l’école.
Selon la responsable du HCR, les mariages précoces et les mariages d’enfants sont fréquents et des mariages forcés continuent d’être signalés. L’ONU estime que la moitié des enfants du Burkina Faso sont exposés à la violence liée au sexe ou à la maltraitance, avec une estimation de 82% pour les filles.
« La violence et les déplacements continus ont également rendu de nombreuses femmes vulnérables à la violence liée au sexe, y compris la violence sexuelle, et ont limité les services disponibles pour les survivants », a fait valoir Mme Tan.
4,7 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire
Au total, l’ONU estime à 4,7 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, soit plus de 20% de la population du pays. La violence et le conflit ont également détruit des infrastructures essentielles et affecté les services et les institutions de l’État, notamment dans les zones touchées par le conflit.
« La situation humanitaire est particulièrement grave pour les personnes vivant dans des villes qui ont été bloquées par des groupes extrémistes violents, y compris un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays », a indiqué la Directrice de la protection internationale au HCR.
En juin 2023, plus de 67.000 personnes originaires du Burkina Faso ont cherché refuge dans des pays voisins tels que le Mali, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Ghana, tandis que plus de 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays, ce qui en fait l’une des pires crises de déplacement interne sur le continent africain.
Face à ces mouvements de population et la détérioration de la situation humanitaire, le HCR appelle également la communauté internationale à faire preuve de solidarité avec les populations déplacées du Burkina Faso et les pays voisins qui les accueillent et à continuer à fournir un soutien pour répondre aux besoins humanitaires dans ce pays du Sahel central.